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Citation de Cielvariable


Nate avait dit qu’il le retrouverait après le déjeuner, mais il s’y rendit finalement dès qu’il fut debout. Il était onze heures passées lorsqu’il arriva et Cody s’y trouvait déjà, avec un paquet à moitié vide entre ses doigts.

— Le vent souffle toujours, émit Nate en s’asseyant.

— Bienvenue dans le Wyoming.

Il ne regarda même pas dans sa direction. C’était un tout nouveau jour et il eut l’impression de recommencer depuis le début avec lui. La complicité qu’ils avaient pu partager la veille avait disparu dans la nuit.

— J’ai entendu que c’était plutôt pas mal dans le nord de l’état, essaya-t-il pour lancer la conversation.

Il soupira en réponse et fit tomber une cigarette au creux de sa paume.

— J’en ai entendu parler moi aussi, mais j’en sais rien.

Il fourra le reste du paquet dans la poche de sa veste et l’échangea contre un briquet. Nate attendit pendant qu’il se détournait pour l’allumer, sa main formant un mince rempart contre le vent.

— Ça fait combien de temps que tu vis ici ?

Cody exhala une longue bouffée de fumée, son autre main se resserrant autour du briquet.

— Toute ma putain de vie.

— Eh bien, tu seras diplômé cette année non ? Tu pourras partir ensuite, peut-être aller en fac…

— Ah, ouais, c’est vrai, la fac.

Cody secoua la tête et se pencha pour s’accouder à ses genoux. Nate n’était pas sûr de ce qu’il entendait par là, s’il sous-entendait qu’il n’avait pas de bonnes notes, ou…

— On ne part pas de cette ville. Je t’ai dit que c’était le trou noir de la civilisation, et je le pense. On peut pas s’en échapper. Tu nais ici, tu fous une nana en cloque, puis t’y crèves. C’est comme ça que ça se passe.

— Euh… Nate ne savait pas du tout comment prendre cette vision si joyeuse des choses. Tu prévois de mettre quelqu’un en cloque ?

Cody émit un rire dépourvu de toute joie et contempla sa cigarette se consumer entre ses doigts.

— Je suis presque sûr que personne ne prévoit ça. Ça change rien tu me diras. Faut du fric pour partir et le temps de le rassembler, c’est déjà trop tard.

— J’en ai rien à foutre de ce que tu dis, je me casse, aussi vite que je pourrais. Je fais mes valises la veille de la cérémonie de fin d’études et je me barre cinq minutes après qu’ils ont collé ce diplôme dans ma main.

— Pour aller où ?

— Chez moi, je suppose, pour l’été du moins, puis je déménagerai à Chicago.
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