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Citation de sonatem


Marie Uguay
Poétique de l’hiver
     
II
solitude
les racines engendrent
l’eau et la plaine
     
tout se déverse
dans le blanc
où la nuit se fend
et devient une chute
     
D'abord nommer la longue marche que pose l'hiver à l'intérieur de l'année, cet aspect inabordable qu'il étale comme si le silence soudainement avait pris forme, s'était incarné dans le blanc, dans le rayonnement subtil de la neige.
     
Puissante pénétration de l'hiver jusqu'à l'intérieur de nous, il nous semble devenir ce dépouillement des formes, ce profond retirement de la vie jusque sous le sol. Un secret réside dans le blanc, un puissant appel; l'absence n'est qu'un temps.
     
Le froid délimite notre espace, nous devenons ce regard qui contemple dans la gerçure des vents. L'hiver est cet épanchement subtil et continu de la lumière qui élargit l'horizon, métamorphose toutes choses familières. Les pierres fendues des nuits, le scintillement de certains matins, l’appesantissement bleu du soir, quelques beautés chaque heure changeantes, ont rendu l'hiver solitaire, nous ont fait baisser la voix malgré nous, comme pour des confidences. (...)
     
I
intimes sollicitudes
scissions végétales des givres
aux amples vibrations des arbres
au travers l’écorce se voyait
les rivières embâclées
     
III
stries ardentes du froid
aux descentes des jours
     
le fleuve allonge la rive
repose la marche
étend sa fine gerçure
dans un contemplement séculier
     
IV
de longues distances
dans l’engourdissement des heures
ont créé ce subtil effarement
de l’espace
ont élargit notre œil jusqu’aux
douceurs du silence
     
VII
barres enneigées
des aubes
     
secret gercé du regard
enflammement des bois
demeure de la pierre
     
IX
tout s’étale dans le blanc
et s’intensifie
nous songeons longtemps
dans les beautés délimitées
de nos attachements-obstination-
l’hiver nous retire
vers la mémoire
     
VIII
tout repose
dans le plein songe
âpres démarcations
des paysages
nous allons
aux solitudes quotidiennes
de nos proches départs
intérieurs
     
     
Texte de Marie Uguay accompagné des Photographies de Stephan Kovacs.
Revue Vie des Arts volume 21, no 85, Hiver 1976, 1977, p. 12-15.
https://id.erudit.org/iderudit/54946ac
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