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Citations de Margaret Walker (29)


Les six esclaves, tous des mâles, étaient torse nu. Pour vêtement, ils n'avaient qu'un pantalon de coton en loques, coupé aux genoux et retenu à la taille avec une cordelette. Et la corde qui les liait entre eux était également nouée à la taille comme une seconde ceinture. Les pieds nus, ils allaient lentement sur le sol marécageux, parmi les ronces et les herbes coupantes ; ils ne se souciaient pas des écorchures mais évitaient soigneusement les serpents. Ils entraînaient avec eux un nuage de mouches, de moucherons et de moustiques qu'ils essayaient vainement de chasser de leurs mains alourdies par les chaînes. Tous, sauf le plus jeune, étaient luisants de sueur. Le plus jeune, celui qui tombait, avait la peau sèche et tendue sur les os. Une longue cicatrice traversait son visage. Le fouet avait aussi labouré son dos où la chair formait un épais bourrelet par-dessus la plaie refermée. Le garçon n'arrêtait pas de geindre ; tantôt il soupirait une plainte assourdie, pareille à un faible râle, tantôt sa voix s'élevait, criant une mélopée inarticulée. Agacé, Grimes recommença à le frapper puis il se ravisa ; après tout, ils allaient bientôt arriver à la plantation.
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- C'est pas des occupations pour toi, dit-il avec mauvaise humeur, de traîner par tout le pays chez ces racailles de Blancs pauvres, à leur vendre des œufs. Jai décidé que je te conduis plus en ville parce que ça suffit comme ça!

- Ecoute bien, Innis Brown, je danse pas comme tu siffles si ta musique me plaît pas! Et je saute ma gigue même si tu chantes autrement!

page 405 - (J'adore!)
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Déjà s'annonçait le temps des récoltes. Le coton, le maïs, la canne à sucre prospéraient sous le soleil de juillet. C'était un été de Georgie - de longues journées arides et des nuits brèves adoucies de brume. C'était un été que Vyry n'oublierait jamais. Elle avait accepté de revoir Randall Ware et s'était donnée à lui. Elle n'aurait pu dire, à la fin de l'été, combien de nuits ils avaient passés ensemble à s'aimer dans les champs. Elle n'aurait pu exprimer exactement ce qu'elle ressentait ; elle subissait, sans chercher à se l'expliquer, la passion tumultueuse qui les unissait. Elle avait cessé de se défendre contre lui car elle avait découvert qu'il la délivrait de tous ses cauchemars terrifiants. Elle ne se réveillait plus au milieu de la nuit en pleurant et en appelant maman Sukey ou tante Sally. Vaincue par la force et la douceur de l'amour, elle ne pensait plus à l'horrible mort de Grandpa Tom, à Lucy marquée au fer rouge, à ces deux femmes pendues face à la foule. Le passé n'existait plus et le présent se trouvait réduit à l'instant immédiat. Les souvenirs douloureux s'étaient estompés, elle les avait oubliés ; isolée, écrasée sous le tendre poids d'un corps noir comme la nuit, elle ne connaissait que le mouvement régulier du plaisir. Elle ne s'expliquait pas pourquoi elle avait abandonné toutes ses résolutions et cédé à l'étreinte fougueuse de ces bras de fer ; pourquoi, sans attendre la liberté et le mariage, elle avait écouté l'appel insinuant de l'été. Elle demeurait silencieuse ; elle ne disait pas à Randall Ware qu'entre ses bras, elle avait trouvé la paix ; elle ne s'avouait pas combien elle tenait à cet amour qu'il lui donnait et qu'elle lui rendait. Et Randall Ware n'était pas plus bavard que Vyry.

