Marie-Christine Chartier

Mon père se fâche souvent, mais j’aimais bien quand c’était contre quelqu’un d’autre que moi. Surtout que Mamie était passée maître dans l’art de tourner ses colères en dérision. C’est, je pense, une des choses que j’admirais le plus chez elle. Encore aujourd’hui, je cherche la bonne façon de rire de l’humeur rarement agréable de mon père.
Il ne faut pas trop me prendre en pitié, quand même. Je sais bien qu’au fond, je suis surtout un gosse de riche, né avec une cuillère d’argent dans la bouche et du papier en or pour torcher ses fesses d’acier.