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Laurent Delcourt (Autre)
EAN : 9791039901307
Syllepse (15/06/2023)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Promesse d’un monde libéré de sa dépendance aux combustibles fossiles, la transition énergétique n’est ni écologiquement neutre ni socialement juste.
Substituant une addiction à une autre, elle réclame pour se déployer des quantités infinies de métaux dits « rares », « critiques » ou « stratégiques ».
En relançant la course entre grandes puissances pour sécuriser leur approvisionnement, elle participe d’une « e... >Voir plus
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Faire du propre ici avec du sale là-bas

« Promesse d'un monde décarboné, la transition énergétique n'est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l'extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l'origine des déséquilibres mondiaux. ». Dans son introduction, Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective Nord-Sud,
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/19/gagnants-et-perdants-de-la-course-aux-energies-vertes-une-perspective-nord-sud/ publié avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse, Laurent Delcourt souligne la face cachée de la « transition énergétique », l'envers du monde « décarboné », les conséquences de l'extractivisme des métaux dits rares, « Or, loin d'être aussi propre et vertueuse que le veulent ses prophètes, cette mise au vert des économies réclame, pour se déployer et pour rencontrer les objectifs qui lui sont assignés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des quantités faramineuses, et bientôt exponentielles, de métaux dits « rares », « critiques » ou encore « stratégiques » »

L'auteur souligne les demandes des entreprises européennes en lithium, en cobalt, en nickel et autres matériaux indispensables « à l'électromobilité et au stockage des énergies », l'illusion de la « dématérialisation », la place prise par la « sécularisation des approvisionnements en métaux de transition ». Il analyse avec pertinence les « nouvelles frontières de l'extractivisme vert », la rhétorique qui tend à faire « l'impasse sur les coûts sociaux et environnementaux exorbitants de l'extractivisme », l'empreinte écologique des mines, la génération de déchets, le gaspillage de l'eau, les atteintes aux droits des êtres humains, les nouvelles formes « d'exploitation, de dépossession et de subjugation », sans oublier les conflits, la militarisation des territoires, l'insécurité et la répression…

« Travail massif des enfants, trafic humain, exploitation sexuelle des femmes, brimades, intimidations et menaces constantes, extorsion, captation des revenus des mineurs par des représentants des autorités, des fonctionnaires, des policiers, des chefs de gangs, des notables, voire par des membres de la communauté ou de la famille, y sont quasi généralisés. »

Laurent Delcourt aborde la « nouvelle fracture », les coûts sociaux et environnementaux, les fossés épistémique (« dans la mesure où la recherche sur les énergies vertes, leur promotion et leur diffusion passent sous silence, feignent d'ignorer ou rendent invisibles leurs profondes répercussions sur les pays du Sud ; de même que leur rôle dans la reproduction des inégalités »), géographique, environnemental. Il montre comment se construit un « déficit de développement » et le « colonialisme vert », la reproduction de relations de type coloniale.

L'auteur termine son article sur la transition éco-sociale et la justice climatique, « Derrière le mantra de la lutte contre le changement climatique, cette transition énergétique à forte intensité « matérielle », donne en outre un pouvoir inédit aux sociétés minières, aux géants du numérique et des greentechs, aux producteurs de batteries et aux constructeurs automobiles, tout en leur permettant de poursuivre, voire d'approfondir leurs stratégies d'accumulation aux dépens des États hôtes », la priorité absolue de la lutte contre le changement climatique, la réparation des dettes coloniales et écologiques, le développement de système alternatifs de production d'énergie, la remise en cause des modèles hégémoniques de développement et de consommation, les stratégies de décroissance, « En attendant, il importe de déconstruire, ici et maintenant, les discours dominants relatifs au verdissement des économies et de dénoncer ses logiques d'instrumentalisation mercantiles ».

Sommaire :
Points de vue du sud
Man Lok Kwok : L'impact de la transition énergétique mondiale sur les pays riches en minerais
Andy Whitmore, Mads Barbersgaard : Comment l'industrie minière compte profiter de la transition énergétique
Amérique latine
Kristina Dietz : La transition verte européenne, tremplin de l'extractivisme latino-américain
Aleida Azamar Alonso : le lithium au Mexique : quels coûts pour quels bénéfices ?
Groupe d'étude « géopolitique et biens communs » : L'argentine, pire élève du lithium en Amérique latine
Afrique et Asie
Zo Randriamaro : Les nouvelles frontières des « zones de sacrifice » à Madagascar
Hamza Hamouchene : Colonialisme et accaparements « verts » en Afrique du nord
Divin-Luc Bikubanya, Hadassah Arian, Sara Geenen, Sarah Katz-Lavigne : le « devoir de vigilance » dans l'approvisionnement en minerais du Congo
Lahkyen Roi : Myanmar : de la « terre du jade » à la « terre du peuple » ?

