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Citation de Ledraveur


« À certains moments, il semble qu'on ait besoin d'une âme attentive, étrangère à soi, pour s'assurer de ce que l'on est. » Jacqueline Dupuy – Le sabre d'Arlequin -


Marie : …
Je ne reparlai jamais de cet épisode à Pierre, qui lui-même ne m’a jamais posé de question. Les choses s’en sont allées ainsi. Qu'a-t-il pensé de cela ? Et que lui a-t-on dit ? Que lui en reste-t-il aujourd'hui ? Sept ans plus tard, devenu majeur, il me dit, dans un mouvement de colère : « De toute façon, je ne crois pas en la famille ! » Je n'arrive pas à penser que cette phrase est le fruit d’une simple provocation. N'est-elle pas aussi le résidu de cette histoire ?
En l'entendant ainsi, c’est le plus cuisant de mes souvenirs qui me revenait à la figure. Ce jour de folie où j’avais brisé le rêve d’unité familiale d'un enfant, le mien, brutalement et d’un coup sec, comme avec un pic à glace aiguisé. Ce jour où je lui avais insufflé le doute, où j'avais brouillé la vérité, démantibulé l’amour, défiguré le père. Ce jour où il dut penser que tout n'était que faux, l’édifice factice, la famille bouffonnerie. Ce n’était pas seulement une mère qui délirait, c'était un monde qui s'écroulait à ses yeux. Et moi, croyant le protéger, je n’avais été que mauvaise fée, vilaine mère, maman destructrice. Ce jour-là, oui, j'en suis sûre, j’ai — bien malgré moi — fait un mal infini à mon Pierre.
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p. 123
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Le lendemain, mon père vient me chercher et m'emmène à l'hôpital. Je ne résiste pas. Je ne crois pas l'avoir connu plus bouleversé et inquiet que ce jour-là.
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Un univers carcéral en blouses blanches
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Les premiers jours, seul mon mari était habilité à venir me voir. Il pouvait rentrer dans la petite bâtisse aux ouvertures grillagées où se trouvait ma chambre en passant par le sas de sécurité où il était obligatoire de décliner son identité. Derrière sa petite ouverture, le gardien le laissait alors passer.
Je ne sais pas ce qu'ont ressenti les quelques amis qui sont venus. Mon image a dû en prendre un sacré coup. Il y a bien dû en avoir au moins un pour penser que je ne pourrai ressortir d’un lieu pareil...
Dans mon cas, l’hospitalisation a pour but de stopper la crise maniaque et de mettre au point un traitement pour la suite. Stopper la phase maniaque, c'est assez rapide, il y a des médicaments puissants pour cela (des trucs qui vous rigidifient les muscles et même ralentissent la parole, comme l'Haldol, puissant antipsychotique neuroleptique destiné aux « états psychotiques aigus, schizophrénie, délires chroniques non schizophréniques : délires paranoïaques, psychoses hallucinatoires chroniques » !).
Mais mettre au point le traitement pour la suite, c'est assez long.
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