Parler tout seul, ne plus avoir de confident, de guide de conscience, ne pas vouloir être casse-pieds, ne pas vouloir déranger les autres..., tels sont les thèmes récurrents de ceux qui vivent au jour le jour le décès ou la séparation d'un proche. Conscients du poids de l'absence, ils se méfient des confidences irrecevables; lourds de ce poids, ils renoncent alors à s'appuyer sur les autres, autant pour ne pas blesser que pour ne pas être blessés. (p.106)
Nous écoutons l'épopée des voyageurs solitaires depuis le bruit habituel du monde. Leur héroïsme nous fascine. Et ils nous semblent vivre à notre place ce que nous ne voulons pas, comme s'ils portaient, en cette démarche extrême, la solitude qui est en nous et la mettaient en scène. (...)
Les épopées qu'ils nous racontent servent peut-être parfois de palliatif à nos peurs. Mais elles ressemblent si peu à notre quotidien, hanté par le danger de perte. (p.29)