Les éditeurs sont aussi comme les auteurs. Bien peu méritent ce titre. Un éditeur, un vrai, est un pêcheur qui ne rêve que d’une chose : découvrir au fond d’une huître recouverte de boue, celle-là même qu’on aurait pu oublier, la perle rare.
Devant les manuscrits, autant de butins possibles, mais bien davantage de rebuts, Visage se demande évidemment ce qu’il y découvrira. Souvent, son cœur se suspend, il a un espoir, vite déçu. Tant de gens s’imaginent écrivains, alors qu’il s’agit d’un des métiers les plus difficiles qui soit. Tant de manuscrits reçus ne sont par conséquent qu’un amoncellement de lieux communs, narrations linéaires et banales, sans style, sans vie, souvent prétentieuses et inintelligibles.