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Citation de SebastienFritsch


À présent je me demandais : si notre abrutissement, je l'ai imputé aux nazis, l'abêtissement des nazis à qui je dois l'imputer? Ils sont à leur tour les Untermenschen de qui? Ils se défoulent sur nous parce que nous leur avons été désignés comme sous-hommes ou plutôt, ils nous ont assumés comme tels. Mais eux, sont-ils des hommes libres ? Ils en sont réduits aux plus basses corvées de négriers, de geôliers, d'exterminateurs, de pillards, de tortionnaires et donc d'ultra sous-hommes. Pour le compte de qui? Il doit bien rester quelque part des gens qui ne font pas ces choses-là, sans qu'ils soient pour autant des victimes. Une humanité rien que de sous-hommes? Rien que d'esclaves-tyrans et d'esclaves-esclaves ou les premiers trient, embrigadent et surveillent les seconds? Un univers d'esclaves-victimes et d'esclaves-bourreaux? Impossible.
Réfléchissons.
[...]
J'avais compris que je me trouvais en face d'esclaves et cela me donnait une force infinie, me libérait du besoin de riposter du tac au tac aux nazis comme s'ils avaient été responsables de leurs propres actions. Alors qu'ils ne l'étaient pas. Ils étaient les exécutants de ceux qui avaient désagrégé leur conscience à partir des années vingt, dans cette chute vertigineuse du mark qui avait mis sur le pavé des millions de petits épargnants ruinés, des millions de travailleurs allemands. Le tout était de ne pas se laisser impressionner par le ton autoritaire que les esclaves-tyrans se donnaient.
C'était un masque derrière lequel il n'y avait rien. Il fallait les clouer à leur esclavage.
J'étais arrivée, à travers tant d'épouvantes et tant de coliques, à me convaincre qu'ils n'avaient aucun pouvoir sur moi si ce n'est celui que je leur donnais et je me suis réellement sentie soulagée. Je n'ai même pas été effleurée par le doute que mon diagnostic pouvait être subjectif. Pour moi, son objectivité était indiscutable, prouvée par ses effets sur mon esprit : je ne sentais plus ma peur.
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