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Critiques de Laurent Delcourt (6)
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Les nouveaux territoires de l'agrobusiness

Les impostures de l’agrobusiness



« Mises en cause dans la flambée des prix, les grandes firmes de l’agrobusiness ont poursuivi leur expansion à l’échelle de la planète, imposant leurs modes de production standardisés, socialement excluants et écologiquement destructeurs ».



Dans son éditorial, Laurent Delcourt souligne « les impasses sociales, environnementales et climatiques du modèle productiviste et libre-échangiste », les avantages des pratiques agro-écologiques. Il aborde, entre autres, les effets des monocultures industrielles, le complexe du soja, le secteur de l’huile de palme, les cultures de rente, la question de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les stratégies de désengagement de l’action publique, les conceptions étroites de ce qu’est l’agriculture, les processus de capture, les politiques prônées par les institutions internationales, le lobbying et « la coproduction des politiques publiques », l’instrumentalisation de l’enjeu alimentaire, la production à tout prix, « cette vision repose sur l’idéologie productiviste, technicienne et pro-marché de la « révolution verte » », le refus de réflexion sur « les conditions sociopolitiques de production de la pauvreté et de la sous-nutrition » et la réduction de l’insécurité alimentaire en Afrique à un « déficit de productivité lié à l’archaïsme de l’agriculture africaine et à l’inefficacité de ses modes de production »…



L’auteur insiste sur les (contre)réformes, « Réforme de la législation pour renforcer la sécurité des investissements fonciers et la protection de la propriété intellectuelle sur les brevets, mise en œuvre de politiques incitatives et attractives, baisse des tarifs douaniers et des taxes à l’exportation, possibilités pour les investisseurs de rapatrier sans frais leurs bénéfices, poursuite des processus d’intégration régionale… », le green washing (« En verdissant leurs pratiques, elle constitue un formidable outil de pénétration et de diffusion de leur modèle ») et le « populisme entrepreneurial », la soi-disant agriculture climat-intelligente, la continuité « Au lieu d’encourager les pays les plus pauvres à mettre en œuvre des politiques de souveraineté alimentaire adaptées aux contextes locaux, capables à la fois de garantir au plus grand nombre l’accès à une nourriture adéquate et de réduire la vulnérabilité des populations à la volatilité du prix des matières premières sur les marchés internationaux », les intérêts des grandes firmes, les partenariats privé-public, les accaparements…



« Et en privilégiant un modèle de production standardisé, industriel et chimisé, elles ont accentué la dépendance des petits producteurs aux fournisseurs d’intrants, appauvri la biodiversité, fait voler en éclat des agro-écosystèmes locaux à forte résilience, et aggravé finalement la vulnérabilité alimentaire des communautés rurales. »



Sommaire



Laurent Delcourt : Les nouveaux territoires de l’agrobusiness



Antonio Augusto Rossotto Ioris : La politique de l’agrobusiness et le business de la durabilité



Grain : « belt and road initiative » : l’agrobusiness chinois se mondialise



Anuradha Mittal, Elizabeth Fraser, Flora Sonkin, Frédéric Mousseau : Le miracle de l’agrobusiness indonésien selon la banque mondiale



Clara Jamart, Jean-Cyril Dagorn, Maureen Jorand, Peggy Pascal : Le miracle de l’agrobusiness indonésien selon la banque mondiale



Anuradha Mittal , Elizabeth Fraser, Flora Sonkin , Frédéric Mousseau : Agriculture africaine : l’impasse des pôles de croissance agricoles



Alberto Alonso-Fradejas : La montée du populisme autoritaire entrepreneurial au Guatemala



Kartini Samon : Numérisation de l’agriculture : quels risques pour les paysans du sud ?



Collectif d’organisations sociales du Sud : Abus à l’encontre des femmes dans les plantations industrielles







« L’ensemble complexe des reconfigurations socio-environnementales, économiques et politiques impulsées par l’industrie agroalimentaire néolibérale exige d’être appréhendée et critiqué avec les instruments de l’écologie politique ». Antonio Augusto Rossotto Ioris détaille, entre autres, les politiques agricoles pro-agrobusiness, l’oubli des « dimensions nutritionnelles et culturelles de l’agriculture et de l’alimentation », la dépendance d’une partie de la population envers « un nombre restreint de chaînes d’approvisionnement », la consommation de nourriture sucrée bon marché et des plats surgelés, les volumes de déchets alimentaires, les crises alimentaires, les forces de dépossession et d’expulsion, le nouvel « ordre socio-écologique »…



Il poursuit avec « les trois dimensions principales de l’hégémonie néolibérales », les stratégies techno-économiques, la culture de rente, Mato Grosso et l’agro-néolibéralisme brésilien, les projets de colonisation privée…



Il propose des pistes pour une écologie politique de l’agroalimentaire, discute des lieux de production et de consommation, de développement rural, de construction sociale du monde…



Il me semble plus que discutable de parler d’activités agricoles et alimentaires « intrinsèquement écologiques » ou d’agriculture « écologique par essence ». La notion de « socio-nature » demanderait à être explicitée.



