Manuel Lempereur

Le monde de la recherche est probablement l'un de ceux où les autistes de haut niveau et plus généralement des individus qui seraient considérés ailleurs comme différents, peuvent s'intégrer le plus aisément. Pour passer sa vie l'oeil dans une éprouvette au détriment du reste, je crois qu'il faut que nous soyons tous un peu autistes ou sociopathes.

Chacun a droit au respect et reste libre de ses choix tant qu'il ne compromet pas d'une autre l'équilibre politique et économique de notre système. Quand bien même ce serait le cas, il faudrait d'abord prendre le temps de considérer sérieusement leurs propositions avant de prendre la moindre mesure. L'histoire nous a montré à de très nombreuses reprises que des changements profonds et salutaires de notre société ont d'abord été initiés par des minorités qui ont su innover et défendre leurs convictions contre un pouvoir en situation d'inertie.

Chacun avait son mot à dire et tout décision d'importance devait être prise à l'unanimité. Toutefois, comme c'était le cas partout ailleurs dans la société civile, il existait une forme de respect informel pour les individus les plus âgés. Lorsque les conseillers ne parvenaient pas à se mettre d'accord, c'était souvent le plus âgé d'entre eux qui usait de son statut pour inviter tout le monde à s'engager dans la voie du compromis.

"Il est parfois des singularités en apparence anodines, dont on ignore la portée identitaire et auxquelles il s'avère préférable de ne pas toucher."

Vivre avec son frère jumeau n'était déjà pas chose facile au quotidien. Cela demandait des compromis permanents. Alors quand, de surcroît vous vous trouvez relié à votre frère par l'abdomen et que vous savez qu'il en sera toujours ainsi, la vie à deux peut rapidement devenir un véritable calvaire. Toutefois, il serait trop réducteur de s'en tenir à un tel constat. Cela faisait plus de trente ans qu'ils vivaient ainsi et chacun avait su cultiver sa différence. Une différence qui donnait du piment à leur vie.