Les patients étaient agités, apeurés et certains autres étaient furieux. Les deux médecins ne savaient plus où regarder ni comment agir. Comment avaient-il tous pu quitter leur chambre ? Certains étaient pourtant en chambre d'isolement. Une clé ou un pass électronique était nécessaire pour les faire sortir.
— Que tout le monde se réunissent dans la grande salle de repos ! Rassemblez-vous tous, ne vous dispersez pas ! cria Berthold en se frayant un chemin parmi les patient affolés.
Le personnel essayait tant bien que mal de faire régner l'ordre dans les couloirs, mais sans succès. Richard s'arrêta devant un patient qui détenait un couteau à la main. Ce dernier sauta sur un infirmier pour le faire tomber au sol. La suite n'était guère agréable à détailler. Il se retourna face à la foule en folie qui ne pensait qu'à s'entre-tuer. Certains se réfugiaient dans des coins de l'hôpital en pleurant, surtout les personnes plus âgées. Voilà à quoi ressemblait un hôpital psychiatrique sans surveillance ? C'était une boucherie à l'état brut. La couleur rouge recouvrait désormais une partie du sol blanc de l'hôpital.
— La camisole était nécessaire ?
— Croyez-moi, elle est plus utile que vous le pensez, répondit l’agent Meins, il a tenté de se défendre à plusieurs reprises.
Richard s’approchait du patient et s’apprêta à lui retirer son foulard sur ses lèvres mais, sans attendre, l’agent Todd lui fit cesser son mouvement.
— Je ne ferais pas ça si j’étais vous.
— Nous n’employons pas ce genre de méthode au sein de l’hôpital, agent Todd. Pourquoi a-t-il ce foulard autour de la bouche ?
— Il a attaqué l’une de nos agentes au cou et a tenté par la suite de mordre plusieurs agents de police.
Vous outrepassez vos droits…Nous parlons d’un être humain ! Vous ne pouvez pas envoyer le premier venu en psychiatrie sous raisons qu’il nous fait une petite déprime ou craque sous la pression. Il est resté enfermé quarante deux jours ici, sans voir personnes. Vous avez essayé tant de traitements sur lui que je suis surprise de savoir qu’il tient encore debout ! Alors vous me faites bien marrer avec vos diagnostics mentaux à la con. Jeffrey Woods n’ira dans aucun institut psychiatrique tant qu’il n’y aura toutes les preuves qui démontrent un cas de démence. Vous m’entendez ?
— Prenez tous un couteau pour vous défendre et maintenant, écoutez-moi. Nous savons qui sont ces patients car nous avons été amenés à les soigner durant longtemps. Durant des années pour certains. Nous savons tous de quoi ils sont capable sans leurs sédatifs. Nous les aidions jusqu'ici mais à présent nous n'avons plus le choix, nous devons nous battre contre eux, car certains n'hésiteront pas à nous tuer si l'occasion se présente.
L'hôpital comptait plus de six-cent patients et la moitié d'entre eux étaient dangereux. Troubles du comportement, schizophrénie, pyromanie, psychopathie, sociopathie, etc. Ça allait de la plus simple maladie à la plus dangereuse. Berthold se faisait une raison : c'était perdu d'avance. Même les forces de l'ordre n'arrivaient pas à venir à bout des patients.
Peu importe la façon dont ils procédaient, rien ne fonctionnait. Tous les tests étaient négatifs. Jeffrey était même en très bonne santé. Son anémie dite sévère il y a un mois et demie avait complètement disparue. Même si deux jours après avoir parler au psychiatre, Stella était plus que jamais déterminée à trouver ce que Jeffrey avait. Il le fallait à tout prix.
Pour le moment, le plus important était de retrouver le contact avec le patient. Le faire parler. Pourquoi ne parlait-il pas ? Pourquoi était-il si silencieux. On ne le devient pas du jour au lendemain. Après tout, vu la situation, n’importe quelle personne aurait été incapable de tenir le coup. Jeffrey avait tenu mais à quel prix. Il était seulement anéanti, seul et effrayé.
Quelques gouttes de ce liquide, injecté directement dans le sang par transfusions ont provoquées au patient d’énormes séquelles ; la hausse de globule rouge, un manque de fer permanent. Le patient refusait de manger en vu de ses nombreux troubles digestifs. Une baisse de tension impactant directement sur la motricité de son système musculaire, laissant Jeffrey dans l’incapacité de faire des efforts a répétition. Son corps s’est affaibli au point que le cœur en lui-même s’est affaibli également. La faim, la douleur, la faiblesse et la peur ont atteints le corps de Jeffrey sous nos yeux sans que nous puissions faire quoique ce soit.
Quel beau discours que voici. Ces paroles étaient certes bienveillantes mais cela suffirait-il pour que tout son mal-être s’envole ? Il y a deux jours, il avait accepté d’aller voir Lisa, son psychiatre attitré ici, à l’hôpital. Il avait envie de dire que tout s’était bien passé mais il ne savait pas si c’était une bonne chose. Il n’avait rien senti de plus que lorsqu’il parlait à la psychologue qui le suivait chez lui depuis des semaines. Il s’en rappelait très bien. Ça l’avait vraiment stressé. Il s’était passé quelque chose lors de cette séance. Quelque chose qu’il ne saurait expliquer.
Quel beau discours que voici. Ces paroles étaient certes bienveillantes mais cela suffirait-il pour que tout son mal-être s’envole ? Il y a deux jours, il avait accepté d’aller voir Lisa, son psychiatre attitré ici, à l’hôpital. Il avait envie de dire que tout s’était bien passé mais il ne savait pas si c’était une bonne chose. Il n’avait rien senti de plus que lorsqu’il parlait à la psychologue qui le suivait chez lui depuis des semaines. Il s’en rappelait très bien. Ça l’avait vraiment stressé. Il s’était passé quelque chose lors de cette séance. Quelque chose qu’il ne saurait expliquer.
Ce cauchemar ne cessait de venir le hanter jour après jour depuis qu’il était arrivé dans cet hôpital psychiatrique.
La douleur qu’il ressentait au bras à cause de cette perfusion beaucoup trop compressée par ses mouvements brusques ne faisait que l’obliger à se débattre. Les bruits du cardiogramme s’affolaient et dévoraient ses acouphènes. Trois médecins arrivèrent en paniques dans la chambre pour tenter de le calmer. Tandis que deux d’entres eux s’assuraient de le bloquer contre le lit, le dernier s’empressa de lui injecter un calmant pour la deuxième fois de la semaine.