"Les ambitions inavouées : ce que préparent les grandes puissances " (Tallandier). Rencontre animée par Marc Bélit, au Parvis, le 17 mai 2023.
Le fond de commerce du dramaturge (Rodrigo Garcia) est fondé sur le scandale, la provocation et même si elle tend à rejoindre "l'idéologie dominante de la répulsion de notre monde", elle doit cependant s'en démarquer un peu pour n'être pas trop dans le consensus de l'indignation collective, elle-même forme de la consommation idéologique de masse et complètement indispensable de l'autre. Alors, on verra bien. Le plus drôle (si l'on peut dire) c'est que ce contestataire patenté, s'est vu, lui-même, contesté de fait par la grève des intermittents qui est venue contrarier son installation à Montpellier en 2014 et son plan de communication puisqu'il devait y arriver avec Golgota Picnic sa dernière et très controversée création, qu'il ne put présenter au Printemps des comédiens de Montpellier. Il s'est alors fendu d'une diatribe furieuse et éloquente contre cette impossibilité de jouer qui, de facto, le met dans cette contradiction dont son théâtre vit et tire un peu les ficelles. C'est là ce que le vieux Hegel appelait, l'ironie de l'histoire.
Au fond, ce n'est pas seulement Golgota Picnic qui devrait aujoud'hui faire vraiment scandale, mais le Tartuffe de Molière, toujours d'actualité avec son cortège de faux dévots et de vrais opportunistes.
Ce soir-là je quittai le théâtre avec le regret de n'avoir pu partager tout cela avec ces jeunes filles qui s'étaient égaillées comme un vol de moineaux, étourdies comme on l'est à leur âge et sans que la proximité offerte du théâtre n'aient pu les retenir. C'est Vilar qui disait : "le peuple à besoin de beauté", mais c'est aussi comme l'amour selon Lacan, encore faut-il pouvoir le donner à qui n'en veut pas !
Le spectacle est un univers visuel et sonore, peuplé par les artistes et les clameurs du public. Dans une salle naissent des plaisirs singuliers et inoubliables.
Comment les restituer, comment les raconter ?
Léo Ferré, Barbara, Pina Bausch, Ariane Mnouchkine, Alwin Nikolaïs, Jeanne Moreau, Michel Petrucciani, Mistlav Rostropovitch, Peter Brook - et tant d’autres.
Directeur d’une grande salle de spectacle, Marc Bélit a vu, entendu, aimé les performances des meilleurs créateurs de ces dernières décennies. Son récit est un « partage du soir», ce moment si particulier où l’on vient s’asseoir face à une scène pour écouter des histoires, admirer des corps qui dansent, entendre des musiques d’ici et d’ailleurs, pour vivre ces instants où les projecteurs éclairent au-delà de la salle et du présent.
Un livre de souvenirs pour l’amour de l’art et des artistes.
Enfin, c'est une soirée où l'on s'emmerde avec élégance [...]
« L'intelligence, c'est le seul outil qui permette à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur »