Le gouvernement français décide d'utiliser la main d'oeuvre que représentent les réfugiés internés.
Le camp se transforme en " marché aux esclaves ". A l'image d'une foire au bétail, ceux qui sont jugés aptes au travail sont exposés sur la place centrale du camp où viennent les sélectionner de petits patrons avides de cette main-d'oeuvre à bon marché et réduite au silence.
L'inspection minutieuse des dents , des yeux , des muscles permet à l'éventuel acquéreur de ne pas être trompé sur la marchandise....
Le salaire sera versé à l'Etat...
La dictature sanglante s'est installée avec l'assentiment du " monde libre ".
En 1942, à la veille de sa mort, un cri du grand poète Miguel Hernandez, s'élèvera en vain, d'une prison d'Alicante :
" L'Espagne n'est plus l'Espagne, c'est une fosse commune, un cimetière immense, tout rouge et bombardé c'est ainsi que l'ont voulu les barbares."
La presse de droite et d'extrême droite se déchaine, donnant le ton au débat en demandant si la France va devenir le " dépotoir" du Monde, allant jusqu'à créer un climat d'angoisse et provoquer un réflexe nationaliste.
Or, en période de récession économique, la xénophobie latente refait surface, et l'étranger, réfugié ou non, peut facilement devenir l'exutoire national.
L'Ariège n'oubliera jamais que sa capitale fut libérée par les guérilleros espagnols. Des soldats de la 3eme brigade sont morts sur notre terre afin que des français soient libres.
Nous, les FFI de l'Ariège, assurons ces guérilleros que l'idéal qui nous a unis, nous oblige à les aider à reconquérir la liberté du peuple espagnol. Si cela est nécessaire nous sommes prêts à prendre le chemin de Madrid et ensemble combattrons les phalangistes de franco et le reste du nazisme.
Déclaration du lieutenant-colonel Aubert commandant des FFI de l'Ariège.
En Catalogne, le drapeau rouge et noir de la Confédération ( CNT ), symbole de la révolution qui avance et de la promesse d'un monde nouveau, pavoise les édifices.
On collectivise à tour de bras les grandes entreprises et on incite les paysans à exploiter en commun.
Des observateurs, au départ sceptiques, sont frappés par l'efficacité de la gestion collective dans les grandes industries. Quant à l'agriculture, il est unanimement reconnu que les résultats obtenus sont admirables.
Ils n'avaient pas l'esprit militaire, écrit le capitaine Dronne à propos de ses hommes de la Nueve pour la plupart anarchistes.
Ils étaient presque tous antimilitaristes, mais c'étaient de magnifiques soldats.
S'ils avaient embrassé volontairement notre cause, c'était parce que c'était la cause de la liberté. Oui, en vérité, c'étaient des champions de la liberté.
La délation va bon train : sur simple dénonciation ou témoignage de " personnes de bonne foi désirant garder l'anonymat ", de nombreux réfugiés sont arrêtés.
Le gouvernement français qui, à aucun moment, n'a voulu s'ingérer dans les affaires espagnoles, n'hésite pas , en février 1939, à interner l'armée républicaine, armée du seul gouvernement légal, alors que dans le même temps il rend les honneurs à l'armée rebelle.
Sans doute le sang sèche vite en entrant dans l'Histoire !
Depuis le soulèvement, chacune des conquêtes nationalistes a donné lieu à des atrocités. Aucun région n'a été épargnée.
Tout au long de leur " croisade ", leurs discours propagandistes ne seront que haine et vindictes bénies par l'Eglise.
François Mauriac dénonce un crime contre l'humanité, commis par un chef catholique qui se dit soldat du Christ et mène une guerre sainte, une croisade bénie par les plus hautes autorités de l'Eglise.