Maria Christine von Blohme avait vu le jour en Silésie, au domaine de ses parents. Toute la noblesse des environs était venue saluer sa naissance. De son père, le « Cavalier suédois », elle ne conservait qu’une image floue. « Il avait des yeux redoutables, dit-elle, mais lorsqu’il me regardait, le ciel s’ouvrait au-dessus de moi. »
Lorsqu’elle eut six ou sept ans, son père quitta le domaine pour se rendre en Russie, « sous les funestes bannières de Charles XII, le roi de Suède », dont la gloire emplissait le monde en ce temps-là. « Mon père était d’origine suédoise, écrit-elle, aussi les larmes et les supplications de ma mère ne purent-elles le retenir. »
Mais avant qu’il ne saute en selle, l’enfant cousit en secret un petit sac de sel et de terre dans la doublure de sa redingote : elle avait agi sur le conseil d’un des deux palefreniers de son père, qui lui avait assuré que c’était là un moyen infaillible pour lier à jamais deux êtres.
Plus loin, le livre mentionne à nouveau ces deux palefreniers de messire von Tornefeld : Maria Christine von Blohme racontent qu’ils lui apprirent à jurer et à jouer de la guimbarde, cette seconde pratique ne lui ayant été, au demeurant, d’aucune utilité dans la vie.