L'œuvre de Walter Bondy reste à redécouvrir, celle d'un grand artiste profondément humain. L'exil et la mort prématurée ainsi que la perte de bon nombre de ses œuvres ont fait que Walter Bondy, cette figure capitale des échanges artistiques entre la France et l'Allemagne et l'Autriche, ce pionnier du Café du Dôme et de Sanary, est tombé dans l'oubli. Depuis quelques années, on le redécouvre peu à peu, on lui consacre des expositions. Le fonds photographique de Walter Bondy est aujourd'hui conservé et classé à la Bibliothèque municipale de Toulon, ce qui facilite le retour de l'artiste sur la scène publique. La ville de Sanary s'emploie elle aussi à mettre cet héritage en valeur, dans son enceinte comme à l'étranger. On peut espérer que Bondy retrouve la place qui lui est due.
Dans ses aphorismes, Walter Bondy nota : "Tout ce qu'on peut remplacer est éphémère. Seule la personnalité est irremplaçable et immortelle".
N.B. : Sanary-sur-Mer qui était à l'époque un petit village de pêcheurs sur la Côte d'Azur, devint ainsi, entre les années 1933 et 1944, le point de rencontre d'écrivains et d'artistes célèbres : Heinrich Mann, Thomas Mann, Lion Feuchtwanger, Franz Werfel avec Alma Mahler-Werfel, Joseph Roth, René Schickele, Ludwig Marcus, Stefan Zweig, Alfred Kantorowicz, Julius Meier-Graefe et beaucoup d'autres. Ludwig Marcus donna au village, au cours de ces années-là, le titre de "Capital secrète de la littérature germanophone".
La Côte d'Azur : la gloire d'avoir inventé ce nom revient à Stephen Liégeard, né en 1830 à Dijon, ville de la Côte d'Or. Ce fonctionnaire et écrivain avait obtenu la bienveillance de Napoléon III grâce à un poème écrit à l'occasion de son mariage avec la princesse espagnole Eugénie. Il fut longtemps maire d'un village bourguignon et se porta en vain candidat à l' Académie Française. Malgré la chute de l'Empire en 1870, il resta bonapartiste et rendit encore visite à l'empereur en exil à Londres. Il mourut en 1925 à l'âge de quatre-vingt-quinze ans alors qu'il était le doyen des maires de France. Si la Côte doit son nom à Liégeard en écho à sa région natale, il faut aussi voir à travers ce choix un hommage à l'impératrice Eugénie qui avait baptisé la côte basque où elle avait vu le jour la Côte d'Argent.0 La définition de Liégeard était claire : "En évoquant la Côte d'Azur, on pense à la route du littoral qui relie Marseille à Gênes".
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La poésie est d'abord plaisir - plaisir des mots, des sons, du parler, de la forme -, et elle devient seulement ensuite un jeu, une affirmation têtue de la volonté de vivre quand on se trouve dans une situation critique. Et elle est aussi magicienne, car elle rappelle l'existence d'autres sphères, renvoie à un au-delà de l'instant présent dans lequel elle se manifeste. La poésie se loge tout à la fois entre les temps et au seuil de l'éternité. Elle rend présent, vivant, actuel tout ce qu'elle implique au moment même où on la récite.
Franz Hessel n'avait pas l'ambition d'être un grand auteur, de créer une grande œuvre. Il ne voulait rien construire mais seulement jouir de ce qui existait déjà et en témoigner. Il ne s'agissait pas pour lui de conquérir, mais de donner à voir. "Nous ne voyons que ce qui nous regarde", écrivit il.