— Bonjour, je suis le détective McCarty, et voici mon coéquipier, le détective Wilson, répondit la jeune femme en brandissant son insigne aussitôt imitée par son collègue. Nous désirons parler à Mme Rivers.
— Vous voulez dire à Mlle Rivers, répliqua sèchement la vieille femme.
— Euh, oui, c’est exact, à Mlle Rivers. Pourrions-nous lui parler un instant ?
— C’est à quel sujet ? Que lui voulez-vous exactement ?
— C’est à propos de sa mère.
La vieille femme dévisagea les deux policiers d’un air surpris.
— Comment vous avez dit vous appeler ? lança-t-elle à l’attention de la jeune femme.
— McCarty, Eva McCarty.
— J’ai connu un McCarty il y a longtemps de cela, dit la vieille femme toujours au travers de la vitre. Vous connaissez le shérif Dan McCarty ?
— Je suis sa petite-fille, répondit Eva en souriant.
La vieille dame l’observa avec curiosité puis son visage s’illumina tout d’un coup. Finalement, elle ouvrit la porte et invita les policiers à entrer.
— Je suis Sybil Rivers, lança-t-elle avant de tourner le dos et de leur faire signe de la suivre. Enlevez-moi ces chaussures ! Cria-t-elle de l’autre pièce.
— Nous sous-estimons toujours les dangers qui nous guettent en pleine jungle, déclara Henry. Les bungalows ont beau être équipés du WI-FI, la jungle nous entoure et le danger est bel et bien réel. Les animaux restent sauvages et c’est sans compter sur cette atmosphère mystérieuse qui a tendance à nous déboussoler.
Il n’y avait que les enfants pour avoir un sommeil aussi lourd, aucun adulte ne se serait laissé porter comme un paquet sans même réagir.
Elle revit Maureen couchée, le front brûlant, les yeux vitreux. Elle n’aurait pas pu simuler ces symptômes, elle n’était pas si bonne actrice que ça. Était-elle tombée malade alors que sa fuite avec Tom avait déjà été planifiée de longue date ? Sa relation avec le shérif n’avait été qu’une façade, c’est de Tom dont elle était amoureuse depuis le début ! Et c’est pour cette raison qu’elle avait tenté de la convaincre de rompre avec lui.
Elle n’avait jamais été en présence d’un jeune homme aussi beau de toute sa vie et il lui adressait la parole ! Il y avait bien eu un garçon dans son ancienne école, presque aussi beau que celui qui se trouvait devant elle à présent, mais jamais ils ne s’étaient trouvés face à face et le seul fait de le savoir dans les parages, voire dans la même pièce, l’avait toujours troublée au plus haut point.
Tous les hommes avaient le béguin pour ma mère. Elle était très belle, voyez-vous, elle n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit, elle était irrésistible et les hommes en étaient tous fous.
— Je ne comprends pas, pourquoi te fais-tu passer pour un garçon ?
— Il n’y a rien à comprendre, finit-elle par dire. La vie nous joue de drôles de tours parfois, voilà tout.