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Critiques de Marie-Line Musset (9)
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Pheromones

Que ce soit à lire d'une traite ou à siroter, découverte inattendue que cette dose de "Pheromones" prise tout au long du mois février (c'est qu'avec le froid de l'hiver, j'avais besoin d'un coup de fouet). N'y allons pas par quatre chemins, je connais l'oeuvre de Marie-Line Musset sur le bout des arpions (je lis tout d'elle, jusqu'aux lignes de ses mains). Jusqu'à lors dans le polar et le noir (ce qui n'était pas pour me déplaire, toujours enclin à estourbir un voisin ronchon), l'auteur semble prendre un virage nouveau dans son oeuvre. Je ne m'y attendais pas. Clairement, "Pheromones" ouvre de nouvelles perspectives, et honnêtement, j'ai trouvé l'ensemble plus fort, plus dense, plus mûr ! La dame sait se renouveler et prend un chemin qui me parle davantage : celui de la trouble barrière entre fiction et auto-fiction. Où est le vrai du faux ?



Ici, et pour la première fois, Marie-Line Musset s'offre. Se livre. S'ouvre. On discerne l'auteur derrière la plume. Il y a du vivant. De l'autobiographie. Ça sent le vrai. Pas seulement des histoires lancées comme ça, pour passer le temps ou faire peur à mémé. Non, cette fois, ça défend des points de vue et pue le réalisme. Ça se risque. Et le risque paie ! On s'attache à cette voix qui gagne en corps.



A titre d'exemple, j'ai dégusté le ton de "L'embûche", une critique maquillée des fêtes de Noël. La prose de Marie-Line n'est jamais aussi enlevée que lorsqu'elle use de la première personne, en situation. Drôle et léger, contemporain, vif, plein d'esprit, ça pointe - en nous divertissant un max - les abus de notre société d'abondance, les vétilles du quotidien, nos combats stériles. Dans cette course à la bûche de Noël, le lecteur jubile, le sourire aux lèvres durant toute la nouvelle, face à nos travers tournés en dérision. C'est facétieux et malin. Et quand vient la rupture, le fond, la dure réalité qui remet les pendules à l'heure, la mise en relief en est d'autant plus appréciable.



Le recueil est de la même eau, impliqué, intelligent, distrayant et jamais pesant. La deuxième moitié du recueil me semble supérieure à la première, plus intime aussi. On aimerait bien en savoir plus sur la part de réel dans tout ceci, mais une chose est certaine, Marie-Line Musset a trouvé une veine porteuse, moderne, un ton enlevé et brillant qui pourrait faire les beaux jours des éditions Inédits.
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La Férocité de l'accessoire

Dans "La Férocité de l'accessoire", une part-belle est faite aux "histoires d'amour qui finissent mal", l'autre aux chutes. Fausses pistes et leurres nous orientent sur des sentiers trompeurs. On se laisse berner, flouer, mener par le bout du nez, par la prose raffinée de Marie-Line Musset, quand subtilement, la dame nous happe par surprise ! Ne jamais faire confiance aux femmes, règle numéro une du lecteur éclairé, les chausse-trapes sont trop fréquentes chez ces bêtes-là. Malédiction fatale, c'est une femme qui écrit et des hommes qui tombent.



L'écriture est tantôt médicale (Effets secondaires), tantôt drôle et cynique (L'appel des punaises, La férocité de l'accessoire), tantôt chocolatée (L'affaire du Criollo). Figure principale de l'ouvrage, le couple est ici un détonateur aux pires vengeances, le prétexte au crime. Une biographie de l'auteur révélerait certainement une collection de défunts maris pour une ribambelle d'héritages, mais impossible de vérifier nos sources, tant l'exercice s'avère périlleux.



Des tournures de phrases savoureuses, une langue mêlant le châtié à l'argotique, des références, des révérences, du contraste dans l'écriture, Marie-Line Musset délivre une prose personnelle qui fait mouche. La Baronne du crime a encore frappé, puisse-t-elle ne pas s'arrêter.
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La Férocité de l'accessoire

Couverture sobre et classieuse, collage contemporain qui évoque l'une des histoires, "La Férocité de l'accessoire" nous offre 6 nouvelles dans une veine polar. Sans en dévoiler les intrigues, voici un résumé des synopsis présents dans l'ouvrage.



