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Citation de enjie77


Le 20 février 1864, la veille du jour où Kevin allait être libéré, une bataille eut lieu à Ocean Pond. Ce fut un étrange coup du sort, un combat décidé à l'improviste - une erreur du commandement. Les hommes furent brusquement alertés et disposés en ordre de bataille. Tout se passa si rapidement que la plupart se trouvèrent face à l'ennemi avant même d'avoir compris ce qu'on exigeait d'eux. Kevin, alors âgé de plus de trente ans, n'était guère entouré que d'adolescents sans expérience, qui jamais encore n'avaient pris part à aucun engagement. Le destin leur réservait une autre surprise : ils affrontaient une compagnie appartenant à une brigade de l'Union qui, pour la première fois, réunissait des combattants blancs et des combattants noirs. Et les jeunes garçons du Sud, terrifiés à la vue de ces adversaires noirs, poussaient des jurons enragés. Kevin, quant à lui, n'avait pas peur et n'éprouvait aucune colère. Il avait l'impression de contempler les évènements de très loin, avec le détachement d'un spectateur que tout cela ne concernait pas directement. Soudain, il trébucha et se trouva face à face avec un géant noir. Le soldat tenait sa baïonnette pointée vers Kevin mais celui-ci ne s'en émut pas ; ce qui le bouleversa ce fut l'expression de haine sur le visage du nègre. Kevin souleva sa baïonnette pour se défendre, et cependant qu'il atteignait son adversaire à l'aine, il sentit une lame qui lui déchirait l'abdomen ; se raidissant, il saisit d'une main l'arme du nègre et appuya vigoureusement sur son propre fusil. L'assaillant bascula en arrière avec un cri perçant et Kevin, luttant contre la douleur, retira la lame enfoncée dans son ventre. Pressant la blessure des deux mains, il se traina péniblement vers l'arrière avec l'espoir de se retrouver en sécurité et aux soins d'un médecin, avant d'avoir perdu connaissance. Pour le moment, il gardait tout son esprit mais la douleur ne diminuait pas ; il sentait le sang chaud qui jaillissait entre ses mains et le voyait s'écouler le long de la jambe. Soudain, sans plus savoir où il était, il s'étendit de tout son long et à sa grande surprise, il s'entendit dire : "Oh, mon Dieu, pitié, mon Dieu!".

Page 236 (Je pense à Rimbaud - "Le dormeur du Val") Kevin ne voulait pas de cette guerre!
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