Citations de Marie-Do Fréval (40)
A bâbord toute dans la gamelle
Je mesure le poids de la patate
Si je dis que l'on est dans la purée c'est que l'on est dans la purée
Horizon et oeufs brouillés
Patate au fond de l'oeil vive le cornichon
On n'y voit plus rien, où sont les essuies glaces ?
Visibilité zéro
Redonnez moi la météo
La purée est dans l'assiette, je répète, la purée est dans l'assiette
Moi je demande pardon à mon cul quand je m'assois dessus. Un peu de dignité merde !
Tu me regardes au fond des yeux, tu cherches ce que tu connais et moi aussi je cherche ce que j'ai perdu.
Marianne est une femme et la République, 'de genre féminin'. Quelle contradiction entre la représentation féminine de la nation et la classe politique dirigeante, bastion d'hommes de pouvoir et conservateurs. Pourquoi une effigie féminine raconte-t-elle les luttes d'hier ?
A Nuit Debout, il y avait la queue pour venir téter. Pourtant c'était sous la pluie, c'était la nuit, et le public assis au sol m'éclairait avec des téléphones portables. Et là, je suis place de la République, dans un mouvement Nuit Debout qui peut-être fait frémir quelque chose de notre capacité à reprendre en main la parole publique, un vrai débat.
C'est le moment où tu as agi ou a été agie par l'autre : on entend comment on a voulu te définir.
Tout est toujours vu 500 000 fois, mais les auteurs doivent remettre en jeu les mots pour qu'ils résonnent et racontent à nouveau des histoires. Ce n'est pas parce que les mots sont dans le dictionnaire qu'ils ont réglé leur affaire.
La lutte armée, c'est ça pour une femme artiste, tirer sur son œuvre.
La République, c'est violent. Elle a tué. La République a tué. Aujourd'hui, fiasco, il n'y a pas une seule femme politique qui n'ait pas été traitée de salope. Pas une. Toutes des salopes. Pourtant, elles veulent simplement gouverner au même titre que les hommes. [...] On ne met pas les femmes dans des trous pour les lapider, mais on les agresse verbalement.
Les vieux peuvent se positionner en tant que mouvement social, ils n'ont rien à perdre, ils n'ont plus de patron, ce sont donc les seuls qui peuvent remettre en cause la gouvernance.
La vieille, c'est la position de l'anarchie absolue qui ouvre la pensée ; c'est une résistance absolue puisqu'elle déjoue le pouvoir, la gouvernance.
La Vache, c'est un personnage résistant dans sa forme maternelle qui me permet de parler de la femme dans sa forme animale : elles sont reliées dans leur chair, c'est la femme rentable. La parenté avec la vache est très proche ; je trouvais très politique de parler de la résistance de la vache, car en sous-main arrive tout l'imaginaire de notre civilisation et de la position de la femme complètement démunie, celle qui ne sait pas trop ce qu'elle doit accepter ou non pour être libre. Et puis je suis Normande, la vache est un animal avec lequel j'ai pu compagnonner.
Pour ‘Cœur de vaches’, des gens du CNRS m’ont dit cette phrase qui a été un déclencheur : « Ce qu’on fait à l’animal, c’est ce qu’on se fait à soi-même. »
C'est une parole désuète de ne plus savoir ce qu'on brandit pour exister.
Je parle des fromages et de la terre, pour moi la France, c'est un pays de fromages.
Ma parole politique est plus gargantuesque que politicarde, elle nous re-sculpte dans notre chair.
Les cinq personnages se sont écrits autour d'une dramaturgie globale de la parole publique. C'est une mise en abyme de cette Marianne qui ne parle pas, qui, à la rigueur, prend un visage de star de cinéma, de cette effigie muette d'une République qui va mal, qui n'arrive pas à porter les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité. Sous ce spectre-là je me suis redemandé comment je pouvais éclairer la figure de Marianne.
Finalement, à chaque fois, ce sont les autres qui décident pour moi. C'est ce qui fait que je suis quelqu'un de performance. C'est le rapport à l'autre qui décide de l'oeuvre. La rencontre. C'est moi qui écris, mais il faut que ce soit juste dans le vivant. Et que ce soit dans mon corps, car on a beau me raconter d'autres histoires, pour les comprendre fondamentalement, il faut que ces histoires-là soient miennes. C'est ce qui a été sûrement pertinent, me permettant d'amener mon propre acte fort de théâtre.
Dans mon passé de comédienne, j'ai joué des personnages d'hommes. Une fois, dans une pièce de Roger Kahane au Théâtre de la Huchette : trois femmes arrivaient en robe à volants et se transformaient en hommes façon titis parisiens. Pour ce rôle, je me salissais juste le visage, je mettais un haut-de-forme et un pantalon. Une personne qui me connaissait bien ne m'a pas reconnue en homme. Il n'était pas sûr que ce soit moi, et le fait qu'il soit à ce point troublé m'est resté en tête. J'ai réalisé la force du théâtre. Avec Ema Drouin, j'ai porté la moustache pour jouer un dictateur : c'était la première fois et c'était une évidence, j'enfonçais le clou. En créant de toutes pièces ce personnage, quelque chose s'est inscrit dans ma chair.
Jouer, c'est l'endroit où les autres me disent si je suis vivante ou pas.