BRUNO FULIGNI présente "Marie-Justine Pesnel, les confessions de madame cent-kilos" Ed JC Lattès
Ceux qui n’ont jamais quitté leur patrie peuvent crier : Vive l’Internationale ! Pour guérir de cette maladie-là, il n’y a qu’à voyager à l’étranger. Quand on a goûté la polenta, dormi dans des lits suisses, reçu la pluie en Belgique, avalé les brouillards de Londres et mangé la cuisine espagnole, on devient chauvin et on préfère vivre en prison en France que dans un palais autre part.C’est pourquoi les Français crient Vivent les étrangers qu’ils ne connaissent qu’au travers des romanciers et des historiens qui ont fait leurs livres dans leur robe de chambre, les pieds sur leurs chenets, décrivant les merveilles de l’Orient qu’ils perçoivent à travers la fumée de leur cigarette.
On sépare totalement le détenu des siens et de la société. La correspondance y est difficile, très surveillée, et le faible lien d'amitié qui a résisté à la condamnation ne résiste pas au temps et au silence.
Le détenu sort isolé et ses nouvelles relations sont celles qu'il a faites en centrale !
À mon avis, que l'administration sache à qui le détenu écrit, mais qu'elle le laisse écrire.
En outre, sauf par fraude, aucune nouvelle du dehors ne pénètre en prison.
On trouve cela bien.
Là encore, le temps fait son œuvre.
On enrage pendant six mois puis on se désintéresse des choses du dehors. Je crois qu'au bout d'un an vous enverriez tous les journaux en centrale que Les Mémoires d'un âne leurs seraient préférés. Je ne vous demande pas d'envoyer la politique dans les prisons, mais enfin une petite revue périodique faite spécialement pour les prisonnières me semblerait une excellente chose ; les tenants au courant des faits du dehors qui peuvent les intéresser sans nuire à personne.
Puis je voudrais la politesse envers les détenus. Plus de hauteur ou de familiarités stupides et bourrues. Si vous voulez relever les gens, commencez par les convaincre qu'ils sont respectables et que leur condamnation ne leur enlève pas le devoir, donc le droit au respect.
« J'aime les choses en grand, Demortier les aimait en petit. Le cœur ému à la vue de l'immensité, que m'importait de disséquer la nature.(...) La vue de la mer, encore à présent, malgré l'habitude, me jette dans une sorte d'extase. Il en est de même pour tout ce qui m'enthousiasme en me charmant. Poésie, musique, amour ! »