Dans les différents articles sont abordés :



* La mondialisation de l’agrobusiness chinois, les infrastructures mondiales intégrées, les impacts dans différents régions mondiales, l’accaparement de vastes superficies de terres, le soutien nécessaire aux petit·es producteurs/productrices et à la production alimentaire écologique destinée aux marches locaux…



* L’agrobusiness indonésien, les réformes politiques guidées par la banque mondiale et les programmes d’ajustement structurel ou les prêts conditionnés, la croissance destructrice, la négation des droits des populations autochtones, l’extension de l’industrie de palmiers à huile, l’industrie extractive, l’expansion du tourisme, les nouvelles frontières de l’investissement…



* L’agriculture en Afrique, les logiques de contractualisation, la formalisation des droits et l’attribution de titres fonciers, les zones de transformation pour l’exportation, la privatisation des investissements agricoles, la lutte contre la faim réduite « au défi de l’augmentation de la production et des rendements agricoles », les désengagements des Etats sauf pour créer un « environnement favorable aux affaires » ou mettre disposition « des facteurs de production peu onéreux et fiables », les logiques de partenariat privé-public, les incitations aux investissements par des subventions, les risques liés au développement des « pôles de croissances », l’oubli de la sécurité nutritionnelle, les menaces contre les agricultures paysannes, l’accaparement « des terres, de l’eau et des ressources », les alternatives en termes de « priorités au développement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique »….



* L’oligarchie blanche propriétaire des plantations au Guatemala, les stratégies du capitalisme agro-extractiviste, les menaces et les violences, les méga-projets d’infrastructure, la canne et le palmier, le « populisme entrepreneurial autoritaire », l’usage des mots culture / végétaux / produits, la socialisation de la dette, l’accaparement des terres, la violence « au nom du respect de la loi »…



Le dernier article aborde les « Abus à l’encontre des femmes dans les plantations industrielles ». Le collectif souligne la violence de la vie autour des plantations industrielles de palmiers et d’hévéas, « Lorsque ces plantations industrielles empiètent sur les terres de communautés rurales, les violences sexuelles, les viols et les différents abus envers les femmes et les filles augmentent considérablement », la stigmatisation des femmes violées, les violences sexuelles, les harcèlements au travail, l’exigence de rapports sexuels avant l’embauche, l’achat du silence par de l’argent, les grossesses chez les adolescentes, les mariages précoces, les violences contre celles qui utilisent l’huile de palme traditionnelle, les impacts différenciés sur les hommes et sur les femmes…



Et les revendications de celles-ci : « C’est également un moment important pour nous rappeler que, malgré les souffrances et la violence qu’elles endurent, les femmes ne sont pas simplement des victimes. Dans de nombreux endroits où des entreprises ont pris le contrôle de leurs terres par la violence, les femmes s’organisent et demandent qu’il soit mis fin aux abus dont elles et leurs communautés sont victimes, car les plantations industrielles ont détruit leurs moyens de subsistance. Elles exigent la restitution de leurs terres. Elles exigent de prendre part aux processus de décision concernant le sort des terres communautaires et demandent aux sociétés de plantation de restituer aux communautés les terres qu’elles ont accaparées sans leur consentement. ».
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Agroecologie (l')

Rompre avec une logique mortifère et assurer la souveraineté alimentaire

Dans son introduction, Laurent Delcourt souligne le caractère faussement radical de la nouvelle « révolution verte », « L’amélioration de la productivité et la croissance de la production restent l’horizon ultime de cette stratégie. Et l’injection de capitaux et de technologies, le moyen privilégié pour y arriver ». En somme des vieilles recettes qui ont prouvé leur inefficacité pour les paysan-ne-s et les consommateurs/consommatrices mais leurs bénéfices pour le seul capital. La hausse de la production ne saurait régler ni le problème de la faim (« Davantage qu’un problème quantitatif, la faim – on le sait – est un problème de démocratie, de pauvreté et de (re)distribution »), ni celui de la souveraineté alimentaire, ni celle de la qualité de l’alimentation, ni celle de la dégradation des environnements.



Le bilan des mesures antérieurement préconisées « contre la faim » est un bilan d’échec et de catastrophes, de développement des inégalités et… de la faim.



Excédents de production, marchés libéralisés, chute des prix, renforcement des inégalités, concentration des exploitations, petit-e-s exploitant-e-s paupérisé-e-s et grands propriétaires enrichis et/ou transformés en « entrepreneurs agricoles », utilisation massive des intrants chimiques, érosion et diminution de la fertilité des sols, contamination et diminution des nappes phréatiques, perte de diversité biologique, émissions de gaz de serre, sans oublier les impacts sur la santé…



Les cultures en fort développement sont « les vastes monocultures industrielles et standardisées, basées sur un nombre limité de variétés commerciales (maïs, blés, riz, soja, coton principalement), issues des laboratoires des grandes firmes, génétiquement homogènes et destinées avant tout à l’exportation, pour l’industrie, la nourriture animale ou la fabrication d’agrocarburants ».



