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Citation de Izapi


Un jour, le petit-fils de Tönle, au retour de l'école, courut au bois de Hano pour raconter à son grand-père que le poète Gabriele d'Annunzio, devenu "le commandant", comme avait expliqué Mr Müller, le directeur, avait volé avec les mêmes avions jusqu'au dessus de la ville de Trente, et là, il avait jeté au dessus des immeubles un message et le drapeau italien. A l'écoute de ce récit, Tönle secouait la tête et tirait très fort sur sa pipe : il avait vu ces gros oiseaux voler bruyamment au dessus de l'Ass, c'était la première fois, et chez lui à l'étonnement se mêlait le dépit : ça restait des trouvailles diaboliques pour faire la guerre et qui sait combien de lires ça coutait et combien de kilos de polenta on aurait pu acheter pour que les gens aient de quoi manger ; ou encore combien de brebis. Et comme "pour eux" il y avait des frontières à quoi servaient-elles si avec les avions ils pouvaient passer par dessus ? Et s'il n'y avait pas de frontières dans l'air, pourquoi est-ce qu'il devait y en avoir sur terre ? Et par ce "pour eux" il entendait tous ceux qui estimaient que les frontières étaient quelque chose de concret ou de sacré ; mais pour lui et les gens comme lui - ils n'étaient pas si peu que ça, comme on pourrait le croire, mais bien la majorité des hommes - les frontières n'avaient jamais existé si ce n'est sous la forme d'un douanier à soudoyer ou de gendarmes à éviter. En somme, si l'air était libre, si l'eau était libre, la terre aussi devait l'être.
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