Citations de Mahmoud Darwich (300)
J’ai la nostalgie du café de ma mère,
Du pain de ma mère,
Des caresses de ma mère…
Et l’enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !
Je crierai dans ma solitude,
Non pour réveiller ceux qui dorment,
Mais pour que mon cri me réveille
De mon imaginaire captive !
Mon père
Un astre passa à l’horizon,
Descendant...descendant.
Ma chemise était
Entre feu et vent,
Et mes yeux pensaient
A des dessins sur le sable.
Et mon père a dit un jour :
Celui qui n’a pas de patrie,
N’a pas de sépulture
... Et il m’interdit de voyager !
L'ART D'AIMER
Avec la coupe sertie d’azur,
Attends-la
Auprès du bassin, des fleurs du chèvrefeuille et du soir,
Attends-la
Avec la patience du cheval sellé pour les sentiers de montagne,
Attends-la
Avec le bon goût du prince raffiné et beau,
Attends-la
Avec sept coussins remplis de nuées légères,
Attends-la
Avec le feu de l’encens féminin partout,
Attends-la
Avec le parfum masculin du santal drapant le dos des chevaux,
Attends-la.
Et ne t’impatiente pas. Si elle arrivait après son heure,
Attends-la
Et si elle arrivait, avant,
Attends-la
Et n’effraye pas l’oiseau posé sur ses nattes,
Et attends-la
Qu’elle prenne place, apaisée, comme le jardin à sa pleine floraison,
Et attends-la
Qu’elle respire cet air étranger à son cœur,
Et attends-la
Qu’elle soulève sa robe qu’apparaissent ses jambes, nuage après nuage,
Et attends-la
Et mène-la à une fenêtre, qu’elle voit une lune noyée dans le lait,
Et attends-la
Et offre-lui l’eau avant le vin et
Ne regarde pas la paire de perdrix sommeillant sur sa poitrine,
Et attends-la
Et comme si tu la délestais du fardeau de la rosée,
Effleure doucement sa main lorsque
Tu poseras la coupe sur le marbre,
Et attends-la
Et converse avec elle, comme la flûte avec la corde craintive du violon,
Comme si vous étiez les deux témoins de ce que vous réserve un lendemain,
Et attends-la
Et polis sa nuit, bague après bague,
Et attends-la
Jusqu’à ce que la nuit te dise :
Il ne reste plus que vous deux au monde.
Alors, porte-la avec douceur vers ta mort désirée
Et attends-la...!
Vous, qui tenez sur les seuils, entrez
Et prenez avec nous le café arabe.
Vous pourriez vous sentir des humains, comme nous.
Vous, qui tenez sur les seuils,
Sortez de nos matins
Et nous serons rassurés d'être comme vous,
Des humains!
J'imagine
J'imagine
et il n' y a pas de mal à cela
ni d'illusion;
que, d'un fil de soie, je coupe le fer,
que d'un fil de laine,
je construits les tentes du lointain
et que je leur échappe
et échappe à moi-même
car je suis...comme je suis!
On dit que la poésie se définit par son contraire.
Mais quel est le contraire de la poésie ?
Ici, sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l’ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l’espoir.
La Palestine est belle - oui la Palestine est belle
Variée riche - riche en histoire
C'est une terre de mythes
de pluralismes
et elle est fertile malgré le manque d'eau
elle est modeste aussi
la nature y est modeste
c'est un pays simple
Voici la terre de mon poème
et dans ces terres je me sens un peu étranger
il est vrai que l'on peut se sentir étranger
même dans son propre miroir
il y a quelque chose qui me manque
et ça me fait mal
je me sens comme un touriste
sans les libertés du touriste.
Etre en visite me mine,
quoi de plus éprouvant que se rendre visite à soi même...