1. EFFETS SECONDAIRES

Un rêve. Louise a la passion des poissons, des médecins et des médicaments. Moins celle de sa famille. De là à tirer des conclusions hâtives sur la disparition de ses proches, c'est bien mal connaître les intentions de la jeune femme. Puisqu'on vous dit qu'elle aime les poissons...



2. L'APPEL DES PUNAISES

On ne badine pas avec l'amour. Faut dire ce qui est, Marie-Jeanne n'est plus toute fraîche et Jacky n'est plus tout dur. Alors quand Jacky décide de jouer les durs, c'est pour en finir avec sa femme. Le Sterling 302 semi-automatique planqué sous l'oreiller, il attend le moment opportun. Mais diable que les contretemps sont nombreux quand on s'apprête à zigouiller Marie-Jeanne !



3. L’AMÉRICAIN

Quand le Maestro tourne son nouveau chef-d'oeuvre de réalisme dans une Rome en carton pâte de la Cinecittà, mieux vaut se méfier de l'eau qui dort. Surtout quand l'acteur principal se déchaîne sur le décolleté des débutantes, sous l’œil des petites mains à l'entour, il ne faut plus jurer de rien.



4. LA NOSTALGIE DES CARNASSIERS

Prosper aimerait bien l'être davantage. Il a beau tenir un petit commerce de femmes monnayables pour clientèle fortunée, ça ne remplit pas sa passion pour la peinture. Le carnaval de Pau, c'est bien, le fils du Titien, c'est mieux. A moins que l'irrésistible Donna ne s'en mêle, mais alors là, tout peut vite devenir explosif.



5. LA FÉROCITÉ DE L'ACCESSOIRE

A quoi rêvent les jeunes filles ? Sandrine se fait offrir un guide sensé bouleverser la libido de son couple : "Où s'embrasser dans Paris ?". Jean-Mi se soumet à la galoche prescrite. Une fois. Deux fois. Rien ne lui convient, surtout pas les figures imposées. Torticolis et obligations viennent gripper la mécanique du couple. Les deux sangsues se ruinent en restos, hôtels, dépenses superflues, pour simplement convenir aux rituels du livre. Jean-Mi se laissera-t-il mener sans réagir, au risque d'être englouti par cette mante religieuse ? Voilà que la riposte s'opère... et ce n'est pas pour faire dans la dentelle.



6. L'AFFAIRE DU CRIOLLO

Avril 1924. Chaque jour, une meurtre supplémentaire dans la chocolaterie de Justin. Au fond de la gorge, un grain torréfié portant chaque fois une lettre différente. La police locale peine à enquêter, on ne saurait penser à tout. On fait appel aux gens de la Capitale. Si vous aimiez jusqu'à lors le chocolat, vous risquez de passer aux bonbons.
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Pheromones

01 - CRAC, BOUM, HUE !

Quand Bruno vient au monde muni d'un braquemart hors-norme, c'est toute la famille qui s'émeut. Comment peut se passer la naïve période de l'enfance avec pareil engin entre les cuisses ?



02 - JÉSUS REVIENT

Marie-Philomène a le sang bouillonnant dans toutes les parties de son corps. Alors quand son mari Hyacinthe s'enivre à l'occasion, elle se fait une raison : ça lui permettra plus de parties de jambes en l'air avec Léon. Mais quand Léon casse malencontreusement sa pipe, son corps crie famine. Elle s'en retourne vers son mari soûlard. Piètre condition pour les gens de peu, celui-ci passe aussi l'arme à gauche. C'en est assez ! Il est des signes qui ne trompent pas, le Divin l'exige, elle doit tourner sa fièvre vers la rédemption. Elle se rend alors en France, chez son amie Lucette, bigote s'il en est. Mais la libido est chose indomptable pour qui possède le feu sacré...



03 - L'AUTRE

Dans la famille, y'a mon frère et ma sœur, et pis y'a Antoine, le p'tit dernier, le seul à recevoir l'affection de maman. Nous aussi, les bisous, on n'aurait rien contre, mais y'a que mamie qui nous en concède en douce. Tout me semble étrange, je ne sais pas comment le dire, mais je le sens en moi, comme une intime conviction, il y a des secrets qu'on me cache.



04 - L'IMPOSTURE

Difficile de séduire, d'être heureuse, épanouie, quand une particularité physique n'échappe à personne. S'en accommoder révèle une force intarissable. Certaines vies sont des défis.



