Je vous ai mise dans une case avec de l’amour.
C’est Monsieur A. qui parle ainsi.
Monsieur A., lors d’un premier séjour en prison pour meurtre, a dévoré le foie de son compagnon de cellule.
-Par erreur :
Il pensait que c’était le cœur.
N’imaginons pas une scène d’anthropophagie faite de bruit et de fureur :
Ce foie, il l’a délicatement prélevé et l’a cuisiné avec des carottes.
Passer une demi-heure avec Monsieur A. permet de revaloriser ses propres marasmes intimes.
Il reprend : Vous, je ne vous mangerai pas.
Merci.
Parce que vous êtes dans ma boîte avec l’amour.
Alors vous ne mangez pas ceux que vous aimez ?
Non. Je mange ceux que je hais pour pouvoir les chier.
Je les considère comme de la merde, j’en fais de la vraie merde.
Je transforme l’abstrait en concret.
Monsieur A. est mon énigme.
Je te mange. Je te dévore. Je fais entrer ta chair dans ma bouche et offre la mienne à ton palais.
Dents, langue et lèvres voraces dans des phénomènes de succion, aspiration, mordillements qui
dérivent parfois en morsures franches, l’amour est un repas.
Mais manger l’autre par mépris, tordre le cou à toutes les théories anthropologistes qui nous
apprennent qu’éventuellement on mange l’autre par admiration, pour absorber sa puissance ou son
courage, ça je n’y avais jamais pensé.
Délicieuse Marie Neuser