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Extrait d'un documentaire "Mamhoud Darwich : Et la terre comme une langue" de Simone Bitton
Sur cette terre
Il y a sur cette terre ce qui mérite de vivre :
les hésitations d’avril,
l’odeur du pain à l’aube,
les opinions d’une femme sur les hommes,
les écrits d’Eschyle,
les débuts d’un amour, de l’herbe sur des pierres,
des mères se tenant debout sur la ligne d’une flûte
et la peur qu’éprouvent les conquérants du souvenir.
Il y a sur cette terre ce qui mérite de vivre :
la fin de septembre,
une dame qui franchit la quarantaine avec tous ses fruits,
l’heure de la promenade au soleil en prison,
un nuage mimant une nuée de créatures,
les ovations d’un peuple pour ceux qui montent à la mort souriants
et la peur qu’ont les tyrans des chansons.
Il y a sur cette terre ce qui mérite de vivre :
il y a sur cette terre, le commencement des commencements,
la fin des fins,
On l’appelait Palestine et on l’appelle désormais Palestine.
Madame je mérite, parce que vous êtes ma dame, je mérite de vivre.
"La poésie, mon ami, est cette nostalgie inexplicable qui fait d'une chose un spectre et d'un spectre une chose."
Le point de départ du poème peut-être une idée, une situation, un événement, une interrogation métaphysique ou un fait divers.
Le poème ressemble à des nuages dont il faut transformer les formes en images, et les images surviennent lorsqu'elles trouvent leur cadence. Je commence invariablement par un tempo.
Voici ma langue,
collier d'étoiles aux cous de ceux que j'aime.
Une rime pour les Mu'allaqât
- Pourquoi nous demande-t-on maintenant de reconnaître Israël ?
-Pour votre salut , pour le salut du monde .
-Quand on se noie , on n'a pas envie que le courant soit plus fort . Quand on se brûle , on ne désire pas que les flammes soient attisées . Quand on est pendu , on ne souhaite pas que la corde soit solide .....
... Nous passons sur le chemin,
Enchaînés,
Prisonniers.
Laquelle, de ta main ou de la mienne,
A endolori l'autre?
Je ne sais.
Mais aucune ne planta cette fois,
Dans ta poitrine ou la mienne,
Le dard du souvenir.
Quand tu contemples une rose
qui a blessé un mur et que tu te dis :
J’ai bon espoir de guérir du sable,
ton cœur verdit…
Quand, par une journée belle comme une icône,
tu accompagnes une femme au cirque
et que tu es convié à la danse des chevaux,
ton cœur rougit…
Quand tu comptes les étoiles, que tu te trompes
après la treizième et que tu t’assoupis
comme l’enfant
dans la bleuité de la nuit,
ton cœur blanchit…
Quand tu marches et
que tu ne
trouves pas
le songe
allant devant toi comme l’ombre,
ton cœur jaunit…
La disposition vitale au renouvellement est le ferment du besoin de créer.
" Maintenant un ami m'interroge :
Qu'est le bonheur à présent ?
Puis s'en va pressé, sans attendre la réponse "
(A douze ans) j'ai compris que la poésie est une affaire plus sérieuse que je ne croyais et qu'il me fallait décider de poursuivre ou d'interrompre ce jeu dangereux.
"Ne pourrais-tu éteindre une lune ?
Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je m’endorme ?
Que je m’endorme, un moment, sur tes genoux et que se réveillent les mots
Pour louer les vagues de ce blé qui croît entre les nervures du marbre ?
Tu m’échappes, gazelle apeurée qui danse autour de moi et danse
Et je ne parviens pas à rattraper un cœur qui mord tes mains et crie : Reste
Que je sache de quel vent se lèvent sur moi ces nuées de colombes
Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je vois
La vanité de la gazelle assyrienne qui poignarde son chasseur, d’une lune ?
Je te cherche mais ne trouve pas le chemin. Où est Sumer
en moi… et où est le pays de Shâm ?
Je me suis souvenu que je t’avais oubliée. Danse donc au firmament des mots."