Lev Davidovitch se rappela avoir autrefois écrit que l'Histoire avait vaincu Tolstoï sans pour autant le briser. Jusqu'à son dernier jour, ce génie avait su conserver un don précieux: l'indignation morale. C'est pourquoi il avait lancé ce cri contre l'autocratie: "Je ne peux pas me taire!" Mais Maïakovski, en s'évertuant à être croyant, s'était tu, ce qui avait fini par l'anéantir. Il n'avait pas eu le courage de partir en exil quand d'autres l'avaient fait; de cesser d'écrire quand d'autres avaient brisé leurs plumes. Il s'obstina à offrir sa poésie à l'engagement politique et sacrifia son Art et même son esprit: il s'efforça tellement d'être un militant exemplaire qu'il dut se suicider pour redevenir le poète qu'il était...