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Citation de Ledraveur


Dans l'Introduction de "Éloge de la folle sagesse" Lee Lozowick nous confie ceci :

En fait, chacun aspire intuitivement, en son for intérieur, à discerner le vrai du faux, sachant que le vrai est objectif, autrement dit vrai pour tout le monde. Pour aborder cette vérité et l’intégrer dans leur vie, les gens doivent, à un moment donné, se mettre en quête du chemin spirituel.
La majorité des instructeurs spirituels, des centres, des stages et des livres de cette catégorie ne proposent qu’une forme de consolation. Ils allèchent l’ego par la promesse d’une transformation ou d’un éveil, puis lui donnent un petit quelque chose pour le satisfaire. Ils font danser les gens, les amènent à un peu d’extase ou leur font un peut massage, tout cela afin qu’ils soient suffisamment excités pour avoir l'impression d’aller dans la bonne direction. Ces voies encouragent les gens à rechercher ce qu’ils veulent, à savoir le confort et le plaisir plutôt que le dur labeur. Les gens sont si paresseux, si peu résolus à payer le prix pour une vraie découverte, que la plupart des prétendus Chemins spirituels se sont compromis. À force de chercher la réussite de surface au lieu de s’employer à réellement transmettre le Travail*, ils ont capitule face à l’ego ordinaire. Ils font la volonté de l’ego au lieu de demander à l’élève sur la voie de se conformer à l’exigence d’une tradition authentique.
Le résultat final d’un tel chemin, C’est que l’élève aboutit non pas à Dieu, non pas à la Réalité, à la Vérité ou à l’Éveil... mais à lui-même ; il ne change pas fondamentalement mais revêt sa névrose d’un nouveau costume. Sa psychologie n’a pas bougé, il est toujours aussi égocentrique ; la seule différence est une nouvelle illusion, celle qui lui fait croire avoir atteint un accomplissement profond et sacré. La plupart des gens se font de l’accomplissement spirituel une idée bien différente de ce qu’il est en réalité.
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* « Le Travail » : terme emprunté à Georges Ivanovitch Gurdjieff, utilisé tout au long du présent livre pour désigner une méthode traditionnelle de transformation et de maturation de la personne.

Il ne s’agit pas d’égrener de sympathiques clichés et autres platitudes spirituelles. Non qu’il n’existe pas de réalités cosmiques méritant que l’on s’en émerveillé, visions, extases, béatitudes. . . Tout cela existe, en abondance. Mais nous existons aussi au sein d’un écosystème mortel et délicat. C’est un fait, pas moins réel que le précédent.
...
Un chemin spirituel digne de ce nom fera le tri entre ceux qui ont une réelle demande et ceux pour qui la voie n’est qu’un passe-temps, ou encore ceux qui n’ont pas actuellement l'envergure pour s’y engager.
...si nous n’avons jamais eu ne serait-ce qu’un avant-goût de la liberté, l’esclavage est supportable. Je ne vois aucun inconvénient à ce que la majorité demeure endormie et ignorante, car la voie baul en particulier, comme la vie spirituelle en général, implique une certaine souffrance en même temps qu’une certaine extase. Mais si nous demeurons sur la Voie, le prochain aperçu sera plus substantiel. Il durera plus longtemps et sera plus déterminant. Finalement, nous goûterons la mangue entière, avec tout son jus, ses fibres et ses aspérités. La totale. Agonie et extase, en même temps.
...
Il n’y a qu’une seule Vérité et beaucoup d'interprétations possibles de cette unique Vérité : les chrétiens en ont une, les bouddhistes une autre, les hindous encore une autre... Mais la Vérité est une, et elle n’a rien à voir avec les arcs-en-ciel, les arbres verdoyants et les belles fleurs jaunes. En fait, elle est plus proche de la douleur et de la peine, mais nous y viendrons ultérieurement.
Les gens connaissent déjà la Vérité. La vie spirituelle ne consiste pas à leur enseigner quelque chose qu’ils ne sauraient déjà. Même nos mères savent la vérité. Si nous en venions à avoir une conversation suffisamment profonde avec elles, nous découvririons qu’à un moment de leurs vies elles ont eu une extraordinaire révélation du divin. Chacun ou presque a connu ce genre d’expériences, mais comme elles se situent tout à fait en dehors des repères de la conscience ordinaire, comme elles sont de l’ordre de l'étrange et de l'inconnu, nous avons tendance à les enfermer dans le placard, à tourner la clef puis à reprendre le cours de nos existences endormies.
De plus, il n’est pas si facile de tirer parti de la Vérité lorsqu’elle point en nous. Peut-être serons-nous capables de la supporter si, dans notre ignorance, nous n’en percevons qu’une fraction infime. Mais si, au lieu de cinq pour cent, nous commençons à en voir dix pour cent, quinze pour cent, trente pour cent... alors elle commence à nous poser un problème, parce qu’elle met en cause notre vision du monde dans ce qu’elle a de statique.
Bien que nous connaissions déjà la Vérité, certaines choses font barrage : nous pouvons connaître la Vérité, le savoir et cependant ne pas être apte à la vivre dans nos existences quotidiennes. Si nous n’accédons pas à la vérité, c’est essentiellement pour deux raisons :
1. à cause de notre psychologie primale — l'identification qui se met en place chez le petit enfant à partir de ses projections et de ses attentes vis-à-vis du monde ;
2. du fait de nos illusions à propos de la vie spirituelle — toutes nos fausses croyances au sujet de la méditation, de la pratique, des différents yogas, des lois fondamentales de l'identification, de la nature du réel et de l'irréel, etc.
...
Dans nos existences ordinaires, nous sommes coupés de la Vérité. Tant que nous nous satisfaisons du statu quo, nous ne pourrons en aucune circonstance réaliser la Vérité. Si nous nous sentons en sécurité, plein de certitudes, jamais nous ne chercherons ou ne réaliserons la Vérité. Si nous dansons les yeux dans les yeux de nos compagnons sur la voie, nous ne trouverons jamais la vérité mais la confondrons avec la sensiblerie et le romantisme. Nous ne chercherons la Vérité que si nous sommes dérangés.
Par conséquent, la raison d’être du chemin spirituel et la fonction d’un maître spirituel digne de ce nom consiste à nous rendre métaphoriquement malades, à provoquer en nous une crise que seule la Vérité pourra guérir. L’une des manières d’y parvenir sera de travailler avec l'irritation, le conflit et la confusion, ...

En tant que chercheurs spirituels sincères, nous devons passer par une forme de crise et de perturbation qu’aucun remède n’apaisera. Si, alors, nous aspirons réellement à émerger de cette confusion, nous découvrirons la Vérité en nous-mêmes ; pour cela, cependant, il nous faudra être profondément inspirés et prêts à ne reculer devant rien pour atteindre l'objet de notre quête.
La vie spirituelle n’est pas à la portée de tous ; elle est à la portée des rares personnes qui ont la force, la lucidité et la détermination nécessaires pour s’immerger dans le courant de l'enseignement et le remonter jusqu’à l'océan.
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