« Au niveau mondial, l'exploitation intensive des ressources minières engendre des dommages irréversibles sur l'environnement et sur la stabilité socio-économique des pays riche en minerais ». Man Lok Kwok discute de développement durable et de transition énergétique, des plans de décarbonisation dans les pays développés et de leurs conséquences dans les pays riches en minerais, des énergies renouvelables et des ressources minérales, d'insécurité environnementale et d'insécurité socio-économique, des effets de la déforestation, de l'utilisation de l'eau, d'extraction minière, de mono-industrie, de nouvelles dépendances et de la nécessité de « compétence juridique universelle »…

Mads Barbersgaard et Andy Whitmore analysent les effets des nouvelles extraction « au détriment des populations locales et des milieux naturels », les conséquences de la généralisation des ordiphones et autres produits ou des technologies dites bas-carbone comme les éoliennes ou les batteries de véhicules électriques, des investissements miniers (d'extensification et d'intensification) et des stratégies des grandes sociétés minières (sans oublier les constructions des images de marque), de la différence entre consultation des populations indigènes et respect de leurs droits, de primauté du droit des actionnaires sur les droits démocratiques, des mécanismes de règlement des différents entre investisseurs et Etats. Ils soulignent, entre autres, la nécessité de « déconstruire la vision dominante de la transition énergétique comme simple substitution aux énergies actuelles, en opposition, à une transition dans l'utilisation des matériaux » ou de discussions démocratiques sur les stratégies de transition…

« La transition énergétique en Europe laisse entrevoir la possibilité d'un nouveau boom des commodities et d'une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, en raison de la demande croissante de ce que l'on appelle les « matières premières critiques », à savoir des métaux indispensables à la transition vers une économie « verte » et des systèmes énergétiques neutres sur le plan du climatique, comme le cuivre, le lithium, le cobalt ». Kristina Dietz souligne les choix politiques en terme extraction et d'appropriation, la modernisation « écologique » du système capitaliste, le rôle des sociétés transnationales. Elle analyse, entre autre, le vert de hydrogène et de l'extractivisme, les « solutions » technologiques, la libéralisation et la privatisation des secteurs « agricoles, miniers, énergétiques » – soutenues par les organisations financières internationales, la dépendance accrue de certains pays à l'exploitation et à l'exportation de matières premières. Elle insiste sur les luttes des populations locales, « le grand défi d'une politique de transition énergétique émancipatrice de gauche consistera à relier ces luttes au niveau international ».

Dans les autres articles sont abordés les impacts de d'extraction du Lithium au Mexique, en Argentine et dans d'autres pays ; le nouvelles frontières des « zones de sacrifice » à Madagascar, la pérennisation de la dépendance coloniale, les résistances des communautés rurales, les pollutions, la raréfaction des ressources en eau ; les accaparements « verts » en Afrique du Nord ; le « devoir de vigilance » et les mines au Congo ; le jade et le Myanmar…

Sans forte diminution de la consommation d'énergie et des matières premières, sans modification des rapports de production et de consommation, sans prise en compte de la dette coloniale et écologique des pays dits développés envers les populations du Sud global, la transition n'est qu'un leurre. L'« écologie » de certains est incompatible avec le bien-être de toustes…

« le contrôle démocratique de la production, de la consommation d'énergie, de l'exploitation et de l'utilisation des ressources naturelles implique aussi d'organiser ces domaines centraux de la reproduction sociale de manière décentralisée, et de les orienter vers le bien-être public et non pas privé. Dans un contexte de crise climatique et d'accès inégal à l'énergie, la manière dont l'énergie est produite, distribuée et utilisée, par qui et dans quel but, doit être publiquement négociée » Kristina Dietz
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux.
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Le contrôle démocratique de la production, de la consommation d’énergie, de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles implique aussi d’organiser ces domaines centraux de la reproduction sociale de manière décentralisée, et de les orienter vers le bien-être public et non pas privé. Dans un contexte de crise climatique et d’accès inégal à l’énergie, la manière dont l’énergie est produite, distribuée et utilisée, par qui et dans quel but, doit être publiquement négociée
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La transition énergétique en Europe laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau boom des commodities et d’une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, en raison de la demande croissante de ce que l’on appelle les « matières premières critiques », à savoir des métaux indispensables à la transition vers une économie « verte » et des systèmes énergétiques neutres sur le plan du climatique, comme le cuivre, le lithium, le cobalt
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Derrière le mantra de la lutte contre le changement climatique, cette transition énergétique à forte intensité « matérielle », donne en outre un pouvoir inédit aux sociétés minières, aux géants du numérique et des greentechs, aux producteurs de batteries et aux constructeurs automobiles, tout en leur permettant de poursuivre, voire d’approfondir leurs stratégies d’accumulation aux dépens des États hôtes
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Or, loin d’être aussi propre et vertueuse que le veulent ses prophètes, cette mise au vert des économies réclame, pour se déployer et pour rencontrer les objectifs qui lui sont assignés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des quantités faramineuses, et bientôt exponentielles, de métaux dits « rares », « critiques » ou encore « stratégiques »
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