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Citation de jvermeer


Marcel Proust
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« Je sais bien que ce sont de simples pochades, mais je ne trouve pas que ce soit assez travaillé. Swann avait le toupet de vouloir nous faire acheter une « Botte d’Asperges ». Elles sont même restées ici quelques jours. Il n’y avait que cela dans le tableau, une botte d’asperges précisément semblables à celles que vous êtes en train d’avaler. Mais moi je me suis refusé à avaler les asperges de M. Elstir. Il en demandait trois cents francs. Trois cents francs une botte d’asperges ! Un louis, voilà ce que ça vaut, même en primeurs ! Je l’ai trouvée roide. Dès qu’à ces choses-là il ajoute des personnages, cela a un côté canaille, pessimiste, qui me déplaît. Je suis étonné de voir un esprit fin, un cerveau distingué comme vous, aimer cela. »
Le Côté de Guermantes

En réponse à notre conversation avec Anna (Annacan) concernant Marcel Proust et la peinture de Claude Monet, toute l’œuvre de Marcel Proust dans la Recherche abonde constamment de références picturales.
Dans l’extrait ci-dessus, Proust incite le lecteur à deviner que le tableau peint par Elstir fait référence à la toile de Manet. Ainsi, il laisse reconnaître dans le personnage d’Elstir, Manet lui-même.
Proust vit chez le collectionneur Charles Ephrussi plusieurs toiles de peintres impressionnistes, dont ce « Bouquet d’asperges » et une deuxième toile « L’Asperge » dont je ne parlerais pas ici car cela serait trop long. Il apparaît que Proust vit chez le collectionneur d’autres tableaux. Une preuve le démontre : le superbe passage, ci-dessous, qu’il écrivit dans Jean Santeuil en 1895 en songeant sans aucun doute à Matinée sur la Seine, près de Giverny peint en 1897 par Claude Monet.
« (…) voyez le reflet bleu des bois, le reflet bleu du ciel, voyez comme tout se tait, comme l’eau écoute le silence des rives, comme tout s’amortit, comme tout est bleu et déjà un peu sombre à l’ombre bleue des bois sur l’eau, tandis qu’au milieu, dans le reflet bleu du ciel, de la lumière persiste encore, en dernier reflet (chez Ch. Ephrussi). » - Jean Santeuil

Les commentateurs semblent s’accorder pour affirmer que Proust a écrit un autre passage avec « un monsieur en haut de forme au milieu de filles en cheveux » d’après « Le Déjeuner des canotiers » peint pas Auguste Renoir en 1881, qu’il vit également chez Charles Ephrussi.

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