Page 127 - La saison des récoltes.
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Des fois, on jugerait bien que les nègres sont l’œuvre du diable et maudits par Dieu. Ils sont mauvais, ils sont bornés ; et, plus ils sont noirs, plus ils sont mauvais ; tous des paresseux, tous des menteurs ! Le Maître, M. Dutton, il les traite bien les nègres, parce qu’il croit que c’est des enfants sans défense et qu’ils n’ont pas de tête ; mais la vérité, c’est qu’ils sont complètement mauvais ; et, rapport à la tête, ils ont la tête carrée. Si on veut se faire entendre d’un nègre, le meilleur moyen c’est le fouet.
(Chapitre 2)
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Le 20 février 1864, la veille du jour où Kevin allait être libéré, une bataille eut lieu à Ocean Pond. Ce fut un étrange coup du sort, un combat décidé à l'improviste - une erreur du commandement. Les hommes furent brusquement alertés et disposés en ordre de bataille. Tout se passa si rapidement que la plupart se trouvèrent face à l'ennemi avant même d'avoir compris ce qu'on exigeait d'eux. Kevin, alors âgé de plus de trente ans, n'était guère entouré que d'adolescents sans expérience, qui jamais encore n'avaient pris part à aucun engagement. Le destin leur réservait une autre surprise : ils affrontaient une compagnie appartenant à une brigade de l'Union qui, pour la première fois, réunissait des combattants blancs et des combattants noirs. Et les jeunes garçons du Sud, terrifiés à la vue de ces adversaires noirs, poussaient des jurons enragés. Kevin, quant à lui, n'avait pas peur et n'éprouvait aucune colère. Il avait l'impression de contempler les évènements de très loin, avec le détachement d'un spectateur que tout cela ne concernait pas directement. Soudain, il trébucha et se trouva face à face avec un géant noir. Le soldat tenait sa baïonnette pointée vers Kevin mais celui-ci ne s'en émut pas ; ce qui le bouleversa ce fut l'expression de haine sur le visage du nègre. Kevin souleva sa baïonnette pour se défendre, et cependant qu'il atteignait son adversaire à l'aine, il sentit une lame qui lui déchirait l'abdomen ; se raidissant, il saisit d'une main l'arme du nègre et appuya vigoureusement sur son propre fusil. L'assaillant bascula en arrière avec un cri perçant et Kevin, luttant contre la douleur, retira la lame enfoncée dans son ventre. Pressant la blessure des deux mains, il se traina péniblement vers l'arrière avec l'espoir de se retrouver en sécurité et aux soins d'un médecin, avant d'avoir perdu connaissance. Pour le moment, il gardait tout son esprit mais la douleur ne diminuait pas ; il sentait le sang chaud qui jaillissait entre ses mains et le voyait s'écouler le long de la jambe. Soudain, sans plus savoir où il était, il s'étendit de tout son long et à sa grande surprise, il s'entendit dire : "Oh, mon Dieu, pitié, mon Dieu!".

Page 236 (Je pense à Rimbaud - "Le dormeur du Val") Kevin ne voulait pas de cette guerre!
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Ils s’étaient rassemblés à la nuit tombée; le maitre considérait cela seul comme une faute terrible. La réunion groupait bien plus de sept esclaves, et cette foule d’esclaves écoutait un Blanc étranger à la plantation et un Noir libre; c ’était un crime, puni du fouet ou de la prison, ou de l’un et l’autre; et si un Noir mourait au cours du châtiment, le Maître blanc regrettait seulement un accident qui lui faisait perdre de l’argent.
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Il considérait, approuvant entièrement la prise de position de ces trois hommes, que le Sud devait vaillamment affronter les périls d’une bataille politique, afin de préserver les droits sacrés des États esclavagistes. Les activités du parti anti-esclavagiste, qui s’affirmait de plus en plus dans le Nord, activités contraires à la Constitution, menaçaient le droit à la propriété et les croyances religieuses fondamentales des habitants de Géorgie, libres citoyens d’un pays libre. Il était du devoir des hommes fidèles à la cause du Sud de combattre ce parti et de l’anéantir en toute justice.
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Les six esclaves, tous des mâles, étaient torse nu. Pour vêtement, ils n’avaient qu’un pantalon de coton en loques, coupé aux genoux et retenu à la taille avec une cordelette. Et la corde qui les liait entre eux était également nouée à la taille, comme une seconde ceinture. Les pieds nus, ils allaient lentement sur le sol marécageux, parmi les ronces et les herbes coupantes; ils ne se souciaient pas des écorchures, mais évitaient soigneusement les serpents.
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Il [Sherman] expliqua qu’il se contentait de faire la guerre, une guerre totale, contre une population entièrement responsable de l’état de belligérance. Il ajouta même qu’il n’en avait pas encore fini avec la Géorgie et qu’il se réservait de saigner à blanc tout le pays.