L’auteur présente les alternatives agroécologiques, les apports scientifiques et les pratiques au service du développement social, l’utilisation des multiples techniques culturales, les études des interactions complexes entre différents éléments… Ces alternatives sont de plus « performantes ». Elles sont « une réponse à la double crise environnementale et alimentaire ».



Agroécologie, diversification des cultures et contribution à la réalisation du droit à l’alimentation dans quatre dimensions : « la disponibilité (accroissement de la productivité au niveau local), l’accessibilité (via la réduction prévisible de la pauvreté rurale), l’adéquation (amélioration de la nutrition) et de la durabilité (adaptation au changement climatique) ».



Agroécologie et politisation des questions agricoles contre les visions technicistes. L’auteur souligne les obstacles et trace des pistes de politiques incitatives.



Outre les analyses critiques des systèmes existants, les auteur-e-s des articles de la première partie parlent, entre autres, de souveraineté et de résiliences alimentaires, du recyclage de la biomasse, de biodiversité fonctionnelle, d’amélioration de l’activité biologique des sols, d’économies d’usage de l’eau, d’interactions et synergies biologiques, de rotation des cultures, de polycultures, de système agroforestiers, de culture de couverture et paillage, de gestion culture-élevage, d’autonomie des communautés, de formation, de coopération, de marchés locaux, de revenus équitables…



Elles et ils insistent sur l’interaction des dimensions sociales, techniques et politiques, sur le dépassement du « paradigme de la modernisation »…



Je voudrais indiquer trois « problèmes » dans l’introduction et dans la première partie de l’ouvrage. Le premier concerne l’utilisation de la notion d’agriculture familiale, oublieuse du rôle de la famille comme cadre de l’oppression des femmes et du travail gratuit effectué par celles-ci). J’indique cependant qu’un article, très intéressant, de la seconde partie traite de ce sujet (Gloria Patricia Zuluaga Sánchez, Sonia Irene Cárdenas Solís : Femmes paysannes et agroécologie : une expérience colombienne.Le second problème concerne, non l’emploi, qui devrait connaître un développement avec l’agroécologie, mais la charge de travail, qui reste une question incontournable. Comment en effet penser un développement de l’agroécologie sans réduction significative de la charge de travail des paysan-ne-s. Il me semble que cela pose des questions de coopération, d’association. Le dernier point concerne l’accès à la terre et donc la question de la propriété. Cette question partiellement traitée dans les précédents numéros de la revue, renvoie aussi à l’appropriation sociale.



La seconde partie est consacrée à des analyses de situations ou de pratiques dans certaines régions : en Amérique latine et indienne (Colombie et Cuba), en Asie dont les cultures du riz en Inde, en Afrique du Sud, en Afrique des Grands Lacs.



Une fois de plus « des points de vue du Sud » incontournables.



Sommaire :

Editorial : Laurent Delcourt : Agroécologie : enjeux et défis

Analyses transversales

Miguel A. Altieri, C.I. Nicholls : Diffuser l’agroécologie pour la souveraineté et la résilience alimentaires

Peter Rosset, Maria Elena Martinez-Torres : Mouvements sociaux ruraux, dialogues de savoirs et agroécologie

Paulo Petersen : L’agroécologie comme dépassement du paradigme de la modernisation

Amérique latine, Asie, Afrique

Gloria Patricia Zuluaga Sánchez, Sonia Irene Cárdenas Solís : Femmes paysannes et agroécologie : une expérience colombienne

Miguel A. Altieri, Fernando R. Funes-Monzote : Le paradoxe de l’agriculture cubaine

Alex Wijeratna : Pour un tournant agroécologique en Asie

Shambu Prasad : Le système d’intensification du riz en Inde

Tarak Kate : Afrique du Sud : tirer les leçons de l’expérience indienne

Aymar Nyenyezi Bisoka : Vers un démantèlement de l’agriculture paysanne en Afrique des Grands Lacs ?


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Transition «verte» et métaux «critiques»: Poi..

Faire du propre ici avec du sale là-bas



« Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux. ». Dans son introduction, Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective Nord-Sud,

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/19/gagnants-et-perdants-de-la-course-aux-energies-vertes-une-perspective-nord-sud/ publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Laurent Delcourt souligne la face cachée de la « transition énergétique », l’envers du monde « décarboné », les conséquences de l’extractivisme des métaux dits rares, « Or, loin d’être aussi propre et vertueuse que le veulent ses prophètes, cette mise au vert des économies réclame, pour se déployer et pour rencontrer les objectifs qui lui sont assignés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des quantités faramineuses, et bientôt exponentielles, de métaux dits « rares », « critiques » ou encore « stratégiques » »



L’auteur souligne les demandes des entreprises européennes en lithium, en cobalt, en nickel et autres matériaux indispensables « à l’électromobilité et au stockage des énergies », l’illusion de la « dématérialisation », la place prise par la « sécularisation des approvisionnements en métaux de transition ». Il analyse avec pertinence les « nouvelles frontières de l’extractivisme vert », la rhétorique qui tend à faire « l’impasse sur les coûts sociaux et environnementaux exorbitants de l’extractivisme », l’empreinte écologique des mines, la génération de déchets, le gaspillage de l’eau, les atteintes aux droits des êtres humains, les nouvelles formes « d’exploitation, de dépossession et de subjugation », sans oublier les conflits, la militarisation des territoires, l’insécurité et la répression…



