À son avis, la rancune ne servait qu'à coincer les gens, à entraver leurs mouvements et même à les tirer vers l'arrière
Emma revoyait le visage qui n'avait plus rien d'humain, la main qui tirait sur le respirateur, puis la femme enceinte maintenant étendue sur un lit de débris...Et l'homme, encore, qui rigolait ! Cette fois, il portait un habit jaune ensanglanté. Il venait de commettre un meurtre...
Elle s'est débattue. Ma mère aurait ajouté : "comme une diable dans l'eau bénite !". Je l'ai attachée au lit. Solidement. Sa fureur m'a excité.
Ce n’est pas toujours facile d’être sur la même longueur d’ondes.
On doit parfois vaincre nos peurs et prendre des risques…
Certaines attitudes ne mentent pas !
La réalité me rattrape. Je ne peux pas recommencer ma vie, je devrai la poursuivre et accepter de vivre avec les conséquences de mes erreurs. Je suis enceinte d’un enfant à qui je ne peux rien offrir de bon et je devrai assumer les remords causés par mon choix. Thomas possédait des preuves accablantes qui l’auraient mené, un jour ou l’autre, à découvrir l’identité du tueur des Laurentides. Parce que s’il n’est pas le tueur… il possédait tout de même la bague d’une des victimes, ainsi qu’une note et une clé fort mystérieuses.
Le cerveau est comme une machine. Il a besoin de savoir pour composer un comportement, pour cicatriser une blessure, pour permettre de passer à une étape suivante. S’il n’a pas toutes les données nécessaires, le cerveau nous maintient dans une sorte de latence ou de torpeur interminable.
Douze femmes enceintes ont été tuées, vraisemblablement par le même assassin. Douze femmes et douze bébés à naître ! Ça fait beaucoup de gens qui, aujourd’hui encore, ignorent une vérité qui leur permettrait peut-être d’envisager leur avenir avec une certaine sérénité !
Les plus petites tâches devenaient des corvées dont il n’avait pas la force de s’acquitter. Ses étourdissements l’empêchaient de faire plus de quelques pas sans devoir s’appuyer contre un mur. Il tremblait tellement qu’il lui était impossible de tenir un stylo ou de manipuler un couteau. Même s’il savait que les séquelles ne seraient pas permanentes, son orgueil en prenait un coup. Moralement, il ne se reconnaissait plus. Il n’éprouvait plus aucun intérêt pour la vie, comme si ses passions avaient été éteintes en même temps que l’incendie.
Il me faut un moment avant de parvenir à affronter le miroir. Mon reflet n’est pas flatteur. On dirait une femme de quarante ans – presque quinze ans de plus que mon âge réel – dont le visage paraît démesurément ridé, fatigué, vieilli. Mes cheveux bouclés et foncés sont retenus par une queue de cheval défraîchie. Le regard hébété de cette femme m’effraie. Je me répète que je dois être tolérante envers moi-même. Je n’ai pas la vie facile ces jours-ci !
Le pompier, à l’inverse de plusieurs de ses confrères, avait vu d’un bon œil l’embauche de la première femme du service, quatre mois plus tôt. Travaillant à ses côtés depuis son arrivée, il connaissait son efficacité. Emma n’avait aucune marge d’erreur : l’obtention de son poste permanent dépendait d’un dossier sans taches. Les pompiers doutaient de sa force physique, de sa résistance nerveuse ; les épouses la craignaient, détestant d’emblée celle qui partageait les mêmes vestiaires et dortoirs que leurs maris. Emma souffrait beaucoup des doutes persistants de ses collègues et de ses supérieurs. Mais elle tenait bon avec une farouche détermination que William, d’ailleurs, admirait beaucoup.