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Sans esquisser ce qu’elle a de scabreux et d’osé, Fragonard a su répondre parfaitement à la commande et peindre le désir, le fantasme pour mieux dire, de l’amant. Son expression extasiée et sa posture évoquent celles d’un homme s’éveillant d’un son et surpris par l’objet de son rêve devenu réalité : une exquise jeune femme, toute de rose vêtue, portée par une élégante balancelle. Un décor artificiel, un fouillis de buissons fleuris, une végétation oppressante dépeinte dans un camaïeu de bleus et de verts où viennent jouer les reflets tantôt argentés, tantôt dorés de la lumière, sert d’écrin à cette rencontre.
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La vérité des objets du musée, c'est ce que nous apprend le moindre croquis de Cézanne, la plus rapide copie de Delacroix ou de Matisse : une vérité à un moment, à travers une vision - mais irremplaçable.
De la peinture naît la peinture : ce n'est pas le spectacle d'un lapin mort qui oblige Chardin à peindre, c'est la vue d'un tableau de Jan Fyt.
C'est peut-être dans ce domaine très particulier des sujets légers que Fragonard a été le plus inventif. Des thèmes apparemment rebattus, il a su faire des mises en scènes surprenantes, inattendues.