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Citation de Lmargantin


Je me souviens qu'en arrivant au sommet de la colline une fois sous les arbres on ne voyait pas le chenil, mais que ça sentait, oui, ça sentait l'odeur des clebs à plein nez mêlée à celle des feuillages et de l'herbe de la forêt d'abord, et puis plus loin plus que l'odeur des clebs, des clebs tu disais comme tous ceux qui travaillaient au chenil. Odeur infecte de bêtes enfermées dans des cages à plusieurs dizaines pendant plusieurs jours, odeur infecte qui finissait par imprégner tous les vêtements, au point que la mère se plaignait de ma puanteur quand je rentrais le soir, tu pues m’avait-elle dit dès le premier soir en guise de salut (ce qui avait au moins l’avantage de remplacer les remarques désagréables qu’elle répétait en boucle depuis des années), odeur infecte qui, le premier jour, m’avait donné envie de gerber, et d’ailleurs j’avais gerbé en sortant du chenil le dernier jour de la première semaine, gerbé à cause de l’odeur qui m’était rentrée dans la gorge sans que je m’en rende compte et avait fini par me rendre malade, gerbé parce que, le dernier jour de la première semaine, j'avais justement découvert la véritable origine de l'odeur que je retrouvais chaque matin en haut de la colline, une fois sous les arbres.
Le premier jour en marchant jusqu'au chenil - une bonne demi-heure depuis le quartier où j'habitais au sud de la ville -, je m'étais dit que cette marche quotidienne me ferait du bien, que cela me ferait de l'exercice après une longue période d'inactivité à traîner dans les rues ou à rester enfermé dans ma chambre, mais dès le premier jour, dès la première ascension de la colline j'avais été saisi par cette odeur de putréfaction animale, oui, c'est ce que je m'étais dit dès le premier jour, cette odeur n'est pas une odeur d'animal vivant, mais d'animal pourrissant quelque part, et sous les arbres déjà j'avais commencé à regarder autour de moi, à chercher un charnier ou je ne sais quel tas de viande en putréfaction, en vain bien sûr, car l'odeur ne provenait pas de la terre couverte de ronces à cet endroit, mais du ciel, oui, l'odeur flottait dans l'air, mais très haut dans l'air, comme suspendue au-dessus du monde, menaçante, et concentrant ses attaques sur cette colline.
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