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Laurent Delcourt (Autre)
EAN : 9782849509937
Syllepse (06/01/2022)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Plus d’une décennie après la dernière crise alimentaire, la pandémie de Covid-19 a de nouveau mis en lumière les dysfonctionnements et l’extrême vulnérabilité du système agro-industriel ­mondialisé.

En dépit des engagements de la communauté internationale à éradiquer la faim dans le monde, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire augmente, les disparités se creusent et la crise écologique s’aggrave, à mesure que le modèle d’agricul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'urgence de l'agro-écologie et de la souveraineté alimentaire

Dans son éditorial, Quels systèmes alimentaires… demain ?,Laurent Delcourt souligne la nécessité de repenser nos systèmes alimentaires, « Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap » pour permettre l'éradication de « la faim, l'insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition ». Il aborde, entre autres, la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle des populations précarisées, la progression du nombre des affamé·es, la désorganisation des « longues chaines d'approvisionnement mondiales » et leur caractère « intrinsèquement excluant et inégalitaire », les conséquences sanitaires liées à la généralisation du modèle agroproductiviste, « Croissance de la faim et de la malnutrition, dégradation de l'environnement, changement climatique et émergence de nouvelles maladies apparaissent comme les symptômes d'un dérèglement systémique qui appelle des réponses systémiques »

L'éditorialiste critique les ambiguïtés des promoteurs du Sommet des Nation unies, les gros acteurs de l'agrobusiness, la manière « écologique de faire des affaires », la « mise à jour opérationnelle » bien loin des nécessaires transformations structurelles. Il propose des pistes « pour une refonte radicale des systèmes alimentaires » et discute, entre autres, de souveraineté alimentaire et de justice sociale, de transition agroécologique, « À la fois « science » écologique appliquée à l'étude, à la conception et à la gestion d'« agroécosystèmes durables » et catalogue de pratiques, méthodes et techniques (agroforesterie, agriculture de conservation, polyculture, contrôle biologique des parasites) qui permettent d'optimiser les systèmes agricoles en imitant les « processus naturels », en réduisant les apports externes et en préservant les processus « immunitaires, métaboliques et régulateurs clés des agroécosystèmes », l'agroécologie prend le contre-pied de l'agriculture conventionnelle », de rupture du cercle vicieux de dépendance, de relocalisation de la production, de changement radical des habitudes de consommation, de politiques redistributives, de primauté des droits humains, de législation internationale réglementant les activités des multinationales, de nouveau système alimentaire global.

« La société civile, qui a boycotté massivement le Sommet, n'est pas dupe. Pour elle, la véritable transformation du système alimentaire devra d'abord passer par une reprise en main du débat par le Comité de la sécurité alimentaire, voire par sa reconnaissance comme seul organe habilité à piloter le changement, car il est le plus légitime, le plus inclusif et le plus représentatif des acteurs institutionnels qui participent au façonnement des systèmes alimentaires ».

Sommaire

Walden Bello : La pandémie de covid-19, une opportunité pour la souveraineté alimentaire

Sommet contesté

Arnold Padilla : Accaparements de terre : le silence du sommet sur les systèmes alimentaires

Frédéric Mousseau : La bataille pour la gouvernance mondiale de l'alimentation et de l'agriculture

Fausses solutions

Un consortium d'ong internationales : Les fausses promesses de l'alliance pour une révolution verte en Afrique

Alberto Alonso-Fradejas, Delphine Ortega-Espès, Kirtana Chandraseran, Lyda Fernanda Forero, Martín Drago : L'« agroécologie bidon » : la mainmise des multinationales

Voies alternatives

Miguel A. Altieri et Clara Ines Nicholls : Agroécologie et reconstruction d'une agriculture post-covid-19

Sofía Monsalve Suárez : Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice

Busiso H. Moyo et Anne-Marie Thow : Afrique du sud : sécurité, justice ou souveraineté alimentaires face à la malnutrition ?

