MUSIQUE ARABE
« Aah si le jeune homme était de pierre… »
Que ne suis-je une pierre.
Faut-il, toutes les fois que deux yeux regardent dans le vide,
Que ces nuages me dispersent,
Nuages ?
Et toutes les fois qu’une oiselle égratigne un horizon,
Que je quête une idole ?
Faut-il, toutes les fois que luit une guitare,
Que mon âme cède
À son trépas dans l’écume des navires ?
Faut-il, toutes les fois qu’une femme se trouve femme,
Qu’un éclair, jailli de ma hanche, m’illumine
Et me consume ?
Faut-il, toutes les fois qu’une mauve se fane,
Qu’un oiseau pleure sur un rameau,
Qu’un mal m’atteigne
Ou que je m’écrie : Ô ma patrie ?
Faut-il, toutes les fois que les amandiers fleurissent,
Que je me consume en eux ?
Toutes les fois qu’ils prennent feu,
Que je sois fumée et mouchoir,
Que le vent du nord
Me déchire et que la pluie efface mes traits ?
« Aah si le jeune homme était de pierre… »
Que ne suis-je une pierre.
1984
p.158-159