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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Luc DRAGONI
Ituango
Ce nom magique résonne encore dans mes pensées
Comme un souvenir d’aventure
Un voyage étrange et merveilleux
Ituango
J’entendrai toujours ton cœur battre
Au rythme de tes Güiros, guitares et tambours
Et moi j’ai envie de te dire
Te quiero
Ton pays n’avait pas bonne réputation
Avec ses cartels, sa cocaïne
Son armée révolutionnaire
Et ses enlèvements
Tout cela m’est bien égal
Cela dépend des yeux avec lesquels on te regarde
Ituango
Toi tu n’es qu’une petite bourgade
Perdue dans les montagnes
Tu n’es pas riche
Le confort, le luxe tu ne connais pas
Mais tes habitants ont un sourire franc
Et un langage indolent
Comme tous les gens de ce continent
L’espagnol vous ne le parlez pas
Vous le caressez
Vous le murmurez
Et puis vous le chantez
Lorsque je t’ai vue pour la première fois
J’ai voulu faire demi-tour
Et repartir
Une route en partie défoncée
Des masures délavées par les pluies tropicales
Des bicoques brûlées par les chaleurs torrides
Et puis j’ai tout de même voulu te visiter
Histoire de ne pas avoir fait tout ce voyage pour rien
A contrecœur je suis entré chez toi
Il n’y avait pas grand-chose à voir
Au bout de ce mauvais chemin
Qui se termine ici
A Ituango
Une vieille église un peu délabrée
A l’aspect vaguement colonial
Du temps où ce pays se nommait encore de ce nom qui fait rêver
Nouvelle Grenade
Un café sordide à l’ambiance surannée
Avec son vieux téléphone accroché au mur
Et sa petite cour pleine de casiers de bouteilles
Un marché ou les pauvres gens vous appellent
Et viennent vous proposer tout ce qu’ils ont
C’est-à-dire pas grand-chose
Jusqu’à la fenêtre du véhicule
Ils exhibent leurs volailles, leurs melons, leurs légumes
Forcément
Un voyageur en automobile
C’est quelqu’un de riche
Qui peut tout acheter
Et ils vous sourient
Gentiment
Amicalement
Sans vous connaître
Simplement parce vous êtes là
Chez eux
Dans leur village d’Ituango

Et puis vint l’après-midi
J’ai eu beaucoup de chance
Ce jour-là il y avait une grande fête
Extravagante
Et complètement folle
Comme seuls ces Latins d'Amérique savent les inventer
Tout le monde devait se travestir
Et ensuite deviner
Et même se courir après
Pour savoir qui se cachait
Sous ces déguisements rapiécés
Avec les rires, les cris et les pétards
Et toujours le son envoutant
De tes Güiros, guitares et tambours
Ce jour-là tout semblait permis
Les hommes arborant machettes
Chapeaux de fleurs et de miroirs
Des masques de célébrités
Jusqu’aux faux policiers
Et les Marimondas moqueurs
Ou les sinistres bourreaux de l’inquisition
Moi qui n’avais rien prévu
Je pris une couverture dans mon coffre
Je perçais deux trous pour les yeux
Et j’étais devenu un fantôme
Tout près de la bourgade
Il y avait aussi une petite montagne
Avec quelques grottes
Les gens se hâtaient pour mieux se cacher
Et le jeu continuait dans l’obscurité
Les rires et les applaudissements résonnaient
Jusqu’à ce qu’il fasse nuit
Et que l’ambiance se calme un peu
Alors un bon plat de Bandera Paisa
Aux saveurs tellement mélangées
Et aux couleurs si vives
Tout comme ce continent
Moi je n’ai reconnu que les morceaux de viande et les haricots noirs
Mais je n’avais déjà plus toute ma tête
Car j’étais bien éméché
Et puis ce café el Tinto
Aussi fort que l’âme de ce pays
Qui m’a dit ne t’endors pas
Reste bien éveillé
Amuse-toi avec nous
Je devais repartir au petit matin
Et je ne t’ai quittée que le lendemain
J’ai dû dormir toute la journée
Et la nuit qui suivit
Sur la banquette de ma voiture
Epuisé mais ravi
Lorsque lentement je me suis mis à rouler
En descendant ta rue principale
Des bouteilles vides jonchaient le sol
Des mégots, des détritus
Et des verres cassés
Cela ne fait rien
Les orages nettoieront tout
La fête était finie
Les relents de bière et d’Aguardiente étaient devenus plus discrets
Et le tabac fort à rouler
Celui qui fait tousser
Avait fini par s’évaporer
Mais moi j’étais toujours ivre
De ton bonheur, de tes parfums, de ton ambiance

Bien des années plus tard
Je pense encore à toi
Ici chez nous tout va très vite
Beaucoup trop vite
On n’a plus le temps de se regarder
Et encore moins de se parler
Alors je prends cette couverture
Que j’avais précieusement conservée
Je sais bien c’est absurde
Si on me voyait faire ça
Mais je suis nostalgique
Et tellement insensé
Les deux petits trous sont restés
Ils sont toujours là
Comme deux fenêtres dérobées
Et je t’observe en cachette
Toi mon Eldorado
Sans Or ni Pierres précieuses
Avec seulement ta gaieté, ton insouciance, ta folie
Et enfin je te vois
Je te retrouve telle que tu étais
Oui toi mon Ituango
Te quiero
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Luc DRAGONI
Conversation avec mon rêve

