Photo de famille
Le frémissement des lèvres
Avant le sourire
Premier été
entre ses petits pieds
glisse l'océan
(" Sur les lèvres rouges des saisons")
Chemin de vie
Traversé de brise iodée
l'arbre dans le bleu
(" Sur la trace du vent")
Je regarde mon grand-père : des mésanges dansent autour de lui et un merle sifflote dans le magnolia. Il sourit et me fait un clin d’œil.
Un papillon blanc
Dans la brise légère –
Tiens, un haïku !
Je termine d’attacher ensemble des feuillets pour constituer mon premier carnet de haïkus. Il est tout simple, mais j’en suis fière. Je vais pouvoir inscrire mes petits poèmes.
Départ du train
souvenir de ses baisers
sur mes doigts tremblants
(" Poèmes inédits")
26 juin 2014
Elle est partie. Elle est partie durant la nuit du sols-
tice. La lune rousse souriait et semblait l’appeler. La
dernière fois que je l’ai aperçue au fond de l’écran
noir, sa tête penchait dangereusement vers le sol. De
ses yeux jaillissaient des larmes de sang.
La fille te tourne le dos…
La fille te tourne le dos. Visage en profil perdu,
orienté vers une surface d’un jaune, orangé : une
toile, une fenêtre ouvrant sur un jardin peut-être ?
Tu lui emboites le regard, posé sur ses cinq tiges
malingres couronnées d’une tache blanche. Des
perce-¬neige, l’épure d’une floraison ?
Statue que vient humaniser le mouvement du
cou, la tête penchée vers la droite, la chevelure
noire et drue, coupée court.
…
// Colette Nys-Mazure (Belge 14 mai 1939 - )
Chute vertigineuse
vide abyssal
ne plus penser à rien
et pourtant –
Un sourire pointe
fantoche de l’insomnie
brise cent fois mes nerfs.
Ne plus attendre –
La tapisserie du souvenir
s'effiloche en silence
Ulysse ne reviendra plus
Il y a dans l’air
l’odeur de l’ombre
qui se mêle
au feuillage pourpre
de novembre
humus et écorce glacés
la sève ne s’écoule plus
l’arbre captif aux racines
frissonne devant la nuit
qui d’un coup vif
s’abat sur la ville
Je t'écris inlassablement
à la lisière des arbres
attentive aux notes qui tombent
et à ta voix secrète