Reste la question suivante: comment Marie-Luise Scherer est-elle parvenue à une connaissance aussi intime et exhaustive de cet univers ? Je pense qu'elle s'y est prise à la manière d'un naturaliste et explorateur. Il est certes évident qu'une telle connaissance est le fruit d'u vaste chantier de recherches, d'une fouille intensive, rendus possibles à l'époque par Le Spiegel, le magazine pour lequel Scherer écrivait ses reportages littéraires hors normes. Qu'est-ce qui, dans cette entreprise de longue haleine, a bien pu l'aiguillonner, la motiver ? C'est sa curiosité pour la VIE, adossée à une insatiable soif de savoir. Et, dans ce cas précis, intervient aussi une profonde compassion pour les chiens. (préf. Paul Nizon, p.11)
Pour chacun des trente box en béton, de la taille d'un homme, un enclos adjacent avait été aménagé. Les chemins bordant les box étaient ratissés. Des roses liseraient les deux extrémités de la colonie canine dont les allées se signalaient à leur entrée par des arbustes ornementaux. L'économie rigoureuse de cette plantation n'entrait pas en contradiction avec la sobriété du terrain où se trouvaient les casernes. Nul apaisement n'émanait de cette verdure, comparable en ceci aux fuseaux alertes des genévriers nains dans un jardin d'hôpital.
Greif et Sultan étaient selon lui plus vifs encore que Nero. Mais ils ne mordaient que sur ordre, tandis que Nero passait systématiquement à l'attaque si on ne l'en empêchait pas de façon explicite. Avec de tels compagnons, l'arme à feu devenait superflue. Au cours de ses trente années de service, Moldt n'eut pas à dégainer une seule fois.
…dehors, devant le marchepied, comme si elle avait deviné où son wagon allait s’arrêter, se tenait…