Ce matin mon rêve s’est mis en colère. Il se tenait debout au pied de mon lit, le regard sombre et l’air courroucé.
« Maintenant j’en ai assez, je veux partir, je veux te quitter ! » m’a-t-il dit.
Je crus que je rêvais mais c’était impossible puisque mon rêve se trouvait là, devant moi, et il était même en train de me parler !
Je ne comprenais pas ce que cela pouvait bien signifier...
Mon rêve était-il donc vivant ?
Avec prudence, je lui répondis :
— Où veux-tu donc aller, mon rêve, et pourquoi veux-tu me quitter ?
— Tu n’es pas un rêveur sérieux. Tu te moques bien de moi car tu me quittes toujours avant la fin de nos aventures ; mais sans doute manques-tu de hardiesse ou de bravoure et cela t’empêche de rester en ma compagnie. Pourtant nous pourrions voyager très loin ensemble, rien que tous les deux...
— Non, attends, tu es injuste ! Ce n’est pas de ma faute si je me réveille toujours trop tôt et bien souvent je le regrette car j’aime bien te suivre et j’apprécie beaucoup ce que tu me fais découvrir. Enfin souviens toi, je t’ai toujours accompagné avec curiosité et confiance car c’est toi seul qui me révèle tous ces mystères et ces secrets ; mais c’est vrai que parfois tu m’effraies un peu car je ne comprends pas très bien où tout cela va nous conduire, alors oui, je t’abandonne subitement et je m’en excuse.
— Rendors toi donc sans moi, je ne te dérangerai plus, je m’en vais rechercher un autre rêveur qui sera sans nul doute plus courageux et aussi plus fidèle que toi !
— Tu n’en trouveras point, cela n’existe pas. Vois-tu, nous finissons tous par quitter nos rêves, même si nous les aimons, et le nouveau rêveur que tu cherches se comportera sans doute à l’identique !
— Vous êtes bien superficiels, vous m’exaspérez ; je ne suis pourtant pas un de ces horribles cauchemars et je n’ai jamais été excessif ou vulgaire ! Personne ne devrait m’abandonner même si parfois, je le reconnais, je suis un peu désordonné et fantaisiste. Mais au moins cela me permet d’explorer l’espace et le temps ; en outre, je sais me déplacer rapidement. Non, décidément ma patience a des limites, tu as été trop décevant ! Adieu !
— S’il te plait, tu es mon rêve, mon seul rêve, alors reste, je t’en prie ! Et puis réfléchis donc, sans moi tu vas t’égarer et il te sera impossible de revenir. Serons-nous donc séparés à jamais ? C’est vrai, je ne peux vivre en permanence dans ton monde mais je suis un authentique et un honnête rêveur car, tu ne le sais pas encore, il m’arrive aussi de rêver en étant éveillé...
— Comment cela peut-il se produire ? Et de toute façon, si tu rêves éveillé, alors tu n’as pas besoin de moi.
— Tout au contraire, mon rêve ! Vois-tu, si tu demeures toujours en ma compagnie, même quand je ne dors pas, tu pourras ainsi libérer mon imagination et m’aider à réaliser mes projets les plus audacieux...
Mon rêve semblait perplexe mais il finit par se décider.
— Eh bien, cette idée paraît un peu farfelue mais elle est tout de même séduisante, alors essayons !

Je me levais bien vite, je me sentais soudain très heureux. J’avais enfin réussi à persuader mon rêve, ce rêve tellement têtu, mais si beau, si libre, si merveilleux !
Nous sortîmes tous les deux, mon rêve me suivait mais aussitôt il me dépassa et c’est donc moi qui suivis mon rêve, ce rêve qui saurait m’accompagner jusqu’au bout de ma vie, ce rêve qui saurait me guider vers mes amours les plus extraordinaires et vers mes desseins les plus fous...
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Le léger ressac me permet enfin de m’échouer sur la grève. La porte qui m’a sauvé la vie en me servant de minuscule embarcation vient juste de stopper son avancée en raclant soudainement le fond recouvert de galets. Je reste encore immobile, la fièvre qui a envahi mon corps a contribué à bien me réchauffer et je me laisse ainsi bercer par le faible mouvement des vaguelettes venant doucement faire osciller mon petit radeau. Je réalise que je suis sauvée, que j’ai pu survivre à ces événements horribles et que le danger le plus effroyable est passé. Mon fidèle bracelet en or est resté fixé à mon poignet mais le séjour prolongé dans l’eau de mer lui a enlevé sa belle couleur dorée et l’a rendu sinistrement terne. Je vois mon prénom, « Blandine », gravé sur sa surface et cela me fait penser à mon existence passée au sein de ma famille, existence toujours heureuse et insouciante. L’émotion que je ressens maintenant et toute l’angoisse que j’ai accumulée, toute la peur que j’ai endurée et cachée au plus profond de mon être afin de résister à l’anéantissement, tout le chagrin occasionné par la disparition de mon frère, émergent brusquement de ma personne en un torrent de larmes que rien ne semble pouvoir arrêter. Mes sanglots répétés et convulsifs font trembler tout le haut de mon corps meurtri dans un mouvement incohérent et saccadé mais peu à peu la lassitude me gagne et je parviens finalement à me calmer et à cesser mes pleurs.
Je caresse paresseusement la surface des flots avec le bout de mes doigts et cette eau est tiède, même par moments elle devient assez chaude.
Mais où suis-je ?
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