(Chapitre 35)
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«  Le Sud blanc proclama qu’il ne voulait que des institutrices du Sud, blanches ou noires, mais pas de femmes du Nord, pas de missionnaires yankees colportant des sentiments hostiles au Sud. Les Blancs du Sud alors qu’ils avaient un besoin urgent d’enseignants qualifiés , se comportaient comme le chien affligé de tous les maux possibles et inimaginables , galeux, couvert de puces, bavant, hurlant de douleur , et qui se redresse pour menacer la main charitable qui voudrait le soigner.La guerre avait dévasté le pays... »
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Les gens avec un coeur plein d'amour, ils ont jamais besoin d'un docteur !
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Pourquoi remuer de nouveau des espoirs de liberté ? La liberté, c’est un mot interdit, un mot qu’on n’ose même pas prononcer.
(Chapitre 15)
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Faut jamais trop rire la matin, parce qu'on risque toujours d'avoir à pleurer avant le soir.
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La réunion groupait bien plus que sept esclaves, et cette foule d’esclaves écoutait un Blanc étranger à la plantation et un Noir libre ; c’était un crime, puni du fouet ou de la prison, ou de l’un et l’autre ; et si un Noir mourrait au cours du châtiment, le Maitre blanc regrettait seulement un accident qui lui faisait perdre de l’argent.

(Chapitre 3)
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- Alors, vous êtes décidés à réagir ? Vous voulez vraiment la liberté, ou resterez-vous prisonniers de la peur ?
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- Écoute bien Innis Brown, je danse pas quand tu siffles, si ta musique me plaît pas ! Et je saute ma gigue même si tu chantes autrement.
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Il découvrit que les petits-Blancs, fermiers pauvres, étaient violemment opposés à l’établissement des Noirs. Ils avaient déjà du mal à vivre au temps de l’esclavage, se plaignaient-ils, quand les ”Seigneurs des nègres”, les riches propriétaires d’esclaves, possédaient les meilleures terres, et que les petits-Blancs ne cultivaient que le terrain le plus ingrat. À présent, convaincus que les nègres allaient ramasser toutes les bonnes terres”, ces Blancs pauvres considéraient avec hostilité le Noir qui désirait s’établir à son propre compte.
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Je crois qu'il vaut mieux courir que rester raide sur place. Je préfère que les gens me voient les talons et qu'ils disent "Regardez cette espèce de lâche, regardez-le courir, ce sale nègre puant", plutôt que de leur donner l'occasion de dire "Pour un beau cadavre, c'est un beau cadavre", et d'admirer ma charogne !
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Et tu dois pas être mauvais dans ton cœur et fâché contre personne. Les manières aimables c’est comme un bâton de sucre, il attrape plus de mouches que le vinaigre.
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«  Vyry aurait voulu être aussi libre qu’un oiseau, libre comme ces tourterelles, libre de tournoyer entre ciel et terre, sans se soucier des limites de la plantation ni des poules qui caquetaient en attendant leur déjeuner !
Ah, elle se serait envolée dans la lumière dorée du soleil !
Échapper à la voix de tante Sally qui lui rappelait toutes les corvées du matin! »
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