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Citation de Partemps


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Qu´entend White par « atopie » ? Il ne s´agit pas d´un lieu au-delà du réel
existant, mais de ce que les romantiques allemands appelaient quant à eux
« potentialisation » du donné. « La négation (dans non-lieu, par exemple), écrit
White, n´est pas pour moi une absence, une privation, c´est une intensification. C´est
comme le blanc. L´atopie est la sur-intensification d´une topologie bien solide. (…)
L´atopique est le potentiel du topique 25
. » Breton, après guerre, avait certainement
reconnu cette possibilité d´une pensée poétique ouverte au réel et en révélant la
beauté, pensée ignorée par la société moderne. Il avait notamment parlé du « haut
accent de nouveauté » qui l´avait frappé dans la prose whitienne. Un fond celtique rassemble les deux poètes, ce que n´a pas manqué de reconnaître Kenneth White
en lisant le texte « Braise au trépied de Keridwen ». Il y note des expressions comme
« poésie de haut vol » à propos de certains auteurs de la culture celtique, quelques
passages pour lui significatifs où il est question d´une « lumière venant de loin », de
« l´accession aux plus hauts paliers que fragilement au-dessus d´elle la condition
humaine », d´ «un foyer de sens provisoirement isolé dans un foyer plus vaste qui
attend d´être nommé », et surtout ce passage où Breton semble ouvrir la voie à la
géopoétique, car il y est question de « cette poésie où Je est déjà intensément un
autre puisqu´il assume toutes les exigences, y compris celle de l´inanimé et
n´accepte de se concevoir que comme leur conscience globale »
26. Kenneth White
raconte qu´il possède dans son atelier un gros morceau de corail bleu auquel il
pense depuis longtemps comme au « rêve brisé d´André Breton ». Cette anecdote
nous permet d´illustrer le rapport de la géopoétique au surréalisme et en particulier à
l´oeuvre de son principal inspirateur 27. C´est surtout une certaine aura que White
reconnaît dans le surréalisme, aura entourant les objets ou les êtres rencontrés et
évoqués et qui donne une dimension poétique nouvelle à l´existence. Cette aura
entraîne l´esprit du lecteur dans une sensation des choses plus forte et plus dense,
lui faisant quitter la perception quotidienne du monde. C´est cette captation de
l´esprit par des images chargées poétiquement qui intéressent White, même si le
travail sur les images doit avoir pour lui une dimension qui dépasse la fantasmagorie
et le lyrisme facile pour entrer de plain-pied dans l´espace réel.
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