« Travail massif des enfants, trafic humain, exploitation sexuelle des femmes, brimades, intimidations et menaces constantes, extorsion, captation des revenus des mineurs par des représentants des autorités, des fonctionnaires, des policiers, des chefs de gangs, des notables, voire par des membres de la communauté ou de la famille, y sont quasi généralisés. »



Laurent Delcourt aborde la « nouvelle fracture », les coûts sociaux et environnementaux, les fossés épistémique (« dans la mesure où la recherche sur les énergies vertes, leur promotion et leur diffusion passent sous silence, feignent d’ignorer ou rendent invisibles leurs profondes répercussions sur les pays du Sud ; de même que leur rôle dans la reproduction des inégalités »), géographique, environnemental. Il montre comment se construit un « déficit de développement » et le « colonialisme vert », la reproduction de relations de type coloniale.



L’auteur termine son article sur la transition éco-sociale et la justice climatique, « Derrière le mantra de la lutte contre le changement climatique, cette transition énergétique à forte intensité « matérielle », donne en outre un pouvoir inédit aux sociétés minières, aux géants du numérique et des greentechs, aux producteurs de batteries et aux constructeurs automobiles, tout en leur permettant de poursuivre, voire d’approfondir leurs stratégies d’accumulation aux dépens des États hôtes », la priorité absolue de la lutte contre le changement climatique, la réparation des dettes coloniales et écologiques, le développement de système alternatifs de production d’énergie, la remise en cause des modèles hégémoniques de développement et de consommation, les stratégies de décroissance, « En attendant, il importe de déconstruire, ici et maintenant, les discours dominants relatifs au verdissement des économies et de dénoncer ses logiques d’instrumentalisation mercantiles ».



Sommaire :

Points de vue du sud

Man Lok Kwok : L’impact de la transition énergétique mondiale sur les pays riches en minerais

Andy Whitmore, Mads Barbersgaard : Comment l’industrie minière compte profiter de la transition énergétique

Amérique latine

Kristina Dietz : La transition verte européenne, tremplin de l’extractivisme latino-américain

Aleida Azamar Alonso : Le lithium au Mexique : quels coûts pour quels bénéfices ?

Groupe d’étude « géopolitique et biens communs » : L’argentine, pire élève du lithium en Amérique latine

Afrique et Asie

Zo Randriamaro : Les nouvelles frontières des « zones de sacrifice » à Madagascar

Hamza Hamouchene : Colonialisme et accaparements « verts » en Afrique du nord

Divin-Luc Bikubanya, Hadassah Arian, Sara Geenen, Sarah Katz-Lavigne : Le « devoir de vigilance » dans l’approvisionnement en minerais du Congo

Lahkyen Roi : Myanmar : de la « terre du jade » à la « terre du peuple » ?



« Au niveau mondial, l’exploitation intensive des ressources minières engendre des dommages irréversibles sur l’environnement et sur la stabilité socio-économique des pays riche en minerais ». Man Lok Kwok discute de développement durable et de transition énergétique, des plans de décarbonisation dans les pays développés et de leurs conséquences dans les pays riches en minerais, des énergies renouvelables et des ressources minérales, d’insécurité environnementale et d’insécurité socio-économique, des effets de la déforestation, de l’utilisation de l’eau, d’extraction minière, de mono-industrie, de nouvelles dépendances et de la nécessité de « compétence juridique universelle »…



Mads Barbersgaard et Andy Whitmore analysent les effets des nouvelles extraction « au détriment des populations locales et des milieux naturels », les conséquences de la généralisation des ordiphones et autres produits ou des technologies dites bas-carbone comme les éoliennes ou les batteries de véhicules électriques, des investissements miniers (d’extensification et d’intensification) et des stratégies des grandes sociétés minières (sans oublier les constructions des images de marque), de la différence entre consultation des populations indigènes et respect de leurs droits, de primauté du droit des actionnaires sur les droits démocratiques, des mécanismes de règlement des différents entre investisseurs et Etats. Ils soulignent, entre autres, la nécessité de « déconstruire la vision dominante de la transition énergétique comme simple substitution aux énergies actuelles, en opposition, à une transition dans l’utilisation des matériaux » ou de discussions démocratiques sur les stratégies de transition…



« La transition énergétique en Europe laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau boom des commodities et d’une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, en raison de la demande croissante de ce que l’on appelle les « matières premières critiques », à savoir des métaux indispensables à la transition vers une économie « verte » et des systèmes énergétiques neutres sur le plan du climatique, comme le cuivre, le lithium, le cobalt ». Kristina Dietz souligne les choix politiques en terme extraction et d’appropriation, la modernisation « écologique » du système capitaliste, le rôle des sociétés transnationales. Elle analyse, entre autre, le vert de hydrogène et de l’extractivisme, les « solutions » technologiques, la libéralisation et la privatisation des secteurs « agricoles, miniers, énergétiques » – soutenues par les organisations financières internationales, la dépendance accrue de certains pays à l’exploitation et à l’exportation de matières premières. Elle insiste sur les luttes des populations locales, « Le grand défi d’une politique de transition énergétique émancipatrice de gauche consistera à relier ces luttes au niveau international ».



