Maria Antas

Par une journée printanière et pluvieuse j’ai jeté mon dévolu sur Faut que ça brille ! de Maria Antas, il faut dire que les couleurs de la première de couverture, silhouettes rouges sur fond bleu étaient dans la grisaille très attractives ou était ce peut-être mon subconscient à l’approche d’un grand ménage de printemps qui m’en a susurré l’intérêt.



Bref de fil en aiguille ou plus tôt de serpillière en manches à balai, Maria Antas nous dévoile ses techniques ménagères transmises ou créées, à travers un récit introspectif baigné de nostalgie, nourri de souvenirs ou d’échanges amicaux mais toujours articulé autour de réflexions qui doublé d’un œil acéré par la lecture d’essais, de thèses, de statistiques traite de l’activité ménagère et de la capacité à dompter le chaos.



De digressions érudites ou personnelles émaillées d’anecdotes, de références littéraires (comme l’incipit de La mort d’un père de Karl Ove Knausgård plusieurs fois cité) et bibliographiques, Maria Antas sur un ton léger élève les gestes ménagers du quotidien comme autant de miroirs qui reflètent la personnalité de chacun, son état d’esprit, son âme et son coeur.



L’auteure entraîne le lecteur dans les différents rituels du ménage qu’il soit saisonnier ou hebdomadaire et nous fait découvrir les particularités scandinaves. Mais concentrée sur sa tâche et ses taches Maria Antas avec Faut que ça brille! chroniques sociologiques et ménagères dresse à travers les particularités finlandaises, historiques et actuelles un état des lieux non anodin sur les acteurs (actrices) du ménage révélateur de progrès encore à faire, dans la reconnaissance du métier et de ses agents (main d’oeuvre étrangère exploitée) ou dans l’ergonomie des objets par exemple.



29 jours à tourner autour du pot qui peu à peu élargissent l’horizon, de la pratique à l’analyse de faits socio-économiques, le lecteur est amusé et inévitablement réfléchit au fil des pages sur cette activité dont l’Histoire est jonchée de modèles fictifs ou réels (de la servante à la femme de ménage) et que les politiques ont habilement exploité en se servant des femmes comme vecteurs économiques, de futures consommatrices pour développer le secteur des produits et objets ménagers innovants. En fait avec Faut que ça brille ! Maria Antas en s’attaquant à un thème circonscrit permet de soulever des faits de société, le féminisme, les questions de genre, la mondialisation.



Du maniaque à l’accumulateur, et l’éventail est large, il n’y a pas de profils types face à la saleté ou le tri pour faire reluire sa maison. La gestion de la propreté demande avant tout du bon sens et reflète notre équilibre mental et psychique semble nous dire Maria Antas. Chercheuse, critique littéraire, avec Faut que ça brille ! Maria Antas envoie un clin d’oeil, un hommage à sa mère, femme de ménage, cuisinière puis agent technique, une dénomination dont elle était fière et qui lui permit une ouverture sur le monde à travers les rencontres et les différentes formations qui suivirent.



De mon côté, avant de retourner à ma balayette car le grand nettoyage de printemps n’a pas commencé j’oubliais qu’une des vertus du ménage énoncée par Maria Antas est d’avoir permis à de nombreuses générations, personnes devenues célèbres ou restées inconnues à prendre leur envol du foyer familial.

Alors tous à vous plumeaux !La chasse aux moutons est ouverte.

Atchoum !



Une lecture aux actifs assainissants.