Maamar Rekaiba

Roman politique, semi-science fiction, 271 pages, 2012, ed edilivre



J'ai connu Maamar sur tweeter, et la pertinence de ses phrases, sachant qu'il était auteur, m'a poussé à lire un de ses livres. Je ne suis pas déçu.



ENTAME

Walid nait targui, et le reste dans son coeur, contrairement à sa soeur qui, devenue avocate, se plie au système. Walid devient policier, et ça se passe mal avec les dealers, surtout Maloud un riche dealer dont l'argent et les influences politiques le liberent de prison. Walid ne voit pas les choses de cette manière...



STYLE

Autant envoutant que le désert dont il est issu, ce livre ne fait pas de cadeaux à la société, tout comme les éléments naturels (désert, mer, montagne)n'en font pas à l'Homme. Face aux éléments, le pouvoir de l'argent n'existe pas, et dans ce livre, l'auteur tend vers le même raisonnement.







ATTENTION RESUME

Ce n'est pas un résumé, mais mon intention est de développer mon ressenti par rapport au livre.

Maamar part de ce qui est :

"La justice est au plus offrant"

"L'ambition transforme l'être humain (Khatou)"

Petit à petit, par l'intermédiaire de Walid et ses alliés touaregs, l'auteur développe ses idées :

"On ne dialogue pas avec le mal"

"La drogue fait des bataillons de zombies."

"Tous les êtres humains sont frères, quelque soit le dieu invoqué."

Mais ces principes humanistes se heurtent à l'intérêt matériel des puissants :

Colère contre le corps diplomatique.

Ce drôle de peuple (l'Algérie)

Tout y passe : Tout est soumission : démocratie, dictature, atrocités, certaines nocivités de l'ONU, culpabilité des USA.

Finalement, Walid et ses amis réussissent à surmonter tous ces obstacles gigantesques, et établissent, en Algérie, une société plus juste, au sens divin du terme.



Petite critique :

J'ai été fasciné par l'histoire au début, et les idées au milieu du livre sont aussi les miennes. A la fin, Maamar est tellement pressé d'appliquer ses préceptes dans le fonctionnement du pays qu'il manque quelques développements pour parvenir à nous faire rêver jusqu'au bout !

La croisée des destins :



L’histoire des ancêtres d’abord, dès le beau milieu du 19e siècle, sous la colonisation française.



L’histoire, parsemée d’embûches, d’épines, de douleurs, mais aussi d’emballements, de désirs, de passion d’Amar et de ses contemporains, ensuite.

Amar, enfant chétif, né aussi maigre qu’un clou et aussi léger qu’un fétu de paille, gamin modeste et assez rustre, mais qui, très vite, met toute sa passion dans sa soif d’apprendre et qui, au fil des années, devient un adolescent déterminé ; un lycéen pauvre et fauché, peut-être, mais assoiffé de savoir et pétri d’envie d’écrire ; un fonctionnaire zélé, homme résolu et accompli…



L’histoire, en filigrane, dure, brutale, difficile, sanglante de l’Algérie, pays fracturé en constant bouillonnement, en constante mutation (guerre d’indépendance, guerre civile, islamisation) révélée au travers de la vie, souvent tragique, de certains de ses habitants et occupants.



Une histoire fascinante de destins qui s’entrecroisent que l’on dévore comme un roman d’aventures mais qui, aussi, nous éclaire et dont les réflexions pertinentes de l’auteur nous poussent à la réflexion.



Un livre foisonnant, sincère, humain, intelligent et passionnant.

Tahar, jeune ingénieur sans travail dans une Algérie en crise, se laisse embrigader et devient membre dans le maquis d’un groupe islamique qui s’oppose au gouvernement algérien et à son armée et sème terreur et désolation parmi la population. Pillages, massacres, exactions, règlements de compte se succèdent dans ce microcosme dans lequel les artisans sont meneurs d’hommes et où aucune cogitation de l’esprit n’est tolérée. Devenu machine à tuer pour étancher la soif des autres et servir leurs intérêts, Tahar, après avoir gravi les échelons et s’être fait une place au sommet du groupe, œuvre cependant pour le reflux de la violence et trouve peu à peu, le chemin de la rédemption…

Si l’histoire qui nous est rapportée par Maamar Rekaiba est tout à fait passionnante et se dévore comme un thriller, elle est cependant encore bien plus que cela. Elle nous permet de suivre de l’intérieur les questionnements auxquels furent confrontés les habitants d’un pays soumis aux diktats de puissances étrangères, miné par les trafics de tous genres et infesté d’agents corrompus. Elle nous permet aussi de comprendre les décisions radicales prises par certains, désespérés et influencés par des prédicateurs radicaux. Elle nous permet encore de ressentir toute l’horreur que put signifier la guerre civile algérienne pour sa population.

Parsemé tout au long du récit de pensées profondes poussant à la réflexion, ce livre de Maamar Rekaiba, dont je vous recommande la lecture, est aussi assurément un bel hommage au peuple algérien et à toutes ses femmes.