La lande sauvée a-t-elle un parking ? La foret vierge sauvée a-t-elle un parking? Les Alpes ont-elles un parking? Toutes en ont un, et que voit-on de ce parking? Le visiteur rentrant à la maison dira inévitablement : la lande n'est plus ce qu'elle était. Donc, le paysage culturel n'existe pas. Il est toujours un entre-deux, un chemin entre le passé et l'avenir, et ainsi un instantané du présent - et un cheminement de la ville vers la forêt vierge -, c'est-à-dire un état intermédiaire entre préservation du paysage et exploitation du paysage.
La reconstitution du paysage culturel est ainsi le produit de sa perception grâce au cheminement à travers les époques; c'est de fait la promenadologie.
La consommation du paysage, telle que nous l'avons décrite pour les Alpes au XIX° siècle, a pris une ampleur mondiale. Avec l'aide de toutes les compagnies de charters, les coins les plus reculés de la planète sont ratissés pour trouver des paysages qui auraient encore assez de charme pour séduire nos yeux. Avec l'apparition d'un tourisme de masse continuel, l'exotisme de nombreuses régions disparaît rapidement. Ni la toundra nordique, ni le Bush africain, ni même le monde ancestral des îles Galapagos ne réussissent à garder le charme de la nouveauté.
Face à cela, on se pose la question, mêlée à la fois d'inquiétude et d'espoir : Quelle est la suite de cette évolution?
La crise déclenchée par le voyage autour du monde de Cook perdure. Si le message de Cook était que le monde exploré n'avait plus de frontière avec l'inexploré, le message d'aujourd'hui est que la ville n'a plus de frontière. Chacun est citadin, chacun vit à la campagne. L'automobile est le lien entre les deux. Le forestier vit en ville et part en voiture travailler dans la forêt; l'employé de banque habite à la campagne et prend sa voiture pour aller travailler en ville: la métropole est partout. Où est la nature dans la métropole ? Certainement pas dans l'agriculture, les fermiers ont été chassés depuis longtemps.