Marc Kravetz

Fondamentalement — et définitivement — rebelle, opposant, libertaire, Armand Gatti n’a jamais volé avec le vent. Quand, en 1976, le poète et metteur en scène clairement ancré à gauche débarque à Saint-Nazaire, c’est avec l’évidente sympathie politique de la Maison des jeunes et de l’éducation permanente qui l’invite et s’attend peut-être à un compagnonnage tranquille. C’est sans compter sur l’esprit critique de l’activiste Gatti…

Car avec sa Tribu notamment composée des jeunes Marc Kravetz, Michel Séonnet, Michel Arbatz, Jean-Pierre et Luc Dardenne, l’ancien résistant et déporté, alors âgé de cinquante-deux ans, ne décide pas moins que de dénoncer le système psychiatrique soviétique utilisé à des fins politiques et répressives, en exigeant, avec l’appui des Nazairiens qui le suivent, la libération, arrachée en décembre 1976, du mathématicien «dissident» Leonid Plioutch, pour l’accueillir à Saint-Nazaire, ville où des communistes siègent alors au conseil municipal. Les réactions seront passionnelles, pour ou contre, jusqu’aux incendies et aux menaces de mort.

«Il a fallu trente-trois ans pour que ce livre paraisse sereinement» écrit Gilles Durupt qui, en 1976, à 28 ans, dirigeait la MJEP. Crever l’abcès, c’est bien cela qu’a fait la meet en publiant ce très beau livre de textes et d’images, riche des contributions et témoignages de Armand Gatti, Marc Kravetz, Michel Séonet, Leonid Plioutch et Gilles Durupt.



Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 51 page 23, printemps 2010


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