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Citation de SZRAMOWO


Non. Elle n'était pas comme Lola. Il lui manquait ce rien de velours dans le regard, et même si ses jambes étaient tout à fait prêtes à soutenir la comparaison avec celles de Lola, il y avait moins de fatigue dans leur pose, elles gardaient, semble-t-il, un petit excédent de vitalité, et leurs arabesques sur les planches avaient l'air de s'éteindre trop vite, par pur envie d'en finir avec le spectacle, de rentrer chez soi, de se faire un sandwich, de faire l'amour. Vous souvenez-vous de cette époque passé dans l'univers de Lola, elle qui semblait venir de nulle part, n'aller nulle part ? Les trainées de fumée dessinaient une sorte de de filet sur les objets, telles des termites, elles détruisaient la consistance des colonnes, les corbeilles fleuries sculptées dans le plâtre, les nervures de stuc, les lourds festons des rideaux, les cris aigus, durs, des cuivres de l'orchestre et le ventre ridicule du bongo en cuir bouilli. La fumée oxydait, détruisait tout ce qui n'était pas dans le cercle lumineux dans lequel grandissait Lola, belle caricature de statue vêtue de taffetas, coiffée d'un chapeau claque tricolore. Sa peau blanche ressemblait à la mélancolie, si l'on admet que la mélancolie ait une peau et sa voix...Vous avez oublié sa voix ? Elle griffait lentement le silence. Elle léchait le sang des blessures de ses tons rauques, de ses silences, de ses regards pouvant tout guérir.
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