On assure que les marins quittant la côte malouine pour les mers lointaines étaient déliés du serment de fidélité conjugale dès qu'ils avaient doublé le cap Fréhel et, si leur départ avait eu lieu de nuit, dès qu'ils ne voyaient plus le feu du phare ...
Depuis longtemps les feux marins exercent leur sortilège sur le coeur des hommes.
Ce n'est pas par hasard que les plus grands de nos poètes ont trouvé dans la lumière sereine des phares le symbole le plus propre à exalter les vertus humaines.
C'est bien le mot "phares" qui a jailli sous la plume de Charles Baudelaire, lorsqu'il a composé cette vaste fresque dont Rubens, Vinci, Rembrandt, Michel-Ange, Watteau, Goya, Delacroix sont les colosses lumineux, semblables au gigantesque et flamboyant Apollon de Rhodes.
Et lorsque de son rêve aveugle, Homère fit surgir, pour mille générations, la splendeur du bouclier d'Achille, c'est aussi aux feux de mer qu'il en compara l'éclat.
Charlemagne faisait restaurer les tours à feux tombées à l'abandon ; Montaigne présidait à leur construction et Louis XIV refusait que nos corsaires fissent prisonniers les gardiens des phares anglais ...