05 - LES BRUYÈRES

Quand Patricia et Jean-Claude décident de placer Gilberte Barillé en maison de retraite, ça coince. C'est pourtant bien Les Bruyères, c'est calme, et puis, c'est calme. Ah, ça, pour être calme... pis y'a la salle commune où tous les vieux bullent et reniflent en attendant le mot de la fin. Mais qui a cru que Gilberte allait tolérer ça sans broncher ?



06 - REGARDE-MOI !

Un couple en berne après un triste épisode, et la vie tourne à l'aigre. Elle rêve de chairs collées, lui de tranquillité. Alors quand l'art de l'effeuillage s'en mêle, les cartes sont rebattues. De la déliquescence d'un couple émane parfois de la renaissance d'une femme.



07 - LE DERNIER ÉTÉ

Mais qu'a donc maman à m'acheter des glaces, m'appeler "mon" Jeannot et insister autant pour que j'aille pêcher ? A croire qu'elle aime le poisson plus que je ne me l'imaginais. A moins qu'elle aussi aime pêcher, mais pourquoi ne pas m'accompagner alors ? Que les femmes sont compliquées...



08 - IN UTERO

Un léger sentiment de solitude, Suzanne ? Et si Marc comblait tout ça ? C'est que l'horloge biologique tourne tout de même, et qu'une femme sans enfant, même aujourd'hui, même à Paris, c'est un drôle de signal. Alors elle s'y met, Suzanne, pas tout à fait convaincue que la maternité lui manque, mais que voulez-vous, ainsi va la vie.



09 - PLACE 57

La quarantaine tout juste sonnée, célib' et carrière au point mort, Violette s'en va retrouver sur un coup de tête, Marie-Laure retrouvée sur "Copains d'avant" pour y faire un bilan de milieu de vie. Mais le trajet jusqu'à Nantes desserre parfois autant Angers que les cuisses des utilisatrices de la SNCF.



10 - JOYEUX NOËL

Maurice est un fanatique des éclairages de Noël en extérieur. C'est une philosophie de vie, un viatique, il règne sur la ville, les journaux s'en font l'écho. Mais il n'est plus tout jeune, Maurice, pis bedonnant, essoufflé, surement cardiaque, pas très en forme pour tout dire, si bien que c'est Paulette qui s'y colle, à grimper en haut du sapin, sur un escabeau, tous les jours, parce qu'on vous l'a dit, le Maurice, il rigole pas avec Noël ni avec sa femme, faut que tout soit parfait et que ça file droit à la maison ! Mais le jour où Paulette se rebelle enfin, on n'est pas loin du drame.



11 - L'EMBÛCHE

Clarisse n'aime pas réellement la bûche de Noël, non, mais elle aime par-dessus tout briller en société, surtout quand elle peut écraser la petite province arriérée. C'est qu'à la Capitale, on a tout mieux. Elle s'est vantée publiquement d'avoir déniché la meilleure pâtisserie pour ça. Mais quand il s'agit de faire la queue dans le froid de décembre un 23 sur un trottoir bondé, la voilà qui commence à regretter son inclinaison à toujours vouloir épater la galerie avec son parisianisme.
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Du monde au balcon

Une fois n'est pas coutume, parlons chiffons ! De ceux qui sèchent au gré du vent. De ceux qui s'affichent, timides ou arrogants, aux yeux des badauds. De ceux qui attendent qu'on leur fasse un sort, jusqu'à l'usure. De ceux qui renferment des secrets qu'il est tentant de fantasmer. C'est tout l'enjeu de ce livre d'art, impudique mais précautionneux, qui émoustille le regard et révèle ses destins, à travers nos vêtures sur un fil étendues.



Certaines photographies s'accompagnent de textes, d'autres sont laissées à leur langage. Libre à chacun d'y folâtrer. Nulle règle sinon la flânerie. En pique-assiette de la vadrouille, l'on chipe par-ci par-là une bouffée d'Afrique, une once d'Asie, un soupçon d'Europe. Car entrouvrir ce livre, c'est se frotter à notre humanité, bourlinguer différemment, l'oeil aiguisé et curieux des autres. Toujours intime, la thématique inattendue de l'étendage s'avère tour à tour insolite, poétique, politique ou féministe, un remarquable point de vue chargé de symboles.