Dans les autres articles sont abordés les impacts de d’extraction du Lithium au Mexique, en Argentine et dans d’autres pays ; le nouvelles frontières des « zones de sacrifice » à Madagascar, la pérennisation de la dépendance coloniale, les résistances des communautés rurales, les pollutions, la raréfaction des ressources en eau ; les accaparements « verts » en Afrique du Nord ; le « devoir de vigilance » et les mines au Congo ; le jade et le Myanmar…



Sans forte diminution de la consommation d’énergie et des matières premières, sans modification des rapports de production et de consommation, sans prise en compte de la dette coloniale et écologique des pays dits développés envers les populations du Sud global, la transition n’est qu’un leurre. L’« écologie » de certains est incompatible avec le bien-être de toustes…



« Le contrôle démocratique de la production, de la consommation d’énergie, de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles implique aussi d’organiser ces domaines centraux de la reproduction sociale de manière décentralisée, et de les orienter vers le bien-être public et non pas privé. Dans un contexte de crise climatique et d’accès inégal à l’énergie, la manière dont l’énergie est produite, distribuée et utilisée, par qui et dans quel but, doit être publiquement négociée » Kristina Dietz
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Un système alimentaire à transformer

L’urgence de l’agro-écologie et de la souveraineté alimentaire



Dans son éditorial, Quels systèmes alimentaires… demain ?,Laurent Delcourt souligne la nécessité de repenser nos systèmes alimentaires, « Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap » pour permettre l’éradication de « la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition ». Il aborde, entre autres, la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle des populations précarisées, la progression du nombre des affamé·es, la désorganisation des « longues chaines d’approvisionnement mondiales » et leur caractère « intrinsèquement excluant et inégalitaire », les conséquences sanitaires liées à la généralisation du modèle agroproductiviste, « Croissance de la faim et de la malnutrition, dégradation de l’environnement, changement climatique et émergence de nouvelles maladies apparaissent comme les symptômes d’un dérèglement systémique qui appelle des réponses systémiques »



L’éditorialiste critique les ambiguïtés des promoteurs du Sommet des Nation unies, les gros acteurs de l’agrobusiness, la manière « écologique de faire des affaires », la « mise à jour opérationnelle » bien loin des nécessaires transformations structurelles. Il propose des pistes « pour une refonte radicale des systèmes alimentaires » et discute, entre autres, de souveraineté alimentaire et de justice sociale, de transition agroécologique, « À la fois « science » écologique appliquée à l’étude, à la conception et à la gestion d’« agroécosystèmes durables » et catalogue de pratiques, méthodes et techniques (agroforesterie, agriculture de conservation, polyculture, contrôle biologique des parasites) qui permettent d’optimiser les systèmes agricoles en imitant les « processus naturels », en réduisant les apports externes et en préservant les processus « immunitaires, métaboliques et régulateurs clés des agroécosystèmes », l’agroécologie prend le contre-pied de l’agriculture conventionnelle », de rupture du cercle vicieux de dépendance, de relocalisation de la production, de changement radical des habitudes de consommation, de politiques redistributives, de primauté des droits humains, de législation internationale réglementant les activités des multinationales, de nouveau système alimentaire global.



« La société civile, qui a boycotté massivement le Sommet, n’est pas dupe. Pour elle, la véritable transformation du système alimentaire devra d’abord passer par une reprise en main du débat par le Comité de la sécurité alimentaire, voire par sa reconnaissance comme seul organe habilité à piloter le changement, car il est le plus légitime, le plus inclusif et le plus représentatif des acteurs institutionnels qui participent au façonnement des systèmes alimentaires ».



Sommaire



Walden Bello : La pandémie de covid-19, une opportunité pour la souveraineté alimentaire



Sommet contesté



Arnold Padilla : Accaparements de terre : le silence du sommet sur les systèmes alimentaires



Frédéric Mousseau : La bataille pour la gouvernance mondiale de l’alimentation et de l’agriculture



Fausses solutions



Un consortium d’ong internationales : Les fausses promesses de l’alliance pour une révolution verte en Afrique



Alberto Alonso-Fradejas, Delphine Ortega-Espès, Kirtana Chandraseran, Lyda Fernanda Forero, Martín Drago : L’« agroécologie bidon » : la mainmise des multinationales



Voies alternatives



Miguel A. Altieri et Clara Ines Nicholls : Agroécologie et reconstruction d’une agriculture post-covid-19



Sofía Monsalve Suárez : Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice



Busiso H. Moyo et Anne-Marie Thow : Afrique du sud : sécurité, justice ou souveraineté alimentaires face à la malnutrition ?



