Quand elle le vit enfin arriver, elle fut surprise. Il ne ressemblait pas à l'homme qu'elle voyait dans les journaux, froid et lisse. Il se dégageait de lui une telle aura, un tel charisme. Il était juste un peu plus grand qu'elle, pas très beau et semblait avoir vieilli avant l'heure. Il portait un pantalon de costume gris et une chemise sur un pull bleu : un mélange de classe et de décontraction. Il avait des yeux d'un bleu profond, dans lesquels elle avait simplement envie de se perdre. Il incarnait la douceur, la classe, l'irrévérence. Sous ses airs de certitudes, Léa discernait le petit garçon timide qu'il avait été. Au-delà de son apparence, elle avait l'impression de pouvoir lire son âme. elle lui reconnut un petit bout de charme qui la fit fondre.
Quand avait-elle cessé d’être une jeune femme comme les autres ? D’où lui venait cette inaptitude à la vie ? Ou plutôt cette nécessité du trop-plein de vie ? Cette frénésie de l’exception, cette boulimie de la tachycardie, cette addiction à l’absolu.
Ses livres étaient pour elle une bouffée d’oxygène, un repère, une fenêtre nécessaire vers ceux de son espèce"). Entre les deux, le courant passe immédiatement : "Léa avait reconnu Pierre comme un de son espèce.
Au milieu de la foule, elle chérissait le secret qu’elle portait. Elle avait l’impression d’être devenue une ombre, un fantôme. Pas quelque chose d’effrayant et d’étrange, plutôt une âme drapée de soie.