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Citations de Marcel Aymé (465)


L’âne en eut une si grande peine qu’il s’approcha de Marinette en boitillant de ses deux pattes et se mit à lui lécher les mains. Il voulut lui demander pardon et lui dire quelque chose de doux, mais trop ému, la voix lui manqua et ses yeux s’emplirent de larmes qui tombèrent sur le portrait. C’étaient les larmes de l’amitié.
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Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou. Ses vaches crevaient par deux à la fois, ses cochons par six, et son grain germait dans les sacs. Il était à peine plus heureux avec ses enfants et, pour en garder trois, il avait fallu en faire six. Mais les enfants, c'était moins gênant. Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait à sécher sur le fil. Dans le courant de l'année, à force de sauter sa femme, il arrivait toujours bien à lui en faire un autre. C'est ce qu'il y a de commode dans la question des enfants et, de ce côté-là, Haudoin ne se plaignait pas trop. Il avait trois garçons bien vifs et trois filles au cimetière, à peu près ce qu'il fallait.
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Un matin, de bonne heure, on était au huitième jour de pluie, et les parents se préparaient à aller à la gare, malgré le mauvais temps, expédier des sacs de pommes de terre à la ville. En se levant, Delphine et Marinette les trouvèrent dans la cuisine occupés à coudre un sac. Sur la table, il y avait une grosse pierre qui pesait au moins trois livres. Aux questions que firent les petites, ils répondirent, avec un air un peu embarrassé, qu'il s'agissait d'un envoi à joindre aux sacs de pommes de terre. Là-dessus, le chat fit son entrée dans la cuisine et salua tout le monde poliment.
— Alphonse, lui dirent les parents, tu as un bon bol de lait frais qui t'attend près du fourneau.
— Je vous remercie, parents, vous êtes bien aimables, dit le chat, un peu surpris de ces bons procédés auxquels il n'était plus habitué.
Pendant qu'il buvait son bol de lait frais, les parents le saisirent chacun par deux pattes, le firent entrer dans le sac la tête la première et, après y avoir introduit la grosse pierre de trois livres, fermèrent l'ouverture avec une forte ficelle.
— Qu'est-ce qui vous prend? criait le chat en se débattant à l'intérieur du sac. Vous perdez la tête, parents !
— Il nous prend, dirent les parents, qu'on ne veut plus d'un chat qui passe sa patte derrière son oreille tous les soirs. Assez de pluie comme ça. Puisque tu aimes tant l'eau, mon garçon, tu vas en avoir tout ton saoul. Dans cinq minutes, tu feras ta toilette au fond de la rivière.
Delphine et Marinette se mirent à crier qu'elles ne laisseraient pas jeter Alphonse à la rivière. Les parents criaient que rien ne saurait les empêcher de noyer une sale bête qui faisait pleuvoir. Alphonse miaulait et se démenait dans sa prison comme un furieux. Marinette l'embrassait à travers la toile du sac et Delphine suppliait à genoux qu'on laissât la vie à leur chat. « Non, non ! répondaient les parents avec des voix d'ogres, pas de pitié pour les mauvais chats ! » Soudain, ils s'avisèrent qu'il était presque huit heures et qu'ils allaient arriver en retard à la gare. En hâte, ils agrafèrent leurs pèlerines, relevèrent leurs capuchons et dirent aux petites avant de quitter la cuisine :
— On n'a plus le temps d'aller à la rivière maintenant. Ce sera pour midi, à notre retour. D'ici là, ne vous avisez pas d'ouvrir le sac. Si jamais Alphonse n'était pas là à midi, vous partiriez aussitôt chez la tante Mélina pour six mois et peut-être pour la vie.
Les parents ne furent pas plus tôt sur la route que Delphine et Marinette dénouèrent la ficelle du sac. Le chat passa la tête par l'ouverture et leur dit :
— Petites, j'ai toujours pensé que vous aviez un coeur d'or. Mais je serais un bien triste chat si j'acceptais, pour me sauver, de vous voir passer six mois et peut-être plus chez la tante Mélina. A ce prix-là, j'aime cent fois mieux être jeté à la rivière.
— La tante Mélina n'est pas si méchante qu'on le dit et six mois seront vite passés.
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Il y a tant de saloperies dans le monde que tout le monde se fout du scandale à présent.
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Marcel Aymé
Les riches d'aujourd'hui, c'est comme les fromages trop faits, ça ne sait plus garder les distances.
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S’emparer ainsi du bien d’autrui, c’est très gênant, même à l’imaginer dans son lit. Mais avoir faim, c’est gênant aussi. Et, quand on n’a plus de quoi payer le loyer de sa mansarde et qu’il faut l’avouer à sa concierge et faire des promesses au propriétaire, on se sent tout aussi honteux que si l’on avait dérobé le bien d’autrui.

