Il m'arrive de penser que certaines femmes, dès qu'elles ont compris ce que ça signifie d'être considérée avant tout comme une mère, se débrouillent pour étrangler leur rejeton in utero à l'aide de ce même cordon ombilical qui les aurait autrement condamnées à une existence tout entière définie par l'anéantissement de leur personnalité, par la répugnante farandole de marmelade maison de leur belle-mère. Et pourtant elles ne m'ont jamais inspiré la moindre compassion. Je n'ai jamais eu pitié de ma mère ; à tout prendre, j'étais furieuse au contraire qu'elle ait fait le choix de me mettre au monde au lieu de se débarrasser de moi en douce. Qu'elle n'ait pas choisi d'être libre. (73-74)