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Citation de Blok


Blok
10 février 2024
— Vous vous rappelez, onze heures et quart, c’est l’heure à laquelle le bombardement avait commencé. Tout à coup, le souvenir de ma lecture de l’avant-veille, qui s’était enfui de ma mémoire, est venu m’assaillir : « Malheureuse planète ! Astre sombre roulant aux marches de l’infini… » En même temps, j’ai été pris d’un affreux vertige. Dans ma tête alourdie, les mots se figeaient en nombres monstrueux qui, peu à peu, revêtaient eux-mêmes une forme et une. Je sentais peser en moi la présence réelle d’Uranus. J’embrassais l’immensité de la planète obscure, je touchais sa solitude. Comment pouvez-vous me croire si je vous dis simplement que j’en éprouvais les dimensions et la pesanteur ? Et même si vous l’admettez, vous ne parviendrez pas à imaginer ma souffrance
. . . .
Chaque soir, à onze heures et quart, le combat recommence et se poursuit toute la nuit à travers mon sommeil. Jusqu’au réveil, à la délivrance du matin.
Watrin regarda l’humble mobilier de la petite chambre, la pluie, les ruines et les champs sous la pluie.
Le matin, en ouvrant les yeux, je retrouve enfin la Terre, je reviens dans la patrie des rivières et des hommes. Qu’elle est belle la Terre, avec ses ciels changeants, ses océans bleus, ses continents, ses îles, ses promontoires, et toute la vie, toute la sève, qui frémit dans sa ceinture, qui monte dans l’air et dans la lumière. Cher Archambaud, je vous vois sourire. Ces splendeurs, trop heureux, vous n’y pensez plus guère. Mais moi, quand mon réveil me délivre, je suis comme le premier homme au matin du monde dans le premier jardin. Mon cœur est gonflé d’admiration, de joie, de reconnaissance. Je pense aux forêts, aux bêtes, aux corolles, aux éléphants (bons éléphants), aux hommes, aux bruyères, au ciel, aux harengs, aux villes, aux étables, aux trésors qui nous sont donnés à foison et il me semble que la journée va être bien courte pour jouir de ces faveurs. J’ai toujours envie de rire et de chanter et si je pleure, c’est d’amour. Ah ! que j’aime la Terre et tout ce qui est d’elle, la vie et la mort. Et les hommes.
— Comment le souvenir de tant de merveilles peut-il m’abandonner toutes les nuits ? Le matin, en ouvrant les yeux, je retrouve enfin la Terre, je reviens dans la patrie des
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