Dans le cadre du projet "Hair in the Wind", en soutien aux femmes d'Iran, proposé par l'artiste Antje Stehn, Lydia Padellec lit son poème "Cri incandescent des femmes debout".
Photo de famille
Le frémissement des lèvres
Avant le sourire
Premier été
entre ses petits pieds
glisse l'océan
(" Sur les lèvres rouges des saisons")
Je regarde mon grand-père : des mésanges dansent autour de lui et un merle sifflote dans le magnolia. Il sourit et me fait un clin d’œil.
Un papillon blanc
Dans la brise légère –
Tiens, un haïku !
Je termine d’attacher ensemble des feuillets pour constituer mon premier carnet de haïkus. Il est tout simple, mais j’en suis fière. Je vais pouvoir inscrire mes petits poèmes.
Chemin de vie
Traversé de brise iodée
l'arbre dans le bleu
(" Sur la trace du vent")
26 juin 2014
Elle est partie. Elle est partie durant la nuit du sols-
tice. La lune rousse souriait et semblait l’appeler. La
dernière fois que je l’ai aperçue au fond de l’écran
noir, sa tête penchait dangereusement vers le sol. De
ses yeux jaillissaient des larmes de sang.
Départ du train
souvenir de ses baisers
sur mes doigts tremblants
(" Poèmes inédits")
Je t'écris inlassablement
à la lisière des arbres
attentive aux notes qui tombent
et à ta voix secrète
Mon amie Yuki est japonaise. Elle est arrivée en France en septembre pour la rentrée des classes. Son père est diplomate et voyage beaucoup pour son travail. Après la catastrophe de Fukushima, il a décidé de quitter le Japon.
Il aime beaucoup la France et dit que c’est le pays des poètes, d’Arthur Rimbaud, de Jacques Prévert et de Robert Desnos. Yuki parle très bien notre langue. Son père souhaitait qu’elle la connaisse le plus tôt possible.
La poignée de la porte est moite
La poignée de la porte est moite. Un rayon s’y
reflète comme un sourire. Un lézard minuscule et
doré se faufile par la serrure. Vers l’extérieur. Le
panneau de bois transpire du parfum des fleurs et
du cri jouissif de la mésange.
J’ouvre la porte. Le bleu m’envahit. Entièrement.
La fille te tourne le dos…
La fille te tourne le dos. Visage en profil perdu,
orienté vers une surface d’un jaune, orangé : une
toile, une fenêtre ouvrant sur un jardin peut-être ?
Tu lui emboites le regard, posé sur ses cinq tiges
malingres couronnées d’une tache blanche. Des
perce-¬neige, l’épure d’une floraison ?
Statue que vient humaniser le mouvement du
cou, la tête penchée vers la droite, la chevelure
noire et drue, coupée court.
…
// Colette Nys-Mazure (Belge 14 mai 1939 - )