LES BOTTES DE SEPT LIEUES-P129
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Une jument verte? Ce doit être aussi rare qu'un ministre vertueux.
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La petite poule blanche prit son rôle si à cœur qu'elle devint un véritable éléphant, ce qu'elle n'avait pas osé espérer.
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D'abord il lui fallut renoncer aux canapés et à tout autre accessoire surgissant dans un tête-à-tête gracieux. Le vétérinaire n'entendait pas ces façons-là. Il fallait faire l'amour au lit, et à l'heure où il était raisonnable d'être au lit. Avant de se coucher, Ferdinand urinait dans un pot. C'était la seule circonstance où il se sentît parfaitement à l'aise de porter la main à son sexe en présence de sa femme. Il se sentait encouragé, installé dans cette attitude, par tous les Haudouin qui en avaient usé ainsi. C'était une opération honnête, sans mystère, et ce bruit d'eau vive auquel il était habitué depuis l'enfance lui était une chanson de quiétude bourgeoise. Hélène mit du temps à s'y accoutumer.
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12 mai. – Le marché noir des tickets de vie est en train de s’organiser sur une vaste échelle. Des démarcheurs visitent les pauvres et les persuadent de vendre quelques jours de vie afin d’assurer à leurs familles des moyens de subsistance complémentaires.
[…]
12 juin. – Les tickets de vie s’achètent à des prix astronomiques et l’on n’en trouve plus à moins de cinq cents francs. Il faut croire que les pauvres gens sont devenus plus avares de leur existence et les riches plus avides.

LA CARTE P 57
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Sous un ciel bas, dans le grand vent du nord qui soufflait sur le canal vers la Seine, le jour semblait mourir de froid. Adossé au comptoir, dans la pénombre chaude de l'établissement, Martin regardait à travers la vitre le crépuscule glacé où passaient des silhouettes torturées par la bise.
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Les parents, pour se lever, avaient l'habitude de se régler avec le chant du coq. Ce matin-là, par ordre du canard, le coq ne chanta pas et les parents, derrière leurs persiennes closes, restèrent endormis.
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A plat ventre dans le pré, Delphine et marinette étudiaient leur géographie dans le même livre, et il y avait un canard qui allongeait le cou entre leurs deux têtes pour regarder les cartes et les images.
C'était un joli canard.
Il avait la tête et le col bleus, le jabot couleur de rouille et les ailes rayées bleu et blanc.
Comme il ne savait pas lire, les petites lui expliquaient les images et lui parlaient des pays dont le nom était marqué sur les cartes.
- Voilà la Chine, dit Marinette. C'est un pays où tout le monde a la tête jaune et les yeux bridés.
- Les canards aussi ? demanda le canard
- Bien sûr. Le livre n'en parle pas, mais ça va de soi.
- Ah ! La géographie est quand même une belle chose...Mais ce qui doit être plus beau encore, c'est de voyager.
Moi, je me sens une envie de voyager, si vous saviez...
(extrait de "Le canard et la panthère", nouvelle du recueil paru chez "Folio" en 1985))
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Dire qu'il a en lui de quoi faire un assassin, un voleur, un mouchard, un traître, un satyre, et qu'il sera très probablement un brave type comme tout le monde, et peut-être un héros ou un saint...
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Quand les poules auront des dents, vous regretterez peut-être de les avoir maltraitées autrefois.
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Un après-midi, après l’heure des visites, Frioulat, ordinairement bavard, demeura longtemps muet, le regard fixe, comme ébloui. À Antoine qui lui demandait ce que signifiait son silence, il se contenta d’abord de répondre :
— Mon vieux, c’est formidable.
Il exultait visiblement, et toutefois son bonheur semblait traversé par un remords qui l’arrêtait au bord des confidences. Enfin, il s’y décida :
— J’ai tout raconté à ma mère. Elle va me les acheter. Je les aurai en rentrant chez moi.
Antoine en eut froid au cœur. Les bottes n’étaient déjà plus ce trésor commun où chacun avait pu puiser sans risque d’appauvrir le voisin.

LES BOTTES DE SEPT LIEUES - P130
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M. Rebuffaud hocha la tête et resta songeur. L’affaire lui paraissait déjà moins extravagante. L’exemple du percepteur, l’assurance donnée que d’autres contribuables connaissaient la même épreuve, lui rendaient presque acceptable l’idée d’abandonner sa femme au fisc. Il en vint à s’attendrir sur lui-même en songeant à la grandeur de son sacrifice, tant qu’à s’admirer, une chaleur d’héroïsme lui monta aux joues. Enfin, pour tout dire, sa femme était d’un caractère maussade et n’avait jamais été jolie. Au fond de lui-même et sans se l’avouer, il y renonçait assez facilement. En serrant la main du percepteur, il poussa un soupir qu’il força un peu.
LE PERCEPTEUR D’EPOUSES P112
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Marcel Aymé
Ces caves infernales du rêve et de l'inconscient que nos scaphandriers de la littérature se flattent d'explorer.

"Le confort intellectuel".
Cité par J.P Favard in "le fantôme du mur".
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"Comme il prenait ses mâles dispositions, elle releva docilement ses jupes et lui offrit ce qu'il fallait de peau nue."
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Marie-Anne jouait au piano une chanson d'Edith Piaf. Archambaud écoutait avec une attention émue, croyant y reconnaître un morceau de Chopin.

(Incipit).
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