Plaisir supplémentaire, si les instantanés de Diane Chesnel, Danielle Dupré et Véronique Laurolillo ouvrent une porte, les textes nous mettent en situation. L'on se demande, qui - des clichés ou des textes - sont les réelles photographies de ce recueil, tant les mots de Marie-Line Musset témoignent de parfums, d'ambiances, de sensations, nous laissent diverses impressions, entre découverte et nostalgie. 80 pages de voyage, 80 pages de curiosités, 80 pages de vie, pour qui aime se mettre définitivement dans de beaux draps !
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Pheromones

J’ai retrouvé dans ce recueil une certaine cohérence autour des thèmes, et je dois avouer que le titre est bien choisi. Il est surtout question de deux sortes d’instinct dans le livre : la chimie amoureuse (ou du moins sensuelle) et la relation mère-enfant. Ces deux sujets centraux sont exploités sous diverses facettes à travers les 11 récits qui composent le volume. Mais le plus souvent, c’est l’aspect dysfonctionnel de la relation qui est abordé. Pourquoi le désir n’est-il pas toujours réciproque ? Comment une mère peut-elle ne pas aimer son enfant ? Toutes les femmes doivent-elles apprécier d’être enceintes ? J’ai apprécié que l’auteur se confronte à des situations délicates, et à des personnages souvent en souffrance.



C’est ce que j’aime généralement dans les nouvelles : un ton doux-amer, et des situations clés dans la vie des personnages, qu’elles soient positives ou négatives. J’ai retrouvé ici dans les trajectoires des protagonistes souvent cabossés (parfois au sens propre !) ce mélange des tonalités qui me séduit particulièrement. Comme un marionnettiste, l’auteur promène ses personnages dans le monde en leur réservant des surprises, des retournements de situation, des révélations… et pour le lecteur, c’est réjouissant !



Pour moi, ce recueil s’inscrit dans une veine assez sombre, mais avec des moments de légèreté, de soulagement ou de sourire (parfois ironique), un peu comme Macadam ou Dernier avis avant démolition. Avec en plus le côté romantico-érotique lié au thème des phéromones, bien sûr, qui devrait plaire aux amateurs du genre en vogue.



Plus sur le blog :
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Pheromones

Avec Phéromones, Marie‑Line Musset signe brillamment un ensemble de onze nouvelles : du cadeau d’anniversaire sexy que Samantha prépare pour Hugo – avant de finalement lui rendre sa liberté – à la belle vitalité d’une Marie‑Philomène plus sensible à la saveur des jouissances terrestres qu’aux réjouissances officielles sur fond de messe, en passant par le bel inconnu du train au doigté affolant, il est question de parfums et d’attirances immédiates, mais aussi d’amours ratées entre mère et enfant : des rendez‑vous trop prévisibles se font impossibles tandis que surgissent l’improviste et l’inattendu, notamment incarnés par cet ancien flirt devenu SDF, rattrapé au détour d’une place de la Madeleine noire de monde, à la veille de Noël. D’improbables chemins de traverse sont mis en lumière, éclipsant les voies toutes tracées dénuées de charme, pour réinventer le cours des choses. Une spontanéité trop longtemps mise sous boisseau affleure et soudain, surgit sous un quotidien inodore et sans saveur qu’elle vient réenchanter à point nommé : ce sont des histoires de peau, d’odeurs, d’instinct. Le langage coloré, plein d’esprit et à la fois d’une grande sensualité de Marie‑Line Musset en dit long, par le biais d’un style aussi ciselé qu’efficace. Ancrés dans le réel par la vertu d’une myriade de détails satiriques, ces moments de vie mis bout à bout forment une chronique décapante de la modernité. La fresque qui en résulte écorche savamment, pour mieux l’assassiner en douceur, la représentation d’une réalité uniforme qui nous est imposée et dont la banalité n’exclut pas, de notre part, un recul – dans tous les sens du terme –. Échappant à la duperie généralisée, au morne consensus qui nous sert parfois d’existence ou de prétexte, l’irrévérence de ce recueil ne peut que faire sourire, voire rire aux éclats tant elle sonne juste. En voici deux extraits dont on appréciera sans doute la saveur : « Ce train desservira les gares entre Le Mans et Angers. « Desservira », c’est moche ce mot, ça connote négatif » ; enfin, une femme enceinte constate avec un effroi non dénué d’humour que « les bonnets D de son nouveau soutien‑gorge ressemblaient aux parachutes restés accrochés au clocher de Sainte‑Mère‑Église peu avant le Débarquement. »
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La Férocité de l'accessoire

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Old Fashioned

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