J'ai particulièrement apprécié le texte de Sofía Monsalve Suárez : Repenser les droits humains dans une perspective émancipatrice. . « Face à l'enchevêtrement des crises, il faut réinscrire les droits humains dans de nouveaux récits d'émancipation. Cela passe par la construction d'articulations avec les droits de la nature, par la mobilisation du registre des droits humains contre celui du droit des affaires et par la mise en cause des asymétries postcoloniales au sein de l'architecture institutionnelle des droits humains »

Sofía Monsalve Suárez aborde, entre autres, les droits humains fondamentaux, la dignité de la personne humaine, l'égalité des droits des femmes et des hommes, l'urgence de « nouveaux projets visionnaires et mobilisateurs pour l'émancipation de l'humanité et de tous les êtres vivants, ainsi que pour la justice sociale, écologique et de genre », les traités « Force est néanmoins de reconnaître que ces traités, étant le résultat de processus historiques et politiques contingents, ne couvrent pas les besoins et les aspirations de tous les groupes opprimés, pas plus qu'ils ne reflètent les valeurs, les conceptions morales et les traditions légales de tous les peuples de la terre », l'augmentation des violences contre les communautés et les populations, la montée de l'autoritarisme gouvernemental, les limites « à l'utilisation humaine » des ressources naturelles, la primauté des droits humains face au capitalisme financier et au droit de propriété, les violations des droits des individus et des collectifs, la destruction de l'environnement, le droit à l'alimentation, le système alimentaire comme bien commun, la réalité du monde non-égal, la persistance de vision colonialiste et anti-égalitaire…

« le mouvement Black Lives Matter, le collectif féministe chilien Las Tesis et leur performance El violador eres tú, la myriade de groupes qui soutiennent en Inde les travailleurs migrants au milieu de la pandémie, le mouvement de protestation des jeunes contre les industries détruisant la planète, les paysans et les producteurs autochtones de nourriture apportant des aliments aux pauvres des villes qui ont perdu leur revenu pendant le confinement, tous ces mouvements pour la dignité, pour la justice raciale, genrée, sociale et climatique sont des manifestations du fait que les luttes pour les droits humains sont bien vivantes et actives et qu'elles ont à jouer un rôle clé pour forger de nouvelles visions pour une gouvernance démocratique.

La construction de ces nouvelles visions demande, entre autres, d'enrichir la pensée des droits humains par des cosmovisions et des normes non européennes. L'intégration des droits humains, des lois environnementales et des droits de la nature est au coeur de la constitution d'institutions et de politiques s'attaquant réellement aux causes profondes de la destruction écologique. »

Quelques éléments choisis subjectivement dans les autres textes.

Walden Bello discute du devenir du système alimentaire mondialisé, « Face à l'intensification des crises qui menacent la survie de pans entiers de l'humanité, une transformation en profondeur du système s'impose. Vers plus d'autosuffisance et de souveraineté alimentaire », de l'irrationalité de la chaîne alimentaire globale, de la place des travailleurs et travailleuses migrantes dans les travaux agricoles et du déni de leurs droits, des systèmes alimentaires locaux et régionaux, des entreprises agroalimentaires, « L'intégration verticale et la consolidation à l'extrémité des chaînes d'exportation, au niveau des acheteurs, tend à renforcer le pouvoir de négociation des grandes entreprises agro-industrielles et des multinationales, leur permettant d'accaparer le pouvoir de décision des agriculteurs·trices et d'accroitre leur capacité à extraire la rente au détriment des petits fournisseurs généralement sous contrat », d'autosuffisance alimentaire, des « pierres angulaires » du paradigme de la souveraineté alimentaire…

Arnold Padilla aborde les accaparements de terre, les véritables causes de la misère et de l'oppression des paysan·nes à travers le monde, les terres cultivables, « à peine 1% des plus grandes exploitations agricoles regroupe 70% des terres cultivables du globe » (2020), les acquisitions de terres à grande échelle, « Elles impliquent également la conversion potentielle de terres relevant d'une production à petite échelle, d'une utilisation communautaire locale ou de la fourniture de services écosystémiques importants vers un usage commercial », la privation foncière, le dogme du rôle central des marchés, la branche privée de la Banque mondiale (Société financière internationale – (SFI))…

Frédéric Mousseau parle de politiques d'alimentation et d'agriculture, du modèle d'une « révolution verte » ratée, de la domination des sociétés transnationales dont les entreprises agrochimiques, d'agroécologie et mobilisations contre le Sommet des systèmes alimentaires…

Un texte est consacré aux fausses promesses de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique et aux résultats non atteints, à la situation agricole et au risque de crise alimentaire, aux exportations au détriment « de la stimulation des cultures locales et de la multiplication des semences », à la forte hausse des prix des denrées alimentaires de marché, aux pertes d'autonomie alimentaire, à des études de cas (Zambie, Tanzanie, Kenya, Mali), à l'augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim… et à l'agroécologie comme alternative [mode de production durable et adapté aux aléas climatiques], « L'agroécologie offre aux petit·es producteur·rices l'approche innovante dont ils ont besoin : une agriculture qui respecte la nature et ses processus, dans le but d'encourager des pratiques de transformation du sol que la mise en place de bouquets technologiques, telle qu'envisagée par la révolution verte, rendrait impossibles. Ces pratiques se caractérisent notamment par l'aménagement de cultures vivrières mixtes sur un seul et même champ »…

