Laurette Mas-Camille

J'ai été malheureuse de comprendre que je suis devenue une réfugiée, malgré moi, et je demande à la France de m'accepter chez elle quelque temps. Je ne sais pas si elle le voudra. En allant à la préfecture pour un énième rendez-vous, j'entends une vieille dame, juste à côté de moi dans le bus, expliquer à une autre que les migrants, ces gens-là, sont des parasites qu'il faudrait chasser. Qu'ils n'ont pas besoin d'être là.
- De bons à rien, madame Polowsky ! Et l'Etat paye tous ces étrangers, à ne rien faire, sous prétexte qu'ils sont migrants! Ils ne viennent que pour la CAF !
- Je sais bien, madame Dubosc, tenez! Par exemple, dans mon immeuble, je les vois, ils sont huit dans l'appartement. Pour dire bonjour, ça, ils savent faire... Mais alors! L'odeur de la nourriture, en permanence. À croire qu'ils ne font que manger. Et avec quel argent, je vous le demande ! C'est pas nous qui pourrions faire autant de courses avec nos petites retraites...
J'écoute. Avec stupéfaction. Je ne savais pas que certains pensaient ainsi.
- Avez-vous déjà été vendue, madame ?
Elles me regardent, stupéfaites par mon toupet. M'inviter ainsi dans leur conversation...
Je continue.
- Vous a-t-on déjà violé des centaines de fois? A-t-on déjà uriné ou déféqué sur vous, comme si vous étiez au toilettes? (...) Avez-vous déjà perdu un enfant à cause d'une excision ?

Il fait encore jour dehors et dans quelques minutes, je ne verrai plus rien de tout ce qui se passe, emmenée par un inconnu qui pourrait tout me faire. Un étranger qui me malmènerait et me ferait jouir dans le même temps. La pression monte, je regarde le tableau d'affichage sans le voir. Toute une éducation stricte foutue en l'air ! Ce soir, c'est transgression et ce n'est pas pour me déplaire. L'idée m'émeut au plus haut point. Je serai le jouet sexuel de Georges dans peu de temps, c'est une affaire de minutes. Pas de tabous... Quoique... Je suis terriblement excitée et la peur se mélange à mon envie d'être pénétrée brutalement, soumise, offerte, ouverte. Je me découvre impudique, presque débauchée. Pourvu que le jeu n'aille pas trop loin et ne franchisse des limites que je ne saurais gérer. Il a été convenu que je pourrai dire « stop » à tout moment, c'est d'ailleurs le seul mot que j'ai le droit de prononcer. Et s'il ne venait pas ? Si jamais j'étais là, debout dans cette gare, en train d'attendre pour rien... Quelle déception !


Commencez donc par m'enlever en plein jour. Yeux bandés, comme votre sexe, et prise fermement par le bras pour m'emmener vers des plaisirs inédits.
Savez-vous que j'ai peur ? Délicieusement...