Un grand merci tout d'abord aux éditions Deuxième Epoque ainsi qu'à Babelio pour le don et la découverte de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Tentative(s) de Résistance(s) est un livre écrit pour une performance d'acteur ainsi c'est un objet quelque peu original parmi les autres ouvrages squattant mes étagères. Je n'avais pour ainsi dire jamais eu l'occasion de lire ce type d'ouvrage et pour une première occasion, ce fut un vrai plaisir!
Dans la forme dans un premier temps, Tenative(s) de Résistance(s) est particulièrement accrocheur, attirant et complet. le livre est parsemé de très belles photographies, de sublimes croquis et dessins en sus de nombreuses informations complétant le texte (annotations, entretien, petits mots, etc). C'est en somme une belle édition, un bel objet que l'on parcoure goulûment.
Le texte quant à lui, au centre de l'ouvrage, est conçu comme une succession de cinq tentatives (plus une non numérotée) de résistance présentant tour à tour une version au féminin du général
De Gaulle, une vache, une vieille, une Marianne et une artiste inspirée de Niki de
Saint Phalle. Chaque apparition est une tentative, ainsi le temps est limité et la réussite incertaine. Mais tenter c'est déjà résister qu'importe l'issue, qu'importe le fait que résister c'est s'accommoder douloureusement de cette part - plus ou moins latente et déniée - d'impuissance. Chaque figure tente à sa manière en résistant de questionner et d'éveiller les consciences sur le rapport que nous entretenons tous - hommes comme femmes - avec le corps et les représentations de la femme dans notre société contemporaine (voir même dans celle du passé). A l'image de la vache, figure de la mère nourricière réduite en esclavage dont nous dépendons au moins autant qu'elle dépend de nous. A l'image aussi de la Marianne malmenée qui est brandie par tous comme un objet-concept dont on ne sait plus très bien d'où il vient, ce qu'il est censé représenter ni à quoi il doit servir. Demeure que Marianne pose des axiomes péremptoires quant à son statut: Marianne est une "salope", Marianne est le "diable". Et à y regarder de plus près au vu du traitement indigne des femmes politiques (et pas que) dans notre société on ne peut que ployer sous l'argumentaire de ces axiomes car comme le dit
Marie-Do Fréval: "il n'y a pas une seule femme politique qui n'ait pas été traitée de salope".
L'écriture de
Marie-Do Fréval tantôt joyeusement drôle tantôt froidement percutante est un vrai régal de lecture. Parfois crue, parfois douce, souvent juste, l'autrice nous amène dans des territoires de questionnements nouveaux dont cette critique ne fait qu'effleurer la multitude d'interprétations que ce texte peut offrir. A bien y songer je pense que je vais me replonger dans une relecture de
Tentative(s) de Résistance(s), certain d'y trouver ce que je ne cherchais pas en débutant la lecture!