Dans un autre texte, la mainmise des multinationales et l'« agroécologie bidon » sont analysés, en particulier l'obsession technologique et productiviste, l'obsession des nouvelles opportunités d'affaires, l'obsession d'un nouveau système de « gouvernance » public-privé…

« La crise du covid a mis en évidence les impacts destructeurs de l'agriculture industrielle sur la nature et la santé humaine et révélé les opportunités offertes par l'agroécologie pour répondre aux défis futurs ». Miguel A. Altieri et Clara Ines Nicholls soulignent des impacts de l'agriculture industrielle sur la santé humaine (production animale à grande échelle, utilisation massive et indifférenciée d'antibiotiques, monocultures, déforestation, simplification de la diversité agricole, boissons et aliments hautement transformés, intensification agrochimique, spirale des pesticides). Deux milliards d'individus souffrent de carences en micronutriments, les privations affaiblissent les immunités, la faim comme conséquence de la pauvreté et non du manque de production, la nourriture jetée…

Elle et il proposent de restaurer la capacité productive des petit·es agriculteurs et agricultrices, développer des systèmes de production animale écologiques, renforcer l'agriculture urbaine… sans oublier les nécessaires réformes en termes « de redistribution des terres ».

Dans un dernier article, Busiso H. Moyo et Anne-Marie Thow analysent le double fléau sanitaire de sous-nutrition et d'obésité en Afrique du Sud. Iels abordent, entre autres, le pouvoir et l'injustice dans le système alimentaire sud-africain, la place du pays dans le contexte mondial, le paradigme de la justice alimentaire, le droit à une alimentation nourrissante, le paradigme de la sécurité alimentaire, le paradigme de la souveraineté alimentaire, la protection des droits des consommatrices et des consommateurs, l'autonomie et le contrôle démocratique…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le mouvement Black Lives Matter, le collectif féministe chilien Las Tesis et leur performance El violador eres tú, la myriade de groupes qui soutiennent en Inde les travailleurs migrants au milieu de la pandémie, le mouvement de protestation des jeunes contre les industries détruisant la planète, les paysans et les producteurs autochtones de nourriture apportant des aliments aux pauvres des villes qui ont perdu leur revenu pendant le confinement, tous ces mouvements pour la dignité, pour la justice raciale, genrée, sociale et climatique sont des manifestations du fait que les luttes pour les droits humains sont bien vivantes et actives et qu’elles ont à jouer un rôle clé pour forger de nouvelles visions pour une gouvernance démocratique.

La construction de ces nouvelles visions demande, entre autres, d’enrichir la pensée des droits humains par des cosmovisions et des normes non européennes. L’intégration des droits humains, des lois environnementales et des droits de la nature est au cœur de la constitution d’institutions et de politiques s’attaquant réellement aux causes profondes de la destruction écologique.
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Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap
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À la fois « science » écologique appliquée à l’étude, à la conception et à la gestion d’« agroécosystèmes durables » et catalogue de pratiques, méthodes et techniques (agroforesterie, agriculture de conservation, polyculture, contrôle biologique des parasites) qui permettent d’optimiser les systèmes agricoles en imitant les « processus naturels », en réduisant les apports externes et en préservant les processus « immunitaires, métaboliques et régulateurs clés des agroécosystèmes », l’agroécologie prend le contre-pied de l’agriculture conventionnelle
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L’agroécologie offre aux petit·es producteur·rices l’approche innovante dont ils ont besoin : une agriculture qui respecte la nature et ses processus, dans le but d’encourager des pratiques de transformation du sol que la mise en place de bouquets technologiques, telle qu’envisagée par la révolution verte, rendrait impossibles. Ces pratiques se caractérisent notamment par l’aménagement de cultures vivrières mixtes sur un seul et même champ
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L’intégration verticale et la consolidation à l’extrémité des chaînes d’exportation, au niveau des acheteurs, tend à renforcer le pouvoir de négociation des grandes entreprises agro-industrielles et des multinationales, leur permettant d’accaparer le pouvoir de décision des agriculteurs·trices et d’accroitre leur capacité à extraire la rente au détriment des petits fournisseurs généralement sous contrat
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