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Citations de Magali Giovannangeli (33)


La gratuité fonctionne sans formalités. Elle est en quelque sorte une forme supérieure de dérégulation. Supérieure en premier lieu parce qu’elle abolit la règle la plus violente, celle qui a fini par passer inaperçue tellement elle est considérée comme « naturelle », l’inflexible loi du marché : rien pour qui n’a rien ! Supérieure ensuite parce qu’en ne distinguant pas entre les pauvres et les riches, en leur attribuant le même avantage, la gratuité s’évite de contrôler –et de mettre en évidence- la hiérarchie des positions sociales.
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Les bus aubagnais sont de bonne qualité, bien entretenus. Le notaire et la caissière s’y retrouvent et en bénéficient ensemble. Sauf que le notaire et sa famille n’ont pas de difficulté à s’acquitter de l’avantageux abonnement annuel, tandis que la caissière peine à réunir en une fois la somme qu’il lui faudrait, à elle et à ses enfants, pour voyager librement pendant douze mois, que du coup elle paye voyage après voyage et dépense finalement beaucoup plus que le notaire.
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Pourquoi la gratuité et plus généralement les propositions politiques alternatives au libéralisme prennent-elles si peu de place et de visibilité dans les programmes politiques de la gauche ? Pourquoi, même chez ceux qui se réclament d’une sortie du système, en reste-t-on si souvent à des mesures de justice sociale, utiles bien sûr, et souhaitables, mais inaptes à gripper vraiment le moteur à produire de l’inégalité ? Pourquoi la gauche joue-t-elle si souvent petit bras ? C’est comme si on en était resté au vieux duo communiste et socialiste du début du XXe siècle. D’un côté, les « révolutionnaires » affirmaient que seul le basculement total de la société figuré par la révolution prolétarienne et l’étatisation généralisée de l’économie pouvait ouvrir une issue à l’ordre régnant : pas d’îlot de socialisme dans la société capitaliste ! De l’autre les « réformistes » choisissent d’adoucir un système dont ils entérinent de fait l’indépassable pérennité. Mais dans les faits, entre l’alternative pour après-demain et l’alternative pour jamais, il y a une convergence involontaire sur le tout-de-suite : rien de vraiment alternatif n’y serait donc possible.
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Evoquant la difficulté que beaucoup de jeunes des quartiers difficiles éprouvent à se décoller des murs de leurs cités et à investir les centres-ville, elle invoque « des études qui ont montré qu’il y avait aussi un poids important de l’éducation et qu’il y avait aussi des gens qui n’avaient même pas idée de sortir », concluant que « ce n’est pas qu’une question de revenus ». Mais justement, l’expérience montre de façon indubitable, dans le Pays d’Aubagne et de l’Etoile notamment, que la gratuité a cette vertu de « donner l’idée de sortir » et qu’elle résout par elle-même une bonne part de la difficulté culturelle évoquée.
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« Quand on sait qu’une place de parking, c’est 6000 euros, la gratuité, il ne faut pas la regarder uniquement sur le coût de transport, mais la voir de manière plus large sur l’aménagement du territoire. »
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La place publique tout le monde sait spontanément s’en servir : les joueurs de pétanque et les automobilistes, le boulanger quand il fait sa vitrine et le client qui vient chercher sa brioche, le jardinier chargé des bacs à fleurs comme les amoureux sur les bancs publics, le gendarme et le voleur, l’aveugle et le noctambule… Et pourtant ce qui s’y passe est un système complexe. Toucher à une seule de ces fonctions et tout en est modifié. Le platane abattu par la tempête ne donne plus son ombre et les boulistes déménagent. Le bar perd ses habitués. Il ferme. Un distributeur automatique de billets, pratique mais anonyme, prend la place du zinc amical. Les billets excitent l’appétit. On ne sort plus la nuit de crainte des arsouilles… Sans que cela ait été formulé au départ, l’institution de la gratuité a touché à la vie sociale dans toute sa complexité.
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Saine gestion ! L’expression vient et revient comme une injonction permanente de la finance à l’action publique. Elle prend la figure du bon sens, le costume de la raison. Mais dans le costume et sous le maquillage, le personnage n’est pas une ménagère benoîtement soucieuse d’assurer les fins de mois, mais un acteur engagé qui sait exactement ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Cet acteur –le monde de la finance- juge à travers un seul critère : est bon ce qui me renforce.
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La gratuité prend la question de l’alternative à revers. Elle attrape le capitalisme par la queue. Elle ne s’attaque pas d’abord à la propriété du capital, mais subvertit le principe de consommation marchande sur lequel se fonde son expansion continue : non plus « en avoir pour son argent », mais « en jouir selon ses besoins ».
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Moins de trajets en voiture, c’est une usure moins rapide des chaussées, moins de places de parking à construire, moins de CO2 expulsé dans l’atmosphère, moins d’énergie dépensée. Sans être exactement quantifiable, on peut supposer que la plus grande fluidité des rapports humains, les relations apaisées entre les usagers et les conducteurs, le sentiment éprouvé par les jeunes que leur « droit de cité » est concrètement reconnu ont un effet positif dans la lutte contre l’insécurité, qui coûte elle aussi en policiers, en caméras, en contrôles, en réparations, voire en paracétamol contre les maux de tête ou en arnica pour se remettre des bousculades.
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Les rues sont d’accès gratuit. Nous trouvons ça normal et bénéfique, même si chacun sait qu’elles coûtent. Sur le principe, on ne voit donc pas trop pour quelle raison il serait réputé absurde que la collectivité assure la gratuité des transports publics.
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Elle [la gratuité] ne se soumet pas aux rapports marchands. Elle ne les régule pas non plus. Elle les dépasse. Si l’usager n’a plus besoin de payer pour voyager, s’il peut voyager autant qu’il veut et sans ticket, la « loi d’airain » du marché n’est pas simplement corrigée, elle est abolie.
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Et si les dénégations de gratuité, plutôt qu’un verdict de la raison, étaient avant tout un symptôme signalant l’emprise de l’imaginaire marchand sur l’époque ?
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« L’homme-voiture » me terrifie. Ces petites boîtes en tôles roulantes rendent les hommes tristes, isolés et révèlent malheureusement leurs réelles ambitions sociales et leurs échecs. Tandis que les transports publics sont les derniers lieux de rencontre non virtuels de nos sociétés, auxquels on peut ajouter le bistrot du quartier, quand il existe encore !
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