J’ai particulièrement apprécié le texte de Sofía Monsalve Suárez : Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice. . « Face à l’enchevêtrement des crises, il faut réinscrire les droits humains dans de nouveaux récits d’émancipation. Cela passe par la construction d’articulations avec les droits de la nature, par la mobilisation du registre des droits humains contre celui du droit des affaires et par la mise en cause des asymétries postcoloniales au sein de l’architecture institutionnelle des droits humains »



Sofía Monsalve Suárez aborde, entre autres, les droits humains fondamentaux, la dignité de la personne humaine, l’égalité des droits des femmes et des hommes, l’urgence de « nouveaux projets visionnaires et mobilisateurs pour l’émancipation de l’humanité et de tous les êtres vivants, ainsi que pour la justice sociale, écologique et de genre », les traités « Force est néanmoins de reconnaître que ces traités, étant le résultat de processus historiques et politiques contingents, ne couvrent pas les besoins et les aspirations de tous les groupes opprimés, pas plus qu’ils ne reflètent les valeurs, les conceptions morales et les traditions légales de tous les peuples de la terre », l’augmentation des violences contre les communautés et les populations, la montée de l’autoritarisme gouvernemental, les limites « à l’utilisation humaine » des ressources naturelles, la primauté des droits humains face au capitalisme financier et au droit de propriété, les violations des droits des individus et des collectifs, la destruction de l’environnement, le droit à l’alimentation, le système alimentaire comme bien commun, la réalité du monde non-égal, la persistance de vision colonialiste et anti-égalitaire…



« Le mouvement Black Lives Matter, le collectif féministe chilien Las Tesis et leur performance El violador eres tú, la myriade de groupes qui soutiennent en Inde les travailleurs migrants au milieu de la pandémie, le mouvement de protestation des jeunes contre les industries détruisant la planète, les paysans et les producteurs autochtones de nourriture apportant des aliments aux pauvres des villes qui ont perdu leur revenu pendant le confinement, tous ces mouvements pour la dignité, pour la justice raciale, genrée, sociale et climatique sont des manifestations du fait que les luttes pour les droits humains sont bien vivantes et actives et qu’elles ont à jouer un rôle clé pour forger de nouvelles visions pour une gouvernance démocratique.



La construction de ces nouvelles visions demande, entre autres, d’enrichir la pensée des droits humains par des cosmovisions et des normes non européennes. L’intégration des droits humains, des lois environnementales et des droits de la nature est au cœur de la constitution d’institutions et de politiques s’attaquant réellement aux causes profondes de la destruction écologique. »



Quelques éléments choisis subjectivement dans les autres textes.



Walden Bello discute du devenir du système alimentaire mondialisé, « Face à l’intensification des crises qui menacent la survie de pans entiers de l’humanité, une transformation en profondeur du système s’impose. Vers plus d’autosuffisance et de souveraineté alimentaire », de l’irrationalité de la chaîne alimentaire globale, de la place des travailleurs et travailleuses migrantes dans les travaux agricoles et du déni de leurs droits, des systèmes alimentaires locaux et régionaux, des entreprises agroalimentaires, « L’intégration verticale et la consolidation à l’extrémité des chaînes d’exportation, au niveau des acheteurs, tend à renforcer le pouvoir de négociation des grandes entreprises agro-industrielles et des multinationales, leur permettant d’accaparer le pouvoir de décision des agriculteurs·trices et d’accroitre leur capacité à extraire la rente au détriment des petits fournisseurs généralement sous contrat », d’autosuffisance alimentaire, des « pierres angulaires » du paradigme de la souveraineté alimentaire…



Arnold Padilla aborde les accaparements de terre, les véritables causes de la misère et de l’oppression des paysan·nes à travers le monde, les terres cultivables, « à peine 1% des plus grandes exploitations agricoles regroupe 70% des terres cultivables du globe » (2020), les acquisitions de terres à grande échelle, « Elles impliquent également la conversion potentielle de terres relevant d’une production à petite échelle, d’une utilisation communautaire locale ou de la fourniture de services écosystémiques importants vers un usage commercial », la privation foncière, le dogme du rôle central des marchés, la branche privée de la Banque mondiale (Société financière internationale – (SFI))…



Frédéric Mousseau parle de politiques d’alimentation et d’agriculture, du modèle d’une « révolution verte » ratée, de la domination des sociétés transnationales dont les entreprises agrochimiques, d’agroécologie et mobilisations contre le Sommet des systèmes alimentaires…



Un texte est consacré aux fausses promesses de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique et aux résultats non atteints, à la situation agricole et au risque de crise alimentaire, aux exportations au détriment « de la stimulation des cultures locales et de la multiplication des semences », à la forte hausse des prix des denrées alimentaires de marché, aux pertes d’autonomie alimentaire, à des études de cas (Zambie, Tanzanie, Kenya, Mali), à l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim… et à l’agroécologie comme alternative [mode de production durable et adapté aux aléas climatiques], « L’agroécologie offre aux petit·es producteur·rices l’approche innovante dont ils ont besoin : une agriculture qui respecte la nature et ses processus, dans le but d’encourager des pratiques de transformation du sol que la mise en place de bouquets technologiques, telle qu’envisagée par la révolution verte, rendrait impossibles. Ces pratiques se caractérisent notamment par l’aménagement de cultures vivrières mixtes sur un seul et même champ »…



Dans un autre texte, la mainmise des multinationales et l’« agroécologie bidon » sont analysés, en particulier l’obsession technologique et productiviste, l’obsession des nouvelles opportunités d’affaires, l’obsession d’un nouveau système de « gouvernance » public-privé…



« La crise du covid a mis en évidence les impacts destructeurs de l’agriculture industrielle sur la nature et la santé humaine et révélé les opportunités offertes par l’agroécologie pour répondre aux défis futurs ». Miguel A. Altieri et Clara Ines Nicholls soulignent des impacts de l’agriculture industrielle sur la santé humaine (production animale à grande échelle, utilisation massive et indifférenciée d’antibiotiques, monocultures, déforestation, simplification de la diversité agricole, boissons et aliments hautement transformés, intensification agrochimique, spirale des pesticides). Deux milliards d’individus souffrent de carences en micronutriments, les privations affaiblissent les immunités, la faim comme conséquence de la pauvreté et non du manque de production, la nourriture jetée…



Elle et il proposent de restaurer la capacité productive des petit·es agriculteurs et agricultrices, développer des systèmes de production animale écologiques, renforcer l’agriculture urbaine… sans oublier les nécessaires réformes en termes « de redistribution des terres ».



Dans un dernier article, Busiso H. Moyo et Anne-Marie Thow analysent le double fléau sanitaire de sous-nutrition et d’obésité en Afrique du Sud. Iels abordent, entre autres, le pouvoir et l’injustice dans le système alimentaire sud-africain, la place du pays dans le contexte mondial, le paradigme de la justice alimentaire, le droit à une alimentation nourrissante, le paradigme de la sécurité alimentaire, le paradigme de la souveraineté alimentaire, la protection des droits des consommatrices et des consommateurs, l’autonomie et le contrôle démocratique…
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Pressions sur les terres, devenir des agric..

D’un coté l’abondance de nourritures et de l’autre la progression de la faim, il s’agit bien d’un échec des « stratégies » de réduction de la pauvreté faisant l’impasse d’une « réforme en profondeur du système international de production, de transformation, de commercialisation et de distribution des denrées issues de l’agriculture. »



D’un coté la marginalisation des petites paysannerie du Sud et, de l’autre, l’accaparement des terres pour l’expansion des cultures industrielles et des spécialisations territoriales ; au souci de garantir des revenus décents aux paysan-nes, le système (gouvernement, institutions internationales et agrobusiness) privilégie « la préservation de la paix sociale en ville via l’importation massive d’aide alimentaire ou de denrées bon marché ».



Au delà des présentations de processus en cours, les différent-e-s auteur-es vont mettre l’accent sur les droits (accès durable à la terre et aux ressources productives) sans oublier le droit des femmes, qui sont la majorité des travailleur/euses pauvres de la terre.



Un numéro très riche, qui décrypte la crise alimentaire et les fausses bonne conduites des politiques d’accaparement et analyse les bouleversements en cours et les alternatives en construction de l’Inde, au Guatemala ou au Pérou, de Madagascar en Ethiopie ou en Afrique australe.



« La souveraineté alimentaire est donc un concept beaucoup plus profond que celui de sécurité alimentaire, parce qu’il ne signifie pas seulement un accès garanti à la nourriture, mais aussi un contrôle démocratique sur le système alimentaire – de la production à la transformation, de la distribution au marketing jusqu’au consommateur. »



Et comme le souligne Laurent Delcourt dans son éditorial « l’agriculture paysanne n’est pas moins productive que l’agriculture industrielle, mais qu’elle peut en plus apporter une bien plus grande valeur ajoutée en raisons des multiples fonctions sociales, culturelles et écologiques qu’elle remplit. »
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Les mouvements paysans

Agrobusiness, accaparement des terres contre souveraineté alimentaire et droits démocratiques



« les campagnes des pays du Sud sont traversées par des dynamiques soutenues de résistances, aux formes, identités et revendications renouvelées ».



Laurent Delcourt rappelle les impasse du modèle néolibéral, les menaces à la fois sur les systèmes agroalimentaires et sur les équilibres environnementaux.



« Quels sont les profils de ces acteurs contestataires ? Sur quels enjeux se mobilisent-ils ? Quelle est la portée concrète de leurs luttes et quelles sont les contraintes à la fois internes et externes qui pèsent sur leur développement ? Telles sont les questions auxquelles s’efforcent de répondre les contributions nationales rassemblées dans cette livraison d’État des résistances dans le Sud ».



Intégration croissante des marchés (mondialisation), expansion territoriale des modèles agro-exportateurs au détriments des cultures vivrières, exode rural, libéralisation des prix agricoles, au seul bénéfice des exportateurs des pays du « Nord » (« invasion de denrées alimentaires à bas prix »), déréglementation et privatisation des régimes fonciers, spécialisation agricole, appropriation des terres avec des effets de délocalisation de production alimentaire, etc.



Partout, les économies rurales sont restructurées par l’intervention directe de l’État qui organise son repli au seul bénéfice des marchés.



L’auteur souligne que la « nouvelle ruée sur la terre éloigne d’autant la perspective de réformes agraires dignes de ce nom ».



Laurent Delcour présente les forces et les faiblesses des mobilisations, l’importance de la souveraineté alimentaire, la place de la Via Campesina, la place des nouvelles alliances à construire avec d’autres secteurs sociaux , « syndicats ouvriers, mouvements indigènes, écologistes, de migrants, associations de consommateurs, réseaux de producteurs agro-écologique, instituts de recherche… ».



Une invitation à connaître les différentes dynamiques de mobilisation.



Editorial



Les dynamiques contestataires dans le monde rural au Sud par Laurent Delcourt



Afrique

Afrique du Sud : les travailleurs agricoles entre négociation et lutte des classes par Ronald Wesso

Burundi : résistances paysannes à l’accaparement des terres par Aymar Nyenyezi Bisoka

Égypte : protestations paysannes et émergence d’une nouvelle force politique ? par Tor Hakon Tordhol, Alia Gana

Éthiopie : accaparements de terres tous azimuts dans l’ère post-Zenawi par Yohannes Woldemariam

Madagascar : conflits « glocaux » autour des projets extractifs et agraires par Vahinala Raharinirina

Niger : dynamiques revendicatives des organisations paysannes par Mohamadou I. Magha

République démocratique du Congo : le défi de la structuration à l’échelle nationale par Grégoire Ngalamulume Tshiebue

Sénégal : mouvements paysans et lutte pour la survie de l’agriculture familiale par Demba Moussa Dembélé

Tunisie : les oubliés de la révolution – Protestations et conflits dans le monde agricole par Alia Gana

Amérique latine

Argentine : l’option du soja, contre les paysans et les indigènes par The Oakland Institute et la Coordination nationale des organisations paysannes, Darío Aranda

Brésil : le conflit agrobusiness vs paysannat, un obstacle pour quel développement ? par Bernardo Mançano Fernandes

Bolivie : paysans et indigènes, deux points de vue opposés par Roxana Liendo

Colombie : défis du mouvement paysan face aux inégalités par Carlos Ramírez Chaves

Guatemala : résistance indienne et paysanne à l’agro-industrie de la canne et de la palme par Alberto Alonso-Fradejas

Haïti : terre de résistance à la recherche d’une nouvelle émancipation populaire par Franck Saint Jean

Mexique : des mobilisations rurales à la recherche d’une alternative nationale par Guillermo Almeyra

Paraguay : criminalisation des luttes paysannes et expansion de l’agrobusiness par Marielle Palau

Pérou : nouveau cycle de mobilisation paysanne et indigène par Ramón Pajuelo Teves

Asie

Cambodge : des paysans forcés de quitter leurs terres par Abby Seiff

Chine : héritage de la réforme agraire et effets de l’agro-industrialisation par Erebus Wong

Inde : enjeu foncier et résistances sociales contemporaines par Praveen Jha, Avinash Kumar

Indonésie : hauts et bas des luttes pour la terre par Dianto Bachriadi

Népal : origine politique, évolution et acquis de la résistance paysanne par Shanker Thapa

Philippines : antécédents et défis des mouvements paysans contemporains par Saturnino M. Borras Jr, Jennifer C. Franco

Sri Lanka : géopolitique de l’accaparement des terres par Jude Lal Fernando



Les analyses des situations dans les différents pays ou régions du monde font ressortir des similitudes et des différences. Similitudes liées aux grandes évolutions de la mondialisation capitaliste et aux politiques excluantes impulsées par la Banque mondiale et le FMI, entre autres à travers les Plans d’ajustement structurels. Ce qui nécessiterait de faire le procès public de ces deux institutions, de leurs dirigeants et de leurs donneurs d’ordres.



Différences quant aux degrés de mobilisation, de construction d’organisations, disparités liées à l’histoire, à la place des groupes «indigènes », à la prise en compte du buen vivir par les autres organisations sociales ou aux politiques institutionnelles.



Il faut faire connaître ces réalités, ces luttes, ces débats.



De ces mouvements de résistance, de leurs popularisations et de l’aide que les organisations sociales dans les pays du « Nord » pourront leurs apporter (en luttant, entre autres, contre les subventions à l’exportation de « leurs » produits alimentaires ou contre l’industrie agroalimentaire européenne et étasunienne), dépendra la conquête, non de la « sécurité alimentaire » néolibérale, mais d’une vraie souveraineté alimentaire, la construction de modèles de développement socialement et écologiquement efficients et respectueux des choix démocratiques des populations.



Je note, une fois de plus, l’absence d’analyses sur les contradictions à l’œuvre dans l’agriculture familiale, et en particulier sur la place des femmes, sur les rapports sociaux de sexes. Trop peu d’auteur-e-s dans ce livre prennent en compte les dimensions